article • 2 MIN
Chambéry : le vote Macron, un choix de raison pour Thierry Repentin
Par Jérôme Bois • Publié le 04/04/22
Il a fait du Repentin. Sans citer qui que ce soit par son nom, sans mentionner le moindre parti, le maire de Chambéry a néanmoins fait passer un message, par le biais d’un communiqué diffusé dans l’après-midi du 4 avril, il n’appartient à aucun appareil et soutiendra le président Emmanuel Macron.
Des informations* laissaient entendre qu’il s’était accolé à quelques autres anciens du parti socialiste pour fonder un parti visant à peser d’un certain poids au moment de la distribution des prix, si le président-candidat venait à être réélu. Thierry Repentin n’aura ni commenté ni réfuté ces insinuations, se contentant d’écrire qu’il n’avait « pas vocation » à rejoindre une quelconque formation. Ni donc d’en créer une. C’est sa marque, il parle peu, il écrit peu. Le buzz ? La rumeur ? Pas sa tasse de thé. Alors de là à l’imaginer les commenter…
Membre « d’aucune formation politique »
Il faut dire que le nom de Thierry Repentin revenait souvent dans les écrits de ladite presse et ce depuis plusieurs semaines. Début février, des rumeurs faisaient état du ralliement d’un grand nombre de « déçus » du PS, dont le maire chambérien** (qui n’a accordé de parrainage à personne). Puis le 3 avril, ce papier du Parisien qui révélait qu’à l’initiative de François Rebsamen (avec qui Thierry Repentin aurait eu plusieurs entrevues ces dernières semaines), maire de Dijon, ancien ministre sous François Hollande, un groupe d’anciens ministres et députés du PS auraient créé la « Fédération progressiste », un parti politique dont l’objet est de peser d’un poids certain dans le gouvernement du président s’il était réélu.
Une information pas directement infirmée, donc mais écartée par l’intéressé, sans jamais la mentionner : « Je ne suis membre d’aucune formation politique et n’ai pas vocation à en rejoindre une à travers cette prise de position ». Juste après un message envoyé à son ancienne formation politique aux abois : « Je salue l’engagement et le courage politique de celle qui porte ces valeurs au nom de la famille politique dont je suis issu. Je regrette profondément qu’aucun candidat du pôle formé par la gauche et les écologistes ne soit en capacité de l’emporter. Il revient désormais à leurs formations politiques d’en tirer les conséquences pour préparer les échéances futures de manière plus unie et sur la base d’un programme qui pourra de nouveau rassembler celles et ceux qui se sentent orphelins d’un ou une leader et d’une vision crédible pour notre pays ». Notons que si Anne Hidalgo n’est pas cité nommément, le nom de Jean-Luc Mélenchon, le mieux placé à gauche, non plus, pas plus que son parti, du reste. La gauche oui, mais pas toute. Au passage, il rappellera son engagement chambérien : « Les débats et prises de position au niveau national sont exacerbés par le jeu de la campagne et paraissent trop souvent caricaturaux. Sur le terrain, ils peuvent être dépassés quand on porte un engagement sincère pour un territoire et ses habitants. Tel est ce que nous entreprenons à Chambéry – qui est et restera ma priorité comme maire – où nous mettons en œuvre une vision du territoire et un programme co-construit dans la confiance et fondé sur la transition écologique, les services publics de proximité, les solidarités et la participation citoyenne ».
Haro sur les extrêmes
Que retenir d’autre de ce communiqué ? Au-delà de la réponse – feutrée – aux rumeurs de la veille, il s’agissait pour Thierry Repentin de se déterminer. Sans surprise, ce sera Emmanuel Macron, dans ce qui s’apparente à un choix de raison, compte tenu de la menace Marine Le Pen : « Il apparaît clairement que [cette élection présidentielle] se joue entre le Président sortant et la représentante d’une extrême-droite plus que jamais proche de l’exercice du pouvoir ». Puis il accélère. « Une part conséquente des électeurs traditionnels de la gauche de gouvernement fera le choix de voter pour le Président sortant. Sans pour autant renoncer à leur idéal d’une société de liberté, de solidarité et d’ouverture sur le monde qu’il faut préserver pour les générations futures, ni se satisfaire du programme présidentiel dans son entièreté. Je rencontre de nombreux électeurs qui se reconnaissent dans ce choix qui sera également le mien – plutôt qu’une abstention qui s’annonce à un niveau bien trop élevé et de fait favorable aux candidats extrémistes ». Un choix qui ne surprendra personne tant les rumeurs d’une envie de Paris se font insistantes depuis déjà la campagne des municipales***, à commencer par Christian Saint-André, le référent savoyard d’En Marche, qui a réagi dans la matinée du 4 avril : « Il y a une forme de cohérence, pour M. Repentin, à soutenir la majorité présidentielle. Je me rappelle en effet qu’aux élections municipales de 2020, celui-ci avait déjà sollicité l’investiture de En Marche avant de le contester pour des raisons électoralistes**** ». De quoi faire bondir l’entourage du maire. Le référent ajoutera tout de même craindre pour la continuité politique de la municipalité avec ce positionnement aux antipodes de celui prôné par les citoyens : « Je crains que pour Chambéry, cette alliance de circonstance avec le Mouvement citoyen soit dorénavant impossible car il est particulièrement inconcevable pour ce mouvement, de faire alliance avec la majorité présidentielle. Par cette prise de position, Chambéry est encore plus maintenant dans l’impasse et notre ville ne mérite pas cela… » La question se posera peut-être plus tard.
* Lire l’article du Parisien du 3 avril.
** Parmi les prises de guerre espérées par l’entourage du chef de l’Etat, début février, rapportait le Parisien, étaient évoquées des figures comme Julien Dray, le sénateur André Vallini, le maire de Chambéry Thierry Repentin, la patronne des députés PS Valérie Rabault, l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine, le maire de Dijon François Rebsamen, l’ancien président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone ou encore les maires de Marseille et de Montpellier Benoît Payant et Michaël Delafosse.
*** Au cours d’un entretien que le candidat Repentin nous avait accordé, en février 2020, il avait réagi à ces rumeurs : « En voilà une de plus ! Et il y en aura d’autres. Que les Chambériens ne s’arrêtent pas aux rumeurs. Je suis parti de rien, d’un petit village, Saint-Jean-de-la-Porte. D’une famille rurale. Rien ne me prédisposait à faire cette carrière. Je sors du lycée Monge, pas d’un lycée plus prestigieux comme Vaugelas. J’ai eu la chance de rencontrer Louis Besson, à la grande capacité de travail, avec lui, nous avons fait la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU), j’ai investigué ces sujets de politique de la ville, de l’aménagement du territoire, de logement, j’ai été rapporteur du budget, plusieurs fois porte-parole de la gauche… Bien que minoritaire, j’ai toujours, et sur tous les dossiers, fait adopter des amendements. Pourquoi ? Parce que quand vous avez quelque chose de chevillé au corps, vous pouvez convaincre. Vous le voyez bien, je ne cherche pas un bâton de maréchal ».
**** Le 29 janvier 2020, alors que Christian Saint-André venait de recevoir le soutien de la REM, le comité LREM Grand Chambéry avait appelé Thierry Repentin à se rallier à lui. Ce que l’entourage de ce dernier avait qualifié d' «injonction fantaisiste » .
Tous les commentaires
1 commentaire
eleanorazachry
08/04/2022 à 15:42
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.