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Savoie : vos habitudes de déplacements passées au crible pour faire évoluer les politiques en matière de mobilités

Par Jérôme Bois • Publié le 03/03/22

Mardi 1er mars a débuté une grande enquête, la première du genre depuis 17 ans, visant à connaître, comprendre les déplacements des habitants de Métropole Savoie et de l’avant-pays savoyard. Tout cela pour, in fine, faire évoluer les politiques publiques en matière de mobilités. Face à l’augmentation de la population, à la pression foncière, dans un territoire contraint et surtout, alors que nous sommes au bord du précipice sur le plan climatique, les habitudes doivent évoluer mais pour ce faire, il faut d’abord les cerner. 

Ne frappez pas, si une personne se présente chez vous pour vous faire répondre à une enquête sur vos habitudes de déplacement, elle est là pour ça et n’a rien à vendre. Faites preuve de patience si le téléphone sonne et qu’une personne souhaite vous interroger sur ces mêmes problématiques. Dans les deux cas, vous aurez probablement été prévenus en amont, cet automne et plus récemment, à l’orée du lancement de cette grande enquête qui va cibler 4 520 habitants. Soyez courtois, soyez patients car statistiquement, le taux de refus en face-à-face est de 20% mais s’élève à 80% par téléphone. « Il s’agit d’une enquête d’utilité publique » , a martelé Pierre-Frédéric Bonnet, directeur du pôle mobilités déplacements pour Test SAS, entreprise en charge de cette enquête.

Une enquête retardée du fait de la 5e vague de Covid

Depuis le 1er mars, les démarches ont débuté pour ces habitants d’un secteur de 1 500 km², de 280 000 âmes (soit 62% de la population savoyarde), où s’opèrent chaque jour près d’1,5 million de déplacements.

De la cluse de Chambéry au lac du Bourget, de l’avant-pays savoyard à Coeur de Savoie, cette enquête vise toutes les mobilités.

Depuis 2005, jamais une enquête d’une telle envergure portant sur les mobilités n’avait été effectuée. Avec l’explosion démographique conjuguée à la pression des territoires voisins (Annecy, le Genevois et Grenoble, pour le sud de Métropole Savoie) et à l’urgence climatique, les politiques publiques doivent s’adapter. L’évolution des comportements, les pratiques, les besoins, voici ce que vise cette enquête qui s’étale du 1er mars au 7 mai. « Nous avons besoin que les gens s’expriment afin que nous puissions les rassurer » , expliquait en préambule Jean-Claude Montblanc, président du syndicat mixte Métropole Savoie, en charge de l’organisation territoriale (économie, social, logements…) d’un espace regroupant Grand Lac, Grand Chambéry et Cœur de Savoie. Les choses ont changé, depuis 2007, lorsque les résultats de la précédente enquête, lancée en 2005, avaient été révélés, « on note une sensibilité accrue des citoyens pour la cause environnementale » , reconnaissait Xavier Aerts, directeur de la Direction départementale des territoires (DDT), « c’était le bon moment, une fois passée la 5e vague de Covid, pour en lancer une nouvelle alors qu’aujourd’hui, 2 déplacements sur 3 se font en voiture ». Cette enquête, retardée du fait de la crise sanitaire, est le fruit d’une volonté commune entre la Région, l’Etat, via la DDT, les EPCI (Grand Lac, Grand Chambéry, Cœur de Savoie et le syndicat mixte de l’avant-pays savoyard), le département et la Cerema, chacun ayant une part dans les différentes parts modales sur le secteur cible. Ainsi, la Région, dont les mobilités couvrent 40% du budget total, s’est-elle lancée plusieurs défis, au premier rang desquels la décarbonation des transports, tandis que le département, dont les compétences en la matière se sont amoindries, est concernée par ses voiries, « un enjeu de demain » , signalait Florian Maitre, conseiller départemental et vice-président à Grand Lac en charge des mobilités. Philippe Gamen, président de Grand Chambéry, se disait « impatient » d’avoir les données en main, « nous voulons délivrer du service public et ce n’est pas de l’intuition qu’il nous faut mais du factuel, du concret ».

La voiture, alliée des usagers, déjà en 2007

En 2007, les éléments récoltés ont démontré que près de 70% des déplacements s’effectuaient en voiture (66% en territoire urbain, 73% en rural), et que les transports collectifs urbains et non urbains n’étaient que trop peu utilisés, parce que, sans doute, trop peu développés. En secteur rural, les usagers parcouraient en moyenne 29 km contre 18 en milieu urbain. Enfin, le temps consacré aux déplacements variait d’une heure jusqu’à 75 mn sur Grand Chambéry. La voiture était (déjà) l’alliée des usagers, une donne qu’il faut modifier, en combattant notamment l’auto-solisme.

Autour de Jean-Claude Montblanc, président de Métropole Savoie, les élus des territoires concernés lors de la présentation officielle de l’enquête le 3 mars.

Dans l’avant-pays savoyard, Guy Dumollard, président du syndicat mixte, avait déjà constaté « une nette augmentation du trafic » , aidée en cela par la labellisation du pays du lac d’Aiguebelette, qui sature en été, et par les autoroutes bondées en hiver. « Nous sommes un territoire qu’on traverse, nous ne pouvons pas chacun agir dans notre coin » , chaque territoire révélant des inquiétudes bien à lui au fil des interventions. Des solutions existent, elles sont à l’étude, on pense entre autre à ce fameux RER urbain, d’Entrelacs à Montmélian, dont les études ont enfin été lancées, signe que le projet est désormais sur les rails, c’est le cas de le dire. Ce RER sera la dorsale qui doublera la VRU, véritable piège à automobilistes depuis plusieurs mois et qui avait fait l’objet d’un vœu, émis par le conseil de Grand Chambéry le 13 juillet dernier (lire notre article du 15 juillet 2021) : celui de la voir passer à 70km/h afin de limiter les accidents, de baisser les nuisances sonores et la pollution générée par les véhicules. « L’idée est d’obtenir une cohérence pour les 10, 20, 30 prochaines années » , concluait Jean-Claude Montblanc.

Trois temps, trois mouvements

Ainsi donc, l’enquête sera constituée de trois volets : un premier qui étudiera les déplacements de la semaine, le démarchage (de 20 minutes) sera effectué du lundi au vendredi sur huit semaines (ne comprenant pas les deux semaines de vacances de printemps) auprès de 4 520 personnes (âgées de 5 ans et plus) par téléphone et en face-à-face. Ensuite, les déplacements du weekend, samedi et dimanche, sur un panel de 1 008 personnes (de 15 ans et plus) parmi l’échantillon précédent, cette étude sera intégralement téléphonique (15 minutes). Enfin, le dernier volet portera sur un questionnaire en ligne (15 minutes) qui ciblera 1 000 personnes (de 15 ans et plus). Il y sera question de télétravail, de digital, d’utilisation des divers pôles d’intermodalité (gares, parkings relais, aire de covoiturage…), la fréquentation des différents sites naturels de loisirs et la part d’achat en magasin et en e-commerce. Cette enquête EMC² (pour enquête mobilité certifiée Cerema) sera réalisée par Test SAS, société d’études de marchés et de sondages d’opinion spécialisée dans le domaine du transport, sous la supervision de Cerema, établissement public sous la tutelle du Ministère de la transition énergétique qui, lui, a déjà réalisé des enquêtes similaires sur 107 territoires depuis 1976. Elle a coûté 442 800 euros, dont le financement s’est réparti comme suit : 44,5% par Métropole Savoie, 20% par le Département, 20% par l’Etat, 10% par la Région et 5,5% par le syndicat mixte de l’avant pays savoyard. Les premiers résultats seront dévoilé en janvier 2023, les résultats consolidés seront, eux, révélés lors du 2e trimestre 2023. Pensez à ouvrir vos portes !

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