Le candidat du Rassemblement national sur la 4e circonscription s’est attaqué à sa quatrième campagne en seulement trois ans, un défi qui l’a grandement fait hésiter au moment de prendre place sur la ligne de départ ce printemps. Engagé sur la circo la plus compliquée de Savoie, où demeure malgré tout un tout récent socle d’électeurs, l’élu de Saint-Baldoph se sent prêt à déployer son franc-parler et à assumer son statut d’homme libre. A partir de l’année prochaine, promis, ce sera plus calme.
Jeudi 26 mai, l’AS Saint-Etienne s’attaquera à sa montagne, un barrage qui verra son vainqueur se maintenir ou accéder à l’élite du football français. Rémi Garnier aura sans nul doute un œil sur ce climax de la morne saison stéphanoise tandis que lui brigue en ce moment une place parmi les 577 parlementaires qui siègent à l’Assemblée nationale. A chacun ses sommets… Il est probablement plus simple d’être en campagne que Ligérien et fan de foot, par les temps qui courent.
Le déclic ? « Les gilets jaunes »
Originaire de la cité minière du 42, plus connue pour ses Verts d’antan que pour son attractivité, Rémi Garnier est pourtant devenu savoyard d’adoption à 5 ans lorsque ses parents quittèrent le Forez pour de plus hautes cimes. Le tempérament des gens change, l’ouverture et la chaleur humaine qui émanent des Stéphanois se distinguent de la rigueur et de l’hermétisme savoyard. « C’est le côté ouvrier qui veut ça » , sourit Rémi Garnier. Son attrait pour le sport lui est sans doute venu du Forez mais c’est bien en Savoie qu’il l’exerce. Côté loisir d’abord avec le football, pratiqué à Barberaz, Saint-Baldoph, Apremont et en détections jeunes ici-même en Savoie ou le ski, évidemment. Professionnellement parlant, il fut moniteur de skate board et a travaillé pour une école de commerce à former des stagiaires pros. Aujourd’hui, il officie pour une enseigne de ski.
Il était loin de s’imaginer embrasser une vie politique même s’il manifestait déjà, jeune, une aptitude à argumenter sur la chose publique. « Autant j’ai toujours voté et été très attentif à la politique, autant le déclic n’est arrivé qu’avec la naissance du mouvement des gilets jaunes, se souvient-il, j’ai pris alors conscience des difficultés dans lesquelles vivent les gens, en permanence. Sauf qu’ils sont pudiques, ils ne les montrent pas » , c’est tout à leur honneur. « Il fallait changer les choses et si j’avais déjà une inclination pour le Rassemblement national, je m’intéressais en réalité de près à tous les mouvements qui défendaient l’idée de nation ». Dans son cercle, cette affinité avec le parti mariniste ne brouille en rien les relations que l’intéressé entretient avec ses proches, « j’ai même des amis qui votent Mélenchon » , se marre Rémi Garnier, lui qui garde en souvenir le matraquage anti-FN des années Jean-Marie.
La passe de quatre
Seulement, les législatives n’étaient pas inscrites au programme. « J’ai hésité à me lancer, se souvient-il, après mes deux précédentes années de campagne. Et puis je me suis dit qu’après, ce sera de toute façon plus calme ». Sur une circonscription originellement à gauche, où le vote RN prend peu, il sait désormais la tâche qui l’attend. « On a pourtant des sujets qui peuvent parler aux gens. J’en vois, positionnés chez Mélenchon et la Nupes, qui se retrouvent dans certaines de nos idées, c’est pourquoi je veux essayer d’être aussi complet que possible ». Une attitude de sportif où le travail de ses points faibles est érigé en religion. « Je pense qu’une partie de l’électorat de gauche peut se retrouver en nous ». Et si sur la Combe de Savoie, le RN est davantage suivi et supporté, Rémi Garnier tient à ratisser large. « Je m’adresse à l’ensemble de la circonscription » , assène-t-il.
Déjà attaqué « par les LR qui me reprochent de ne pas habiter la circo que je représente (Saint-Baldoph est sur la 3e, NDLR) » , il répond qu’il y a « une logique de terrain qui n’est pas celle de la circo. Je fais partie de Grand Chambéry qui englobe 80% des habitants de la 4e. Quand je siège en commission tourisme à Grand Chambéry, je décide pour la quasi totalité de la circo ». Ce qui amène à de profondes réflexions sur la pertinence du découpage territorial du département, pointé déjà par quelques autres candidats, mais c’est une autre histoire…
Impliqué dans sa quatrième campagne, après celles de 2020 (les municipales) et de 2021 (les départementales et régionales, à chaque fois sur la Savoie), Rémi Garnier a pris du galon : « Je comprends les rouages, les dossiers, être conseiller municipal m’apporte une grande expérience, c’est un mandat concret et formateur ». Seulement y’a-t-il eu « un moment de flottement » lorsqu’il se déclara avec l’étiquette RN l’an dernier, lui qui avait été élu à Saint-Baldoph sur une liste sans étiquette. « Les gens savaient mes engagements » , nuance-t-il. Identifié, là-bas, comme « quelqu’un qui dit les choses » , d’honnête « dans [ma] démarche » et de « libre » , il dit « n’avoir de comptes à rendre à personne ». Élu député, il s’astreindra à mettre entre parenthèse « une partie » de sa vie professionnelle « par respect pour les citoyens. On a le devoir d’être à fond dedans ».
Sa suppléante, Euryanthe Mercier, professeur des écoles et candidate l’an dernier sur le canton de Montmélian, fait partie, à 27 ans, de cette jeunesse du RN proactive. « C’est mon choix, elle est très compétente et s’exprime particulièrement bien en public » , se félicite Rémi Garnier. Et s’il venait à échouer dans cette quête nationale, il se remettra à fond dans les dossiers municipaux qu’il affectionne. Là où tout a commencé.
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1 commentaire
Duprat
30/05/2022 à 08:31
Bravo RÉMI pour ton engagement.