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Présidentielle : le Parti communiste français espère des jours heureux

Par Laura Campisano • Publié le 05/04/22

Alors que le premier tour de l’élection présidentielle approche, le parti communiste français conserve l’enthousiasme de son candidat, le nordiste Fabien Roussel. Une volonté de chasser les thèmes mortifères et les idées sombres, selon lesquels la France serait un pays déclinant et à la dérive, et l’envie de regarder devant, pour améliorer le quotidien, sinon le moral des Français. En réunion publique au Scarabée, à Chambéry, une petite cinquantaine de militants entouraient Florian Penaroyas, secrétaire de la section du bassin chambérien, Eric Hours, conseiller régional PCF en AURA, ainsi que Sylviane Floret et Alain Bouvier, respectivement ancienne élue de l’Association départementale des élus communistes et républicains, et son président. 

Ambiance détendue mais consciente, précédant un « apéroussel » du nom de son candidat, entre camarades communistes, et surtout, c’est à souligner, plus de propositions que de descente en règle du président sortant. Telle était la ligne de la réunion qui s’est tenue jeudi 31 mars, sur les Hauts de Chambéry. Bien sûr, la situation électrique du pays en pleine campagne électorale, tandis que l’inflation gronde et que le pouvoir d’achat est mis à mal a été au centre des débats. Mais c’est davantage pour évoquer le projet politique de Fabien Roussel que tous s’étaient réunis, que pour s’indigner sans bouger.

Fin de la Ve République et du suffrage universel direct

Peu de candidats s’y sont risqués et pourtant, le candidat du PCF souhaite mettre fin à ce mode de scrutin datant de 1962, décidé à la suite d’un référendum par les citoyens français sous l’égide du général de Gaulle. Si l’idée de changer de république, pour revenir à un régime constitutionnel est entonné par la France Insoumise depuis 2017, la fin de l’élection au suffrage universel direct du chef de l’Etat est un pas supplémentaire. Idée chère à trois candidats de gauche – au moins – ces changements d’institution reflètent la fin du mythe de l’homme providentiel que semblait incarner Charles de Gaulle en 1958, après une grande instabilité gouvernementale sous la IVe République. L’histoire du pays étant riche d’enseignements, aujourd’hui pour les militants communistes il est temps d’écrire l’histoire de demain. Ce qu’ils souhaitent, c’est que soit accordée plus d’autonomie aux communes et aux collectivités territoriales et aux députés et sénateurs, qui seraient les électeurs du nouveau Président. « Nous voulons aussi mettre fin au dispositif de l’article 49-3 de la constitution, tout comme l’article 40 qui empêche le Parlement de faire une proposition de hausse du budget de la France », expose Florian Penaroyas, « pour nous, l’Assemblée Nationale telle qu’elle est actuellement composée n’est pas représentative de la France. » « Ce sera également la fin de l’impunité des élus, » renchérit Eric Hours, « qui s’ils sont condamnés seront jugés inéligibles. » Dans le fonctionnement étatique, viennent également les propositions de nationaliser la compagnie d’assurances Axa, de créer un pôle public de l’énergie, d’abonder une dotation spécifique pour les villes et villages pour le développement des services publics locaux, pour lesquels 500 000 postes supplémentaires seront créés. Quant aux économies, le PCF souhaite bloquer les 100 milliards d’euros d’évasion fiscale en France, selon la procédure actuellement en vigueur contre les capitaux russes. « J’agirai pour qu’aucun citoyen ni territoire ne soient oubliés par la République, » promet le candidat Roussel dans sa profession de foi. Nombreux sont ceux qui voudraient également y croire.

« Un vrai marqueur de politique de gauche »

Sur le terrain, les marchés, le tractage, les boîtes aux lettres, militants et encadrants reçoivent « un très bon accueil, bien meilleur qu’avant même si on ne nous a jamais jeté de cailloux » sourit Eric Hours, « la proximité c’est notre mot d’ordre. »  Il faut dire que Fabien Roussel est un des candidats communistes les plus « bankable », comme on dit dans le jargon : 15 ans après Marie-Georges Buffet, dernière candidate PCF à l’élection présidentielle française, voilà un candidat qui a le mérite de faire parler des idées communistes. « Ça fait du bien d’avoir un candidat communiste qui porte nos idées, qui remet en avant la valeur de l’intérêt général avec des propositions concrètes », sourit Eric Hours. « Redonner un sens au travail, revaloriser les salaires, mettre en place la formation permanente, placer l’âge de la retraite à 60 ans à taux plein, avec une répartition du travail juste et sans perte de salaire et surtout redonner du pouvoir d’achat aux français. » « Et aussi l’égalité salariale qui permette aux gens de vivre, les lois existent, il faut juste les appliquer ! » rebondit Sylviane Floret.Et les voilà partis dans la défense de leur projet : ici pas de place pour la critique, le programme de Fabien Roussel est suffisamment complet pour tenir sur la longueur, 180 points au total, aucun secteur n’étant laissé à l’abandon. En somme, pour les militants communistes, partis soutenir leur candidat à Villeurbanne le 3 avril, « quand on voit la situation, que les gens doivent cumuler des petits boulots pour arriver à vivre, le 10 avril, c’est un vrai choix de société que nous devons faire, » plaide Eric Hours. « Voter pour des idées, c’est voter Roussel, pour le programme que l’on propose qui est un vrai marqueur de politique de gauche », relève à son tour Florian Penaroyas, « le problème est que l’on entend parler du vote utile, et que l’électorat de gauche ne veut plus aller voter, alors il faut aller chercher les gens pour qu’ils votent, ceux que la gauche a trahi, ceux des quartiers populaires qui sont résignés. » Une chose est sûre, en cas de duo Macron/Mélenchon, c’est le candidat de la France Insoumise qui sera soutenu, sans l’ombre d’un doute. Quant à l’hypothèse Macron/Le Pen, « nous qui avons toujours fait obstacle au fascisme, nous appellerons à voter pour Emmanuel Macron. » a tranché Eric Hours.

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