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Chambéry : la droite bat déjà la campagne

Par Jérôme Bois • Publié le 15/05/22

Toute première réunion publique et d’informations de la droite chambérienne depuis les municipales de 2020, celle tenue salle de Mérande vendredi 13 mai avait valeur de compte rendu de deux années dans l’opposition de la majorité Repentin – Le Meur et donna parfois l’impression que les municipales de 2026 commençaient dès maintenant. Avec Michel Dantin et Xavier Dullin en guests.

« Encore 4 ans » , affichait le pdf projeté sur le mur blanc de la salle de Mérande. « Putain, 4 ans » , aurait soufflé la marionnette de Jacques Chirac… C’eut été tout comme. La liste « Aimer Chambéry c’est agir pour vous » avait eu tendance à se faire oublier depuis juillet 2020 et l’intronisation de Thierry Repentin aux manettes de la ville. Ce n’est en définitive que deux années plus tard qu’elle réapparut autrement qu’à travers ses dix élus au conseil municipal pour se présenter face aux habitants, majoritairement, bien sûr, acquis à leur cause, pour une réunion publique en forme de bilan au tiers du mandat, « pour retracer notre perception de deux ans » dans la minorité tel que le rapportait Aloïs Chassot.

« Il n’était pas nécessaire d’augmenter les impôts »

Une perception en trois axes, les finances, les grands projets et l’animation – mise en valeur de la ville, forcément critiques, tandis que deux employés de la mairie écoutaient attentivement en se gardant de trop prêter l’oreille pour ne pas les entendre siffler.

Michel Dantin, au centre, Xavier Dullin, (à g.) et Philippe Cordier (à dr.)

Côté finances, la démonstration de Benoît Perrotton, courte, faisait la part belle au constat de maintien d’une politique de désendettement… engagée par l’ancienne majorité de Michel Dantin. Ce qui n’empêchait pas l’élu de suggérer que « la finance, c’est pas vraiment leur truc » faute d’avoir trouvé d’autres moyens que la hausse de la fiscalité pour investir. « On pouvait légèrement accroître la dette, jusqu’à 103 ou 104 millions d’euros (l’encours est à 99,9 millions à cette heure, NDLR). Cette majorité a fait faire un audit financier de la ville en début de mandat » , audit qui n’a jamais été publié. « La situation financière est saine et sécurisée, soutenait Benoît Perrotton, ils se sont mis dans nos pantoufles sauf que nous n’avons eu aucun projet à voter et qu’il me paraît impossible de réaliser 152 millions d’investissement jusqu’à 2026, j’en prends le pari. En définitive, il n’était pas nécessaire d’augmenter les impôts ».

« Le stade ? Grâce à nous ! »

Les grands projets ? Ils se limitent, soutenait Philippe Cordier, à deux, les leurs, le stade et le parking Ravet, maintes fois évoqués dans ces colonnes.  « Et la ville a réussi l’exploit de mécontenter tout le monde » , assurait-il. Il rappela ainsi que si le stade allait être une réalité, « dans quelques mois, c’est grâce à nous ». En effet, en décembre 2020, au moment de voter la signature des marchés de travaux, ils avaient été 27 à dire oui, dont les 10 de la minorité. Pour 14 contre et 4 abstentions. « Nous aurions pu faire, à cet instant, un coup politique, et mettre la majorité en minorité, mais ça n’aurait pas été responsable, tant ce stade nous semble une nécessité ». A 17 voix pour et 24 contre, effectivement, le camouflet aurait été certain. Et à part ça ? « Le désert. On nous parle des dissensions avec l’agglomération, de l’héritage… » Vétrotex, Rubanox, l’aménagement du boulevard de la Colonne, des projets réétudiés, pour la plupart.

Une centaine de personnes venue rencontrer les élus.

Dernier point, le rayonnement de Chambéry cher à Aloïs Chassot, mis à mal par « deux ans sans ambition. Nous avons eu le seul marché de Noël de France en grève, ils ont voulu révolutionner le carnaval et au final, ces deux événements n’ont pas participé à la joie de vivre. La fête des Éléphants annulée, où l’on trouvait notre particularité. Trop populaire ? Trop simple ? Pour rayonner, il faut une volonté de parler en bien de la ville. Aujourd’hui, nous n’avons toujours aucun calendrier des événements de l’été, hormis le concert des frères Capuçon ». Encore 4 ans, donc…

« Je souhaite que les Chambériens soient heureux et fiers »

Michel Dantin, bien que diminué par sa vue et les multiples opérations ces trois dernières années, n’en gardait pas moins son sens de la mesure, évitant le piège de la rafale non contrôlée. « J’ai fait le choix de me taire, depuis juillet 2020 et de ne pas jouer les roquets, les Chambériens jugeront. Ils avaient décidé en 2020 et je ne peux que respecter leur choix. Ces deux ans ont montré de grandes différences entre les deux camps ». En 2014, « nous avions pour objectif d’améliorer la vie des Chambériens, leur niveau de vie était alors le plus bas de l’agglo après Barby. Pour nous, c’est par le salaire que le bonheur se construit, alors nous avions voulu faire venir des emplois à Chambéry, on a cherché des entreprises qui souhaitaient investir. Nous avons voulu faire que les gens soient fiers de leur ville, à travers toutes sortes d’animations. J’ai le souvenir d’avoir vu des gens heureux d’être là.

Les élus de l’opposition chambérienne

Je n’ai ni rancune ni amertume, l’avenir se bâtit en regardant devant. Je souhaite que les Chambériens soient heureux et fiers. Or, ce n’est pas ce que je constate«.

Tout autant désireux de se faire discret, loin du tumulte politique, Xavier Dullin fustigeait une « équipe incertaine avec les chiffres, embarrassée avec les grands projets, fâchée avec l’esprit de fête, avec l’économie, au regard des nombreux coups de fil que je reçois d’entreprises qui n’obtiennent pas de réponses à leurs demandes… Je constate des relations mesquines entre mairie et agglomération alors que ce tandem doit être régulier. Une ville a besoin d’une agglo plus que le contraire ». Pour finir, il s’interrogeait : « Ont-ils réellement envie d’exécuter leur mandat ? Je ne suis pas sûr qu’ils passent un bon moment. Peut-être sont-ils trop empêtrés dans leurs affaires internes ».

S’ensuivit une séquence faite de questions du public aux dix élus, questions qui auraient trouvé, sans doute, de meilleures réponses auprès de la majorité. Mais au moins ont-ils eu ce qu’ils venaient rechercher, l’assurance qu’il y aura un bel affrontement dans 4 ans. Putain, 4 ans !

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1 commentaire

PAUL DUPRAZ

15/05/2022 à 17:51

Putain, 4 ans !

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