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Chambéry : un communiqué des élus de Chambé citoyenne fissure un peu plus une majorité déjà chancelante

Par Jérôme Bois • Publié le 06/04/22

C’est un drôle de jeu qui s’est joué dans les coursives de l’hôtel de ville de Chambéry, depuis ces deux derniers jours. Après le communiqué du 4 avril émis par le maire Thierry Repentin dans lequel il annonçait donner sa voix à Emmanuel Macron, les élus de Chambé citoyenne (mais pas seulement) composant pour moitié la majorité municipale ont répliqué : au menu, ni Macron ni l’extrême-droite. Sauf que celle-ci a généré un clash avec les autres élus, ceux qui ne se sont manifestés en aucune façon. Si la majorité voulait réveiller sa diversité d’opinions et ses failles, il suffisait d’attendre l’imminence d’une bonne élection.

Cette élection présidentielle version 2022 a le don de semer le trouble dans l’esprit de tout un chacun. Tandis qu’une médiocre campagne s’achève (enfin !), voici qu’elle révèle au grand jour certaines différences de ton, pour rester poli, chez des protagonistes appelés à la jouer collectif depuis deux ans et un jour de fin juin 2020. Majorité plurielle, selon le souhait de Thierry Repentin, de la gauche tradi à l’UDI, elle devait surtout répondre d’une seule voix aux exigences des Chambériens. C’était sans compter les miasmes divers venus ébrécher un édifice que certaines voix qualifieraient volontiers de bancal. C’était sans compter les convictions profondes de chacun. Ce 6 avril, l’édifice a plus que vacillé !
Pourtant, jusqu’ici, ça tenait. Et puis, au plus fort d’une campagne où les coups (bas) auront volé (haut), où la forme a primé sur le fond, l’heure du choix était venue. Thierry Repentin avait choisi d’abattre la carte Emmanuel Macron au lendemain de la parution d’un article faisant état de la création d’un parti, la fédération progressiste, dont il aurait été l’un des membres fondateurs, toujours selon ce papier du Parisien. Un parti bâti pour peser dans la future Macronie en cas de réélection de son membre le plus saillant. Juliette Méadel, ex-secrétaire d’Etat sous François Hollande, confirmera du reste l’existence de ce parti dans les colonnes de Marianne, mardi 5 avril, tandis que le maire chambérien, lui, réfutera à mots feutrés son rôle dans l’affaire (lire notre article du 4 avril). Son choix se portera bien sur le président en exercice, le 10 avril prochain mais non, il soutiendra n’appartenir à aucun appareil et ne compte prendre de carte d’adhésion à l’avenir. De quoi calmer les esprits échauffés par ce positionnement certes, mais surtout, le maire a donné de la matière à réagir à une bonne moitié de cette majorité.

Aurélie Le Meur et Thierry Repentin, lorsque tout était limpide…

A gauche toute !

Ainsi, mercredi 6 avril, un autre communiqué, celui des élus de Chambé citoyenne mais pas que*, nous parvint. Et il eut le mérite d’afficher sa différence. « La majorité Demain Chambéry partage de nombreux engagements, qui se reflètent dans le projet et le pacte de gouvernance que nous mettons en œuvre et faisons évoluer ensemble au quotidien. Ce projet municipal n’entraîne logiquement pas d’engagement commun sur les questions politiques nationales, pour lesquelles chaque élu municipal conserve sa liberté ». Les avis coexistent, s’entrechoquent parfois, et « à quelques jours du premier tour de l’électionprésidentielle, nous sommes plusieurs à souhaiter exprimer notre position ». Attendue et sans appel, vis-à-vis du président-candidat soutenu par le maire. « Il va de soi que nous excluons le vote pour toutes les candidatures de droite, et celles d’extrême-droite qui portent des discours de rejet et de division. Le quinquennat d’Emmanuel Macron a participé pour nous à la construction d’une société plus inégalitaire et n’a pas été à la hauteur des enjeux environnementaux, de protection des libertés et des droits sociaux. Nous sommes convaincus que c’est en portant des engagements forts sur la démocratie, le social, l’écologie et en défendant des services et politiques publiques inclusives que peuvent être combattues les extrêmes-droites et que l’on redonnera espoir à nos concitoyens ». Le communiqué poursuit ainsi : « Nous n’éludons pas la responsabilité des partis politiques dans la situation actuelle ni la nécessité urgente d’une remise en question et d’une forte évolution de notre système institutionnel etVoilà donc cette majorité positionnée, dans cette présidentielle, chacun ayant pris soin de ne rien céder sur ses valeurs et convictions profondes. Quitte à la fracturer d’une façon telle que l’on imagine bien des lendemains difficiles dans les semaines à venir…

* Les signataires de cette tribune sont Aurélie Le Meur, Martin Noblecourt, Claire Plateaux, Jean-Pierre Casazza, Sophie Bourgade, Daniel Bouchet, Lydie Matéo, Florence Bourgeois, Benjamin Louis, Micheline Myard-Dalmais, Alain Caraco, Jean Ruez, Pierre Brun, Françoise Rahard, Philippe Vuillermet, Mathieu Le Gagneux, Marie Bénévise. Des élus non affiliés au mouvement (mais au groupe de Thierry Repentin Chambéry en Commun) sont également signataires : Farid Rezzak, Julie Rambaud, Sara Rotelli et Jimmy Bâabâa.

Tous les commentaires

3 commentaires

Unknown

06/04/2022 à 15:14

L'équipe de Michel Dantin doit bien se fendre la poire devant tant d'amateurisme.

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paul

06/04/2022 à 22:48

Des élus de "gauche" (????) qui annoncent haut et fort , précipiter la FRANCE dans l'abime de l’Extrême Droite , parce que le Président actuel a "inventer" le Quoi qu'il en Coûte pendant la COVID . .. L'esprit de Munich rode dans les couloirs de la mairie ...

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Unknown

07/04/2022 à 04:17

au bout du compte , ce sont bien les chambériens qui l'ont dans l'os ...ceci dit ils l'ont voulu

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