Chambéry : contribuez à l’aménagement du centre-ville !

C’est la saison des aménagements dans la cité ducale : le temps est venu de s’attaquer au square Lannoy de Bissy et au boulevard du Théâtre, suivant un calendrier allant de 2023 à 2025 et coïncidant avec la réouverture du musée Savoisien, prévue au printemps 2023. Ces aménagements, c’est aussi pour l’équipe municipale la réalisation d’objectifs de campagne, tels que la réduction de la voiture en ville, l’augmentation des surfaces végétalisées, la lutte contre le réchauffement climatique et de facto des îlots de chaleur et enfin de permettre aux habitants de reprendre possession des espaces communs, au quotidien. Ils étaient par ailleurs nombreux à s’être déplacés, habitants, commerçants, élus d’opposition également, à cette première réunion publique autour du projet de réaménagement de centre ville.

Une démarche en trois temps pour ce projet au long cours

La première étape de ce projet en trois temps a donc démarré le 4 mai, et se poursuivra en ligne sur la site de la Ville jusqu’au 15 mai, mais aussi  au village de « la semaine de la nature en ville » qui se déroulera boulevard de la Colonne le 14 mai. L’objectif poursuivi est de recueillir les contributions des habitants, car les élus n’ont pas « de projet dans les cartons » comme l’indiquait Benjamin Louis, adjoint chargé du centre-ville et délégué à l’innovation et au numérique. Dans l’intervalle, élus et agents des services techniques se rendront boulevard du Théâtre afin d’aller à la rencontre des habitants, des passants, des usagers de cet axe incontournable de la vie du centre ville, allant du cinéma Astrée à la librairie Garin, jusqu’au théâtre Charles-Dullin qui a vu passer environ 403 000 personnes en janvier 2022, selon les chiffres communiqués par la ville.

Le second temps de la démarche aura lieu courant juin, où des scenari seront proposés aux habitants et commerçants sur la base des informations collectées jusqu’au 15 mai, et qui permettront d’affiner les choix, avant un dernier temps de restitution plus précis, qui précédera le lancement des marchés et le début des travaux. L’ensemble du projet concerne également la partie haute de la rue de Boigne, l’avenue du Général-de-Gaulle et le square Albstadt.

Un projet qui repart d’une page blanche

Présent dans la salle, Aloïs Chassot, conseiller municipal d’opposition et appartenant à l’ancienne majorité, se désolait de ne pas entendre parler du projet que celle-ci portait, précédemment. « Une enquête avait déjà été menée dans le cadre du projet de réaménagement du boulevard de la colonne, menée en 2016 qui avait permis de recueillir 2 800 réponses à l’époque mais il n’en a pas été fait mention, regrettait-il, ça me fait de la peine car ce sont 4 ans de travail jetés par la fenêtre. Le projet était chiffré, le travail avait été mené par des étudiants en architecture et des urbanistes, nous avions passé des marchés. Or, si je m’en tiens à ce qui se dit ce soir, aujourd’hui ce ne sont pas les mêmes besoins. Mais le fait de ne pas citer ce travail-là, c’est dommage. » « Notre projet est ambitieux mais responsable, réagissait Benjamin Louis, il n’y a aucune commune mesure avec le projet préparé par l’ancienne mandature auquel nous avons décidé de ne pas donner suite. C’est un choix que nous assumons, car il était cher, et sur la méthode nous ne sommes pas en accord, notamment avec la disparition de l’ensemble des arbres boulevard de la colonne. Nous souhaitons apporter de la cohérence dans ces espaces, en séquences. Sur le projet précédent, si au départ nous partions sur le même périmètre, à la fin nous nous retrouvions à devoir modifier l’ensemble du centre ville. De plus, notre projet est totalement piloté par les services de la ville, car nous disposons de toutes les compétences. La direction des services urbanisation et aménagements embarque avec nous dans cette nouvelle manière de travailler, car il est important de valoriser les compétences de chacun. Notre responsable des espaces verts, Romain Lapoire est par exemple architecte paysager, et il est associé au projet, qui sera donc une réalisation » faite maison «. Cette nouvelle mouture, qui repart donc d’une page blanche, est chiffrée à 3,5 millions d’euros, déjà prévus et » fléchés « comme l’indique l’adjoint du centre ville.

Les premiers souhaits recueillis font la part belle aux arbres et aux fontaines d’eau potable

Après avoir travaillé durant 45 minutes en quatre ateliers autour des thématiques de « la santé, le lien à l’environnement et la sobriété » (énergétique), « la qualité de vie et la qualité des espaces publics », « ville attractive et dynamique » et « ville plurielle et inclusive », les premiers retours des habitants répartis dans chaque atelier ont été présentées publiquement. Sont principalement remontées des idées de végétalisation, avec la place de l’arbre et la préférence de certaines espèces (des tilleuls à la place de platanes notamment), l’installation de parterres de fleurs, de bacs surélevés pour des plantations d’aromates ou encore de composteurs collectifs et de jardins partagés, mais également des fontaines d’eau potable, des bancs à la parisienne, davantage d’éclairage pour rendre le square plus accueillant, y compris le jour. Concernant la sécurité, la question des caméras de vidéosurveillance est revenue à plusieurs reprises, notamment au niveau du manège, boulevard du théâtre, juste devant la fontaine des Eléphants, qui rejoignait également la question de l’éclairage public. En termes de propreté, certains habitants ont évoqué l’installation de toilettes publiques, ainsi que la possibilité de faire intervenir des associations d’insertion pour le nettoyage des espaces publics. Bien sûr, nombreux ont émis le souhait d’avoir davantage de bistrots et de restaurants sur ce boulevard, pour le rendre plus attractif. « Cette démarche de démocratie participative peut déstabiliser les habitants, car on ne leur propose plus forcément un projet clé en mains, on les met à contribution souriait Benjamin Louis, dans les conseils de quartier, ils sont nombreux déjà à s’exprimer, et nous poursuivons la démarche sur des grands projets spécifiques, c’est un enseignement des états généraux de la démocratie.

Nous mettons les gens en lien autour de l’attractivité de leur lieu de vie, c’est de cette manière que l’on construit l’intérêt général, en mettant les habitants en contact et que chacun puisse donner son avis. Nous pouvons leur expliquer comment fonctionnent les aménagements, les travaux, les contraintes budgétaires aussi, qui expliquent qu’on ne puisse pas tout faire, en mettant aussi l’accent sur ce qui nous semble intéressant à traiter pour le plus grand nombre. Par ailleurs, et cela remonte aussi des habitants, sur le secteur du boulevard du théâtre, il y a des enjeux d’attractivité, des choses à faire en termes de dynamisation. La municipalité en tant que porteuse du projet, qui compte lui donner vie, ouvre la porte, écoute les souhaits et les critiques des habitants, c’est en ce sens que le projet se déroule en trois étapes concertation, consultation, restitution. « 

La pédagogie n’est-elle pas un des meilleurs moteurs de réussite des projets ? A voir les échanges dans chacun des ateliers, il semble que cela fonctionne auprès des habitants de ce quartier emblématique, qui soulève les passions autour des arbres et des espaces végétalisés. Et dire que dans les années 70, il n’y avait que des voitures en stationnement sans l’ombre d’un arbuste, boulevard du théâtre… Affaire à suivre