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Reconquête ! 73 prêche en faveur de l’union nationale avec le Rassemblement national, Debout la France et les Républicains
Par Jérôme Bois • Publié le 28/04/22
On savait Eric Zemmour enclin, depuis son élimination au premier tour de la présidentielle, au rassemblement des droites, il a réitéré cette volonté dernièrement, prolongée jusqu’en Savoie où les partisans du « Z » ont fait part de leur intention de rallier à Reconquête ! l’ensemble des composantes de la droite large, des LR à Debout la France, en passant par le RN et en oubliant – au passage – les Patriotes. Pour le moment sans obtenir satisfaction puisque chacun a déjà avancé ses pions en prévision de juin prochain.
L’union nationale après l’union populaire ? Les droites sont-elles toutes solubles dans une improbable réunion d’opportunité à un mois et demi des législatives ? Eric Zemmour le pense et appelle à cette union* non sans avoir largement égratigné RN, LR et autres au cours de la dernière campagne présidentielle. « Il faut dépasser toutes nos querelles » , rapportait le journaliste et ex-candidat dans le Parisien du 25 avril, « l’union fait la force, et la coalition des droites que nous proposons doit faire la France ». C’était au lendemain de ce coup de griffe adressé à la candidate battue, au soir du second tour : « C’est la huitième fois que la défaite frappe le nom Le Pen. Je voyais venir cette défaite depuis des années ». Pour une tentative d’union, il aurait pu au moins y mettre les formes !
Un grand public opposé à toute alliance
Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône passé du RN à Reconquête ! avant la présidentielle et en visite en Savoie début avril, confirmait que le divorce avait laissé des traces : « Eric Zemmour est le seul à pouvoir s’opposer au modèle Macron. Marine Le Pen a déjà abandonné, elle est rentrée dans le rang. Elle est toujours aussi seule, il n’y a pas plus intolérante qu’elle ». La rupture semblait alors pleinement consommée. C’était avant le 10 avril et les fameux 7%…
Car la porte s’est soudainement rouverte. Jamais avare de revirements, le boss de Reconquête ! a récemment tweeté avec emphase qu’il ne proposerait aucun candidat sur les circonscriptions de Marine Le Pen, Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan (lire ci-après). Une belle preuve de générosité à l’endroit des trois composantes majeures de la droite. A ceci près qu’Eric Ciotti semble s’être écarté tout seul des Républicains, dont le parti ne figure déjà plus sur son profil Twitter. Cependant, cette alliance de circonstance ne serait pas si bien perçue par le grand public, un sondage CSA pour Cnews paru le 28 avril démontre que 66% des sondés s’y opposent. Pour les jeunes de 18 à 24 ans, c’est même un non catégorique (80%). Ce ne sera pas simple.
Et la Savoie dans tout cela ? « Sans la grande coalition des droites et de tous les patriotes, ces deux blocs (macronistes et mélenchonistes, NDLR) ne rencontreront aucune opposition, les patriotes ne seront pas représentés à l’Assemblée Nationale pour contrer les projets d’Emmanuel Macron ou de Jean-Luc Mélenchon ». En conséquence de quoi David Berton, coordonnateur de Reconquête ! Savoie, appelle à la « coalition ». « Dans le département de la Savoie, les scores cumulés des Républicains qui refusent le macronisme, de Debout la France, du Rassemblement National et de Reconquête! représentent 41,87% des voix. C’est-à-dire qu’avec une logique de coalition, nous pouvons nous maintenir au second tour et remporter des circonscriptions. C’est pourquoi j’appelle Brice Bernard, délégué départemental du Rassemblement National, Renaud Beretti, président de la fédération 73 des Républicains, et Vincent Thomazo, responsable départemental de Debout la France, à unir nos forces pour les législatives et à plaider cette attitude d’union nationale auprès de leurs instances dirigeantes respectives ».
Vincent Thomazo contrarié
Une attitude qui a passablement agacé le dernier nommé, déjà engagé depuis février dans la 3e circonscription de Savoie, celle allant de la Maurienne à La Ravoire. « Je n’ai pas été informé de cette demande et je pense de toute façon qu’il est un peu tard. Il y a de l’intendance, derrière la répartition des circonscriptions, sans parler de l’impression des documents… Dès le 29 avril, nos documents de campagne partent à l’imprimerie ». Averti par nos soins de cette initiative, il s’en est depuis ému sur les réseaux sociaux.
Cette demande lui évoque « la primaire de la gauche » , ironise-t-il. Sur le département comme au national, l’alliance de Debout la France avec les Patriotes est déjà entérinée de longue date, en Savoie, elle s’est jouée autour d’une égale répartition des candidatures**, il sera donc malaisé de revenir sur ces accords. « C’est peut-être de la com’, finalement » , avait conclut Vincent Thomazo, « comme pour dire » on l’a fait, on ne pourra pas nous reprocher de n’avoir rien proposé «. Mais la moindre des choses serait de prévenir les intéressés ». Même difficulté à prévoir avec le RN, qui a clairement indiqué que toutes les « circos » seraient pourvues.
« Je n’ai pas de réponse à apporter » , commentait Brice Bernard, « j’ai des candidats enracinés et compétents, pourquoi reviendrais-je en arrière ? » Certes, le dialogue n’est pas rompu, « je parle avec tout le monde » , mais la ligne nationale est respectée et les responsables du RN n’ont pas cillé : « On ne va pas se lancer dans des alliances sur des théories qui ne sont pas les nôtres », avait d’ailleurs déclaré Sébastien Chenu sur BFMTV, appelant par ailleurs Éric Zemmour à « l’humilité, lorsqu’il dispense aujourd’hui ses conseils, ses réflexions désobligeantes ». Et les nombreux transfuges du RN vers Reconquête !, y compris à l’échelle locale, avaient eux aussi tapé fort.*** « Une alliance ce n’est pas rien, ça veut dire quelque chose… » concédait Brice Bernard. David Berton reste quant à lui confiant et promet que non, « il n’est pas trop tard » pour s’allier. « On ne fait qu’être cohérents. Tout le monde n’a pas répondu mais ils doivent comprendre notre volonté de travailler ensemble. Ce qui compte, c’est la volonté. Les directions nationales décident mais il arrive que certaines fédérations départementales se permettent de désobéir ». Entendez par là qu’une hypothétique re-répartition des circo n’est pas indispensable à un quelconque accord d’union. Le cas échéant, Reconquête ! aura des noms à placer. « Mais tout patriote ayant à cœur de défendre la France peut prendre contact avec moi » , sourit David Berton. Le message est lancé, il sera caduc en début de semaine prochaine.
* L’appel avait été lancé le 19 avril. Il proposait la construction d’une grande coalition des droites et tendait la main au RN, aux LR, à DLF et à tous les patriotes.
** Mathieu Ciceri, conseiller municipal à Frontenex, sera l’autre candidat DLF, sur la 2e circonscription.
*** David Berton et Manon Decorte étaient membres du Rassemblement national avant d’adhérer à Reconquête !.
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