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Législatives : la députée sortante, Typhanie Degois, s’arrête là
Par Jérôme Bois • Publié le 18/05/22
Dans un message posté sur son site et sur les réseaux sociaux, la députée de la 1ère circonscription de Savoie, Typhanie Degois, élue en 2017 sous la bannière En Marche, annonce qu’elle n’a demandé aucune investiture et qu’elle ne remettra donc pas le couvert cette année. Elle affirme vouloir se concentrer à reconstruire « une droite d’idées et de projets« . Une surprise ? Pas vraiment.
Avare en effets de com’, peu loquace dès qu’il s’agissait de commenter des votes contraires à ceux de son ex-majorité, Typhanie Degois a toujours tracé son sillon en restant sourde aux rumeurs et aux critiques.
Alors que sa décision se faisait attendre et en dépit des nombreuses sollicitations demandant sa candidature, la députée de la 1ère circonscription a choisi : elle n’ira pas, en vertu d’une promesse formulée lors de sa campagne 2017. « Je continuerai à m’investir dans le débat public grâce à la création prochainement d’un cercle de réflexion et d’action qui aura pour ambition d’être force de proposition dans les années à venir » , écrit-elle sur son site officiel. Une lettre aux habitants dans laquelle elle explique être « particulièrement fière d’avoir porté la voix de l’Assemblée nationale sur un encadrement plus strict du détachement des travailleurs étrangers, d’avoir agi pour supprimer 60 articles de loi freinant le développement des entreprises, d’avoir défendu une meilleure prise en compte de la sensibilité des animaux dans la loi, d’avoir identifié les technologies d’avenir dans lesquelles investir pour protéger notre souveraineté technologique, d’avoir proposé de nombreux amendements pour assurer la sécurité des Français ». Tout juste se fait-elle critique à l’égard d’un système sclérosé, dépassé. « Force est de constater qu’aujourd’hui le Parlement devient une chambre d’enregistrement, au profit d’un pouvoir exécutif toujours plus centralisé, où j’ai eu à me confronter aux forces d’inertie dans la fabrique de la loi, à l’entre-soi d’un système bien établi, à la gouvernance par l’émotion du moment ».
« Je ne me représenterai pas lors des prochaines élections législatives »
Typhanie Degois s’était engagée, il y a 5 ans, dans une joute face à Dominique Dord, poids lourd politique, bien implanté et avait fini par créer la surprise. Ils furent alors quelques uns à évoquer la vague En Marche plus que sa seule personnalité pour justifier ce séisme provoqué par celle qui devint alors la plus jeune députée LREM (50,76% des voix, 49,24% pour son adversaire).
5 ans plus tard, elle ne revendiquera aucune investiture : « Comme je m’y étais engagée lorsque j’ai suscité votre confiance il y a cinq ans, je ne me représenterai pas lors des prochaines élections législatives ». Si LREM figure encore à son profil sur le portail de l’Assemblée nationale, il ne faisait plus de doute sur le fait que la rupture était consommée avec la majorité présidentielle du fait de prises de position opposées, en particulier en octobre dernier, lorsqu’elle ne vota pas la loi contre les thérapies de conversion sur les personnes homosexuelles. A l’époque, Victor Worms (Jeunes Démocrates) et Sacha Benhamou (Jeunes avec Macron) s’étaient désolidarisés d’elle en ces termes : « Nous ne pouvons pas soutenir une députée qui vote contre une loi interdisant une pratique violente et qui porte atteinte à l’intégrité humaine. Déjà plusieurs fois, nous lui avons fait part de notre désaccord. Elle a voté contre le pass sanitaire, elle a déclaré ne pas soutenir le Président dans un article du Dauphiné Libéré le 20 septembre dernier. C’est incompréhensible ». Plus récemment et pour aller dans ce sens, dimanche 15 mai, Patrick Mignola avait glissé que « certaines personnes non expérimentées avaient été élues [en 2017, NDLR], mais que quelques-unes n’étaient manifestement pas faites pour ça, c’est pour ça que j’ai fait le choix de ne pas la reconduire ». Intrigant puisqu’elle n’a pas, selon ses dires, réclamé d’investiture. Rupture, on vous dit…
« Un non-événement »
Elle s’était en cours de mandat rapprochée du parti Radical, partie prenante dans la majorité présidentielle, ce qui engendra une légère confusion dans ses orientations, prolongées par ces quelques mots de conclusion dans sa lettre du jour : « Souhaitant poursuivre l’héritage laissé par Dominique Dord qui a toujours fait le choix de l’union dans l’intérêt de notre territoire, et par Olivier Dassault, disparu il y a un an, dont l’esprit d’entreprendre et l’indépendance d’esprit nous manquent cruellement, je poursuivrai mon engagement afin de reconstruire un mouvement de droite d’idées et de projets, enracinés dans notre chère Savoie ». Assurer la continuité de celui qui fut son adversaire déchu il y a 5 ans ?
Pour Christian Saint-André, référent En Marche/Renaissance en Savoie, cette décision est tout sauf une surprise, « c’est même le contraire qui aurait été étonnant. Elle a tenu ses fonctions malgré des dissonances avec la base ». Pour lui, cette décision était attendue, « c’est la confirmation, aussi, de son inactivité politique de ces dernières semaines. En définitive, conclut-il, c’est un non-événement ». « Elle est restée dans son engagement, commente Ludovic Vulliermet, président de la fédération de Savoie, elle a vu que la représentation élective n’était qu’une phase, pas un métier et qu’elle a une vie personnelle et professionnelle à faire. Au début, lorsqu’on est élu, on pense que l’on peut tout révolutionner, alors qu’en définitive, on n’est qu’un parmi 577 et quand on travaille beaucoup, on s’aperçoit que les résultats ne sont pas toujours optimum ». En effet, en fin de courrier, Typhanie Degois jette un (petit) pavé dans la mare : « Durant le mandat que vous m’avez confié, j’ai eu l’opportunité d’échanger quotidiennement avec les forces vives de notre territoire et d’apprendre de vous, bénévoles, chefs d’entreprise, forces de l’ordre, agriculteurs, soignants, commerçants, pompiers, professeurs, artisans, habitants…. Avec beaucoup de gratitude, je vous suis reconnaissante de nos échanges et de nos actions communes. La politique n’est pas un métier, mais un engagement temporaire en faveur de nos compatriotes. Je déplore que trop d’élus ou candidats professionnels se présentant à toutes les élections possibles ne s’en rappellent pas, et discréditent ainsi la politique. »
C’est la fin d’un suspens qui durait depuis quelques semaines, sur la 1ère circonscription, l’horizon va se dégager pour les autres candidats.
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