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Présidentielle 2022 : Lutte Ouvrière croit dur comme fer à la réussite d’un soulèvement des travailleurs
Par Laura Campisano • Publié le 28/03/22
Ce n’était pas un grand meeting pourtant les idées fortes étaient au rendez-vous : pour soutenir la candidature de Nathalie Arthaud, une petite trentaine de personnes s’étaient donné rendez-vous salle René-Rey, à Chambéry. De grandes affiches, une table de presse, quelques « quatre feuilles » pour résumer le programme de leur candidate, et des chaises disposées en cercle, où tout le monde pouvait exprimer ses impressions sur la lettre d’intention lue par l’un de leurs camarades. Beaucoup de points de convergence avec un autre candidat anti-capitaliste, à cette différence que Lutte ouvrière n’œuvre que pour les travailleurs, d’où qu’ils viennent.
Ils ont fait simple et efficace, une réunion publique loin des grandes scènes et des micros, sans chichis ni service de presse, mais eux, leurs idées et leur envie de faire entendre la voix des travailleurs qui sont durement touchés depuis plusieurs années, et risquent de l’être encore davantage dans les mois qui viennent. Pouvoir d’achat, durée de temps de travail, âge de départ à la retraite, pénibilité, et à présent conflit européen auquel la France n’a pour l’heure pas pris part ; bref, les travailleurs sont nombreux mais ne semblent pas être pris en considération par les autres candidats, selon LO, puisqu’aucun d’entre eux ne songe réellement à faire barrage au capitalisme qui sévit aujourd’hui. Pour contrer cela, la lutte s’impose.
« Ma candidature est un appel au combat »
Aucune méprise n’est possible : Nathalie Arthaud n’est pas candidate pour faire de la figuration, elle ne se lance pas dans l’arène par opportunisme, mais parce qu’elle porte un projet pour les travailleurs. « Ma candidature est appel au combat : il n’y aura pas d’avancée significative pour le monde du travail, ni pour la société dans son ensemble sans s’attaquer aux financiers, au grand patronat, à la bourgeoisie… C’est une question de rapport de force, de grèves, d’affrontements sociaux. Voter pour ma candidature, c’est affirmer qu’on ne se résigne pas à un ordre social qui engendre l’inflation, le chômage, les menaces climatiques et la guerre. C’est affirmer qu’il faut se préparer à le renverser ! » Pas de suspens donc, Nathalie Arthaud, comme Arlette Laguillier avant elle, ne plaisantent pas avec le sort de ceux et celles qui font fonctionner le pays, ceux pour lesquelles l’une comme l’autre se battent sans relâche et obtiennent leurs parrainages sans coup férir, afin de les représenter à l’élection la plus représentative de la Ve République : les travailleurs.C’est donc pour eux que le programme est construit, augmentation générale et massive des salaires à 2 000 euros net avec indexation des revenus des travailleurs sur l’augmentation des prix, zéro chômeur grâce à la répartition du travail entre tous, sans baisse de salaires, contrôle par les travailleurs des comptes des entreprises, des capitalistes et des politiciens à leur service… Forcément, en face de la précarité se dressent des chiffres plus qu’éloquents, repris par tous : 137 milliards d’euros de profits réalisés en 2021 par les seules entreprises du CAC 40, soit potentiellement 3,4 millions d’emplois payés 2 000 euros net, cotisations comprises. Vu comme ça, ça calme. Mais il ne s’agit pourtant pas de la seule à pointer du doigt l’injustice de ces fortunes détenues par quelques-uns alors que d’autres doivent se serrer la ceinture : à écouter François Ruffin, Cyril Dion, Philippe Poutou, entre autres, il semble que cette situation soit révoltante pour beaucoup. Alors quelle différence ferait Nathalie Arthaud ? « Elle est pour le camp des travailleurs, de tous les travailleurs, quelle que soit leur origine, leur provenance », précise Marie Ducret, « elle ne fait pas de distinction, et elle se revendique comme étant communiste également, elle ne veut pas du pouvoir pour elle seule, elle veut le partager avec les travailleurs pour bâtir une société plus juste, tous ensemble. Nous, on veut tout leur prendre, aux capitalistes, à la différence avec le NPA, par exemple. » On ne peut reprocher aux militants LO une quelconque insincérité : la lutte, non seulement ils y croient, mais ils s’y préparent, parce qu’à leurs yeux, c’est la seule issue possible à ce marasme économique, financier et humain.
L’espoir d’un soulèvement collectif
Dans cette petite salle de la rue Nicolas-Parent, c’est véritablement d’un soulèvement collectif que l’on se prenait à espérer. Un curieux ou deux, venu voir de quoi parlait cette réunion publique a timidement tenté de dire que peut-être cette réponse n’était pas adaptée. Mais les militants LO sont convaincants, « aucune avancée n’a eu lieu sans lutte, aucune réussite ne s’est produite sans soulèvement, et là c’est nécessaire » exprimaient-ils unanimement. Pour cela, il faut un parti telle une boussole, un point d’ancrage, pour s’organiser contre l’Etat et faire entendre la voix des travailleurs. « Il faut appeler le camp des travailleurs à se mobiliser car pendant que le patronat empoche, pour les salariés dans les usines c’est l’accélération des cadences, la retraite à 65 ans, empêchant ceux qui ont travaillé toute leur vie de se reposer et d’être bien. » disait l’une, « le » quoi qu’il en coûte «, on l’a vu pendant le Covid, et aujourd’hui, ils osent proposer des miettes aux travailleurs » renchérissait un autre des militants. « Nous avons la volonté de nous attaquer aux marges des classes riches, d’exproprier les capitalistes du pouvoir, de leur arracher pour lutter contre l’inflation. » Pas de recul, pas de craintes, « Même si notre vision est minoritaire ou à contre-courant, c’est une perspective vitale », reprenait Marie Ducret, « il faut que les travailleurs prennent conscience de la nécessité de ne pas reculer. Eux seuls ont la capacité collective de voter pour leur camp. Nous devons gagner notre vie sans exploiter personne. » Objectif d’un parti révolutionnaire comme le souhaitent les militants, se débarrasser des gens au pouvoir, pour une seule issue l’Internationale des travailleurs. Leur crainte, le repli vers les idées nationalistes, véhiculées par les candidats d’extrême-droite, « qui surfent sur le désespoir de classes parfois populaires », et qui pourraient causer une réaction opposant les travailleurs, « on se demande comment les gens vont réagir, s’ils vont s’attaquer aux puissants ou à leurs frères de misère ». A la question « pourquoi vouloir faire ça par la violence ? », Lutte Ouvrière répond que « les grands patrons s’imposent, avancent, n’attendent rien, ils se servent, ils exploitent. Le capitalisme nous pousse à la concurrence entre nous ! Beaucoup de gens s’entraident, d’associations qui œuvrent, si on mettait un dixième de cette énergie à construire la conscience collective…il faut un déclic, un événement, quelque chose va en sortir. » expliquait l’un des participants, mercredi soir. En effet, c’est souvent une étincelle qui crée les plus grands soulèvements, Mai 68, le printemps arabe, « quand tu ne vas pas au bout du mouvement, c’est là que c’est un problème, c’est une source d’espoir on doit apprendre du passé. » ajoutait un autre. Cette révolution des travailleurs contre le patronat, le renversement du pouvoir, tous pensent que cela est possible et « qu’on pourrait l’organiser sans problème avec tous les outils dont on dispose dans cette société ». Une société de travailleurs sans patrons ? Le parti communiste semblait penser que cette société était possible, « qu’à partir de petites révolutions à petite échelle qui montrent que c’est possible, on peut imaginer ce que ce serait à grande échelle. » En somme, mener une lutte des classes, une vraie de vraie, en être conscient, s’y préparer, pour créer une République de travailleurs. « Il faut déjà s’armer dans sa tête », concluait Marie Ducruet, « en parler autour de nous, tout le monde a sa place dans notre modèle de société, s’il y contribue. Quand on n’a pas le choix, on se bat, il y aura sans doute des combats difficiles, mais ces gens-là sont faibles. La campagne électorale repose sur nous et même s’il peut paraître dérisoire de voter dans une période que l’on juge sombre, il ne faut pas oublier qu’elle peut l’être encore plus. » En fin de réunion, alors que tous rangent leurs chaises, le visage soucieux après les échanges soutenus, retour au militantisme, au pragmatisme : on ne repart pas les mains vides, on s’active, la campagne se poursuit et chaque voix compte. Bientôt, Nathalie Arthaud montra sur la scène du Zénith de Paris, le 3 avril prochain, à une semaine du premier tour.
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