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Législatives : Jean-François Coulomme, pétillant insoumis
Par Jérôme Bois • Publié le 31/05/22
Candidat de la nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) sur la 4e circonscription, le conseiller municipal des Déserts débarque en toute sérénité dans le paysage chambérien, lui qui était jusqu’alors ce simple militant/animateur de l’ombre de la France Insoumise. Musicien à ses heures, épris de réflexion et de philosophie, Jean-François Coulomme pétille, affiche une désarmante assurance et aime à placer quelques saillies bien senties. Rencontre avec un Ovni en politique.
Il dit être aux Bauges ce que le sous-commandant Marcos était au Chiapas, cette région du sud Mexique, à la fois militant et porte-parole, tout en s’amusant de son statut de n°15 au conseil municipal des Déserts… sur 15. « C’est à un 2e tour fulgurant que je dois ma place dans l’opposition » , sourit Jean-François Coulomme, le voici désormais tête d’affiche d’une course contre la montre de haut niveau, une législative sur une circonscription de gauche, épaulé par une habituée, Sarah Hamoudi-Wilkowsky, et fort d’un mouvement national d’envergure, cette Nupes dont on ne sait jamais trop comment la prononcer.
« On est là ! »
Rue du Théâtre, la permanence nichée dans de grands locaux qui abritaient il y a quelques mois une boutique de vêtements, sonne creux. Il est seul, dans un immense espace dont les murs sont ornés d’affiches et messages portés par la Nupes. Le lieu ne grouille pas, le calme règne. Son inauguration, le 20 mai dernier, avait prêté à sourire, des massages sur chaise étaient proposés aux curieux, en plus du buffet gratuit et des intermèdes musicaux. « Mais il y aura d’autres happenings, promet Jean-François Coulomme, ravi de son petit effet. Il nous tend un accroche-porte aux couleurs du mouvement, nous montre cette fresque dessinée par le collectif de la Maise… Ils ne sont pas à une originalité près.
Âgé de 56 ans, cet ingénieur commercial dans le bâtiment était un « militant de base » , un animateur de la France Insoumise sur Chambéry, un peu confidentielle ici jusqu’à cette union sacrée des gauches qui lui a rendu une brillance toute neuve ces dernières semaines. « J’ai toujours apprécié le militantisme de mes camarades, assure-t-il, même si nous étions crédités de scores ridicules » jusqu’à cet « enchaînement de circonstances, qui est une façon de dire ‘on est là’. Nous étions jusqu’alors un petit mouvement, gazeux, selon l’expression de Jean-Luc Mélenchon, peu significatif ». Même si les Chambériens ont toujours eu en général une inclination à gauche, la FI a souvent été laissée sur le bas-côté*.
Et puis, voici presque 2 ans, Jean-François Coulomme a été averti des intentions du groupe d’action de la FI de Chambéry centre, « j’ai été requis, je savais que j’allais être candidat et chef de file ». Sur la foi des résultats de la présidentielle, c’est bien la FI qui a orchestré le rassemblement à gauche, à elle d’organiser la répartition des lots sur les circonscription. « Ça nous oblige, consent-il, car la réalité, c’est que 80% de ceux qui ont voté Mélenchon au 1er tour l’ont fait par conviction, un cinquième seulement pourrait s’être exfiltré ». La vague jouerait en sa faveur, « nous avons la conviction que notre programme est nécessaire au renouvellement, le signe ‘phi’ était notre ralliement, c’est désormais le V qui ne signifie pas seulement ‘Victoire’, d’ailleurs** » ajoute-t-il en clin d’oeil.
Une tour de Babel, sans le chaos et la confusion
Cette responsabilité qu’il porte désormais ne semble pas lui peser, il a même eu le temps de s’y préparer : « Au début c’est surprenant, puis on prend la mesure des responsabilités et l’on se sent tout de suite redevable auprès de ceux qui nous portent. Nous disposons d’une grande variété de candidats de cultures et de catégories socio-professionnelles différentes, nous sommes le reflet de cette créolisation qui n’est pas que raciale ou ethnique mais aussi culturelle et socioculturelle. Comme une tour de Babel » , mais sans être ce lieu biblique où se mélangèrent les hommes dans le chaos et la confusion. « On partage la langue et le triptyque de la République ‘liberté, égalité, fraternité’. Je sais que l’Assemblée nationale sera le reflet de notre société ». Une assertion qui dissimule un problème sous-jacent qui l’obsède, « comment se fait-il que le processus opère une telle disproportion entre les représentants de l’Assemblée et les catégories socio-pro en France ?, » s’interroge-t-il. Lui, fils d’un facteur et d’une standardiste en télécommunication, assume cette ascendance modeste, il compte sur cette énergie Nupes pour noyer l’Hémicycle sous les eaux de la diversité.
Si l’encagoulé Marcos, qui se disait « rebelle qui veut des changements sociaux » , et adepte de la non-violence, s’inscrivait dans la mouvance zapatiste avant de bifurquer dans le marxisme, il ne se revendiquait de personne. Jean-François Coulomme, lui, et pour poursuivre l’analogie qu’il a lui-même initié, épouse les idées d’un homme, le « leader maximo » Jean-Luc Mélenchon, « qui a politisé toute une génération » , qui parle aux jeunes, jusqu’à ses propres enfants, « plus conquis par sa philosophie politique que par la mienne » Face à lui, Emmanuel Macron, qui devait personnifier ce jeunisme dont la politique avait tant besoin, « un jeune avec une politique de vieux. On pouvait imaginer qu’il allait ré-oxygéner la vie publique mais les gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites puis le Covid ont sonné la fin de la récré ». Le chef de la FI incarne, lui, celui qui « saura dire non » , ce ‘non’ si mal vu, en politique, « un tabou ». Il sera aussi celui qui s’adressera à tous et réconciliera les Français avec la chose publique, animal honni. Or, « la politique, c’est penser à tout le monde, il faut rééduquer les gens à la politique, c’est notre rôle, on doit être des pédagogues ». Dans une société « injuste et cruelle » , Jean-François Coulomme appelle à un réveil citoyen : « Nous avons une obligation d’utopie sinon, on se suicide. Alors, on se fixe un horizon, pas une illusion. Que va-t-on faire pour éviter le pire ? Avec quelles bonnes volontés ? Moi, je dis ‘venez faire de la politique’ ! Et ce même si les politiques ont tendance à condamner la politisation du peuple J’entends dire que dans mon village des Déserts, nous aurions, en tant qu’élus d’opposition, des postures politiques… Mais nous le revendiquons ! » Tout est politique.
Et l’on évoque avec lui la démocratie à la sauce athénienne, où l’individu, pour devenir citoyen, devait s’engager dans une mission pour le bien commun. A l’issue de laquelle il rendait son tablier, quel qu’ait été son succès. « Ça tombe bien, nous sommes aussi favorables au mandat unique » , se réjouit le candidat.
Son premier combat, les féminicides
Petit fils d’Espagnols, réfugiés en France sous le franquisme, Jean-François Coulomme se souvient de ces vinyles qu’il écoutait inlassablement, des chants de la guerre d’Espagne… Si, si ! « La pochette de ce disque représentait le tableau Guernica, de Pablo Picasso ; pour l’enfant que j’étais, c’était une peinture assez effrayante. Je me suis aperçu qu’il y avait des méchants et des victimes de ces méchants ». De son grand-père, militaire au sein de l’armée républicaine, devenu communiste, il héritera de ce parcours politique. De sa grand-mère, andalouse, un tempérament de feu. Et dans cette Espagne, il puisera des éléments de progrès sociaux. « En Espagne, pays prétendument machiste, on voit deux fois moins de féminicides qu’en France. On peut prédire que d’ici fin 2022, 120 femmes seront mortes sous les coups de leur conjoint. Comment rester inactif ? J’aimerai que ma première mesure, une fois élu, soit de voter une loi qui lutterait efficacement contre le féminicide ».
Musicien à ses heures – il a créé la fanfare des Déserts – il pratique le violoncelle et l’euphonium, mais trempe dans tous les instruments qui lui passent sous la main. Passionné de musique de chambre, il pourra s’y réfugier lorsque les temps seront plus orageux, d’ici à la fin de cette courte mais intense campagne législative.
* En dehors des deux dernières présidentielles, où Jean-Luc Mélenchon a fini 2e au 1er tour 2017 (24,69%) et 1er en 2022 (32,60ù sur Chambéry, la FI a échoué aux européennes 2019 (Manon Aubry, 7,35%, 6e) et était intégrée dans le mouvement Savoie citoyenne, notamment lors des sénatoriales 2020. En 2017, la candidate aux législatives sur Chambéry, Tiphaine Ducharne, avait été éliminée au 1er tour avec 14,73% des voix.
** Le signe « phi » est la 21e lettre de l’alphabet grec, Φ en majuscule, φ en minuscule. Un signe repris par la France Insoumise (initiales FI) comme symbole. Le « V » utilisé par la Nupes est en réalité la lettre grecque « Nv » (prononcez « nu ») comme les initiales de Nouvelle Union.
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3 commentaires
BLANC Gérard
31/05/2022 à 17:11
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Fargallo Marie Clotilde
06/06/2022 à 09:11
en tant que Maman de Jean François Coulomme, je le soutiens totalement avec fierté, en tant que vieille dame ayant connu pas mal de présidents je soutiens entièrement la sixième république que j'espère de toutes mes forces menée par ce grand homme :JEAN LUC MELANCHON;
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CALLEJON
27/06/2022 à 21:36
Moi, je vous soutiens Mr COULOMME. Je soutiens la FI depuis plusieurs présidentielles et la législative 2022, la NUPES.
Je voudrais bien discuter - pas forcément avec vous ; je sais que vous êtes occupé - de la suite, maintenant du programme NUPES. Les partis inclus dans la NUPES, restent-ils toujours dans l'union ?
Qu'allez-vous faire suite au mépris ignoble de Mr MACRON envers la 1ère force d'opposition à l'assemblée : la NUPES ?
Elisabeth CALLEJON 06 37 28 27 40
Et pour info, lien vers le bilan et le classement très médiocres (455eme !) du député sortant sur cette circonscription / écologie, établis par l'association Agir pour l'Environnement à partir de 17 votes significatifs https://parlementerre.fr/deputes/Patrick_Mignola
Sur ce site parlementerre.fr, accédez aussi aux bilans de tou.tes les autres député.es sortant.es, en Savoie et en France. Inscructif ....