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Législatives : Patrick Mignola dévoile son atout Sandra Kadri
Par Laura Campisano • Publié le 16/05/22
Les rumeurs allaient bon train concernant le député de la 4e circonscription sortant : Patrick Mignola allait-il y retourner ? Si oui, avec qui ? Les paris étaient ouverts, tout était possible et des noms avaient circulé, un peu comme la nomination du premier ministre au plan national. C’est dimanche 15 mai, sous un soleil radieux dans la cour de la Dynamo et à quelques mètres du marché des Hauts de Chambéry, que le chef de file du Modem à l’Assemblée a décidé de lancer sa campagne et de présenter sa suppléante, celle que peu avaient vu venir à ce poste, Sandra Kadri.
« On trouvait sympa et symbolique de faire une conférence de presse ici, un dimanche matin. » souriait Patrick Mignola, en préambule du lancement de sa campagne des législatives 2022. Accompagné de son attachée parlementaire et rejoint par son équipe de campagne, le député sortant devait non seulement détailler son engagement renouvelé mais surtout présenter sa suppléante, une figure des Hauts, connue du public pour être une enfant du quartier et avoir mis son énergie et son expertise au service des habitants. Sandra Kadri, 44 ans, mère de deux enfants, travaille au sein de la régie Coup de pouce du quartier du Biollay en qualité de médiatrice sociale en faveur de l’accès aux droits des habitants du Biollay et des Hauts-de-Chambéry, tous deux quartiers politiques de la ville. Une association de couleurs politiques différentes au soutien de l’intérêt collectif, en somme.
Solidarité et engagement : le credo du binôme Mignola/Kadri
Avec une telle suppléante, il y a fort à parier que Patrick Mignola a pris tout le monde de court, à commencer par les bookmakers de la politique, qui auront tout imaginé ou presque, mais sûrement pas Sandra Kadri. En tout cas tel était l’effet escompté, dans l’équipe du député sortant, qui tout sourire et affable, s’est prêté au jeu des questions réponses avec aisance et disponibilité, lui qui d’ordinaire est si difficile à approcher, tant son agenda déborde et son temps, une denrée rare. Avec une telle coéquipière, car c’est, on l’a compris, de cette manière que le binôme souhaite travailler, l’une sur le terrain local, l’autre dans l’hémicycle, Patrick Mignola souhaite enfoncer le clou sur une mesure du programme présidentiel, « l’aide sociale à la source », soit le versement automatique des aides sociales auxquelles 20 millions de français ont droit sans forcément les réclamer. Bien loin de la polémique du fameux « pognon de dingue » qui a fait les choux gras de nombreux commentateurs, l’objectif poursuivi par le binôme est simple : « ne laisser personne au bord du chemin, en trouvant comment faire en sorte que ceux qui sont au bas de l’échelle puisse obtenir des aides, des droits, auxquels ils ont droit, mais parfois ne savent pas ou n’osent pas les réclamer, ainsi que l’exposait Patrick Mignola, c’est l’un des problèmes à régler, depuis 40 ans. Selon l’Insee, quand on est en bas de l’échelle on met six générations à monter d’un cran, c’est donc un problème majeur de cette société. Tout cela, c’est le métier de Sandra, qui fait ça tous les jours, et la preuve de la sincérité de son engagement, c’est qu’elle est née ici et qu’elle y travaille toujours. Son parcours personnel est très intéressant, elle a une capacité de résilience, une solidité et une sincérité à toute épreuve. »
Mais au-delà de l’assistance au public afin de permettre au plus grand nombre d’obtenir des aides leur permettant de vivre au mieux, Sandra Kadri est également en lien avec les missions locales, les agences Pôle emploi et autres associations d’insertion pour guider ces publics sur le chemin du retour à l’emploi « pour les orienter au bon endroit, c’est pour cela que Le Déclic sera un lieu ressource pour les jeunes éloignés de l’emploi, avec une équipe pluridisciplinaire. C’est comme un éventail qui s’ouvre, vraiment très large pour essayer d’aider les habitants. » En effet, le nombre de missions déployées par Sandra Kadri et ses collègues auprès du public est dantesque : au-delà de l’aide à la mise en œuvre des droits, elle assure également la prescription pour la banque alimentaire, les visites à domicile, l’accompagnement physique des gens vers les structures d’octroi des aides, la traduction pour les habitants qui ne maîtrisent pas la langue française… Des missions qui lui sont chères, car cela fait 15 ans qu’elle travaille dans le social, dont 13 au poste de médiatrice sociale dans les quartiers prioritaires de la ville avec la régie Coup de pouce. « Je suis proche des usagers, mettait-elle en avant, c’est pourquoi je m’engage, en travaillant tous les jours sur le terrain je constate que ce n’est pas simple pour tout le monde et le non-recours aux droits, c’est vraiment un point sur lequel je me sens concernée. Nous sommes plusieurs à agir sur ce secteur, à être débordés, surchargés. Notre volonté est de répondre au mieux aux nombreuses demandes et attentes afin de faire en sorte que la vie quotidienne des gens soit facilitée » explique-t-elle. « Il faut monter d’un cran dans les exigences, renchérit Patrick Mignola, et réussir l’attribution à la source, car non seulement cela limite le risque de fraude, mais surtout cela permet de donner à tout le monde ce à quoi chacun a droit. J’ai besoin de Sandra pour ça. Dans les discours politiques, il y a un côté » lève-toi et marche « or ce n’est qu’en réduisant la fracture sociale et numérique que les gens peuvent se remettre à marcher. »
Pour le binôme, la lutte contre l’injustice sociale va de pair avec l’apaisement du débat politique, deux thèmes fers de lance de la campagne qu’ils souhaitent mener.
Pour moins de tension en politique et davantage de reconnaissance envers les acquis sociaux
Un attelage gauche – Modem ? Et pourquoi pas ? Ni Sandra Kadri ni Patrick Mignola n’ont l’intention de cacher cette particularité sous le tapis, la première ayant soutenu Gaëtan Pauchet aux départementales et participé à sa campagne, le second clairement Modem et appartenant à la majorité présidentielle. La capacité de travailler ensemble, en tenant compte de leurs différences politiques, voilà qui devrait faire sens puisque c’est dans l’intérêt commun. « Ce n’est pas parce que l’autre ne pense pas comme nous qu’il est disqualifié, expliquait le député sortant, je respecte ceux qui ne pensent pas comme moi, il faut de manière générale que nous fassions baisser la tension, car cela appauvrit le débat politique, et renvoie un tel reflet de la société. Notre devoir est de tendre la main à la droite comme à la gauche modérée, chacun peut avoir son parti est c’est normal, mais même avec des convictions différentes des miennes, l’urgence est d’affronter la dette financière, écologique, la réindustrialisation sur le terrain : ce sont des sujets à traiter maintenant. » « On peut être différent et avancer ensemble » approuvait Sandra Kadri.
Les réactions à cette candidature n’ont pas manqué de donner raison à ce constat de tension politique, envers cet « animal politique » dont la vocation a démarré assez tôt, au cours d’un discours de Jean Blanc, alors qu’il n’était âgé que de 7 ans. Une envie irrépressible de leadership, de mobiliser, de fédérer les habitants autour d’un projet, comme son aîné, qui le choisira plus tard comme son successeur à la mairie de La Ravoire. « Quand on réalise son rêve à 29 ans, tout le reste est bonus » dira-t-il, sourire aux lèvres. Est-ce à dire qu’il ne rêve nullement de plus que d’avoir été maire, en se rasant le matin ? Certains adversaires politiques le fustigent pourtant comme un « politique de carrière », quand d’autres le craignent lui prêtant un rôle de marionnettiste de l’ombre sur la vie politique locale, dont il ne serait pas totalement éloigné.
Pour autant, il se démarque, lui qui se veut libre, le revendique même, vis-à-vis de certaines décisions des gouvernements Philippe et Castex, notamment sur l’ISF, la CSG sur les retraites… « Libre mais toujours loyal, notamment pendant les crises lourdes que nous avons connues ».
Patrick Mignola se représente donc, « car il faut donner une majorité au Président de la République, parce que le pays a besoin de cette stabilité » et que les cinq ans qui viennent de s’écouler lui ont apporté expérience et une forme de sérénité « face aux défis qui viennent » et qu’il souhaite continuer à travailler sur les urgences à très court terme, comme l’est aujourd’hui plus que jamais le pouvoir d’achat : indexation des retraites sur l’inflation, augmentation de la prime pouvoir d’achat dite « prime Macron », développement de l’intéressement pour les salariés des entreprises, « quand bien même ce n’est pas évident de convaincre tout le monde » et bien sûr, augmentation du point d’indice des fonctionnaires dès le 1er juillet « même si ce n’est pas populaire, je le dis, il faut mieux payer les fonctionnaires. Car qui a tenu pendant les crises ? L’hôpital, l’école, toutes les administrations d’Etat, notamment localement. La question du point d’indice des fonctionnaires est importante appuie-t-il, il y a trois mois, quand j’ai fait mon infarctus, j’ai eu la chance de m’appuyer sur un système de santé gratuit, réactif – pompiers, infirmières, service de cardiologie du CHMS – sans lequel je ne serai pas là pour en parler. Je pense qu’il faut savoir apprécier ce que l’on a. C’est pourquoi nous devrions davantage veiller à développer le PIB plutôt qu’à baisser la dépense publique. »
Une campagne déterminée mais respectueuse
Bien sûr, au vu de ce qui attend ce « Macron II », au vu des défis et des urgences, on ne pouvait imaginer que Patrick Mignola ne se soit pas véritablement et profondément interrogé sur une nouvelle candidature. A 50 ans, l’homme n’est pas de bois, et sait qu’il est nécessaire aussi, de se préserver. Pourtant, il y retourne, malgré tout. « Quel est ce moteur ? » lui a-t-on alors demandé. « Je me suis interrogé, reconnaît-il, j’ai pris 5 ans d’expérience dans des conditions parfois très difficiles, et cette expérience acquise peut m’être utile si les électeurs me font à nouveau confiance. Je pense que je n’ai pas encore fini. J’aurais très bien pu retourner dans le privé, avoir une place tranquille et confortable. Pourtant, il y a vraiment eu une forme de frustration, aussi bien chez Emmanuel Macron que dans sa majorité, de n’avoir pu achever ce qu’ils avaient souhaité mettre en place, avec la crise Covid. Au lendemain des gilets jaunes une grosse relance économique et sociale devait amener le plein emploi, avant que l’on se retrouve à nationaliser les aides. Oui, il y avait un peu de frustration. »
Fallait-il en dire plus, en dépit de tout ce que charrie la vie politique en matière de fouille archéologique dans la vie privée de ses mandataires, ce que le député sortant semble appréhender avec la plus grande sérénité. « Vous savez, depuis 21 ans que je suis élu, je suis scanné en permanence de manière transparente, j’ai eu 3 contrôles fiscaux, 5 contrôles Urssaf, le moindre changement professionnel de mon épouse doit être déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Il y a quand même des réussites, sourit-il, quand on est maire on peut changer la vie quotidienne des gens, quand on est député, qu’on entre dans le bureau du premier ministre pour mettre en place un Plan montagne à 440 Millions d’euros pour sauvegarder l’économie savoyarde et qu’on ressort de ce même bureau avec 600 millions d’euros, ces moments-là, il n’y a qu’en politique qu’on les trouve, ça c’est du bon carburant. A la fin de sa vie, on se dit qu’on a servi à quelque chose. »
Dès le lendemain de l’élection, ils s’apprêtent à agir, chacun sur un terrain différent et pour l’intérêt des habitants de la 4e circonscription. « Je n’ai pas l’intention de rester dans mon coin, sourit Sandra Kadri, je veux agir, faire le lien avec Patrick Mignola, être active tout de suite, rencontrer les habitants, sur le terrain et à la permanence. » Avant de descendre sur le marché des Hauts, entouré de son équipe de campagne, le binôme, souriant et détendu, affichait un mix de décontraction et de volonté de bien faire, de mener une campagne « déterminée mais respectueuse, car c’est une grande inquiétude des français, cette violence en politique, la nature des relations a changé en politique et il faut y être vraiment attentif » a plaidé le député-candidat. Nous verrons, au cours des prochaines semaines s’il parvient, avec sa suppléante, à inverser la tendance…
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