article • 3 MIN
Législatives : Xavier Trosset, le circuit court
Par Jérôme Bois • Publié le 23/05/22
Candidat de la majorité présidentielle Ensemble !, élu à La Ravoire, soutenu par tout ou partie de sa formation municipale, Xavier Trosset a longtemps travaillé dans l’ombre – imposante – de deux illustres politiques savoyards, Michel Dantin et Michel Barnier, avant de prendre la lumière d’abord en 2020 en (ré)intégrant le conseil municipal puis cette année, en s’engageant dans une sacrée lutte face à Emilie Bonnivard, Marie Dauchy et consorts sur une circonscription dans laquelle, dit-on, rien n’est joué.
La campagne est courte, son équipe et lui sont seulement en ordre de marche mais la ferveur affichée par Xavier Trosset en disait autant sur sa joie d’être en première ligne que sur sa détermination à vaincre. Autour de lui, des familiers, de Jean-Louis Lanfant, son mandataire financier, à Grégory Basin, son directeur de campagne, tous élus ravoiriens. Son maire, Alexandre Gennaro, venu en soutien lors de l’officialisation de sa candidature et à ses côtés, Audrey Dumargne, sa suppléante.
Il y avait une logique, selon eux, à investir une personnalité de la plus grosse commune – en population – de la 3e circonscription, d’autant plus tenant compte de son antériorité familiale sur celle-ci.
« J’ai la parole libre »
Âgé de 55 ans, marié, deux enfants, Xavier Trosset est un pur produit local. « Mon grand-père, né en 1901 avait été élu au conseil municipal dirigé alors par le prédécesseur de Jean Blanc, c’est vous dire » , un certain Calixte Duisit. Sa mère, elle, l’aura été sous Jean Blanc, de 1995 à 2001. Une affaire de famille puisque deux ans plus tard, c’est donc Xavier qui intégrera l’équipe du tout jeune Patrick Mignola, jusqu’en 2008. L’actuel conseiller délégué à la vie associative est un amoureux « de la vie publique » , se dit proche des gens, « homme de terrain. Mon atout ? Je suis toujours disponible et quand je serai député, je serai cet élu de proximité ».
Sa candidature, si elle n’est pas tombée du ciel, doit déjà beaucoup à son vécu. Durant 15 années il fut le collaborateur de Michel Barnier, président du conseil général, puis celui de Michel Dantin, alors député européen, de 2009 à 2019. « Je connais parfaitement les institutions », explique-t-il. Sa proximité avec Michel Barnier, dont Emilie Bonnivard fut porte-parole lorsqu’il concourait à l’investiture LR pour la dernière présidentielle, qui est aujourd’hui président du comité de soutien de la députée sortante, peut légitimement interroger. Mais Xavier Trosset n’en a cure, « j’ai la parole libre et j’assume d’être ami avec Michel, je suis à l’aise. Nous sommes amis et ça ne change rien à nos relations ».
Rumeurs, appels et 3e personne
S’il n’a « rien demandé » pour être dans la joute ce printemps, c’est que son nom avait été soufflé à Alexandre Gennaro, d’abord, avant l’effet domino conduisant à l’appel de Marc Fesneau, alors ministre (MoDem) en charge des relations avec le parlement (et devenu depuis ministre de l’agriculture). « Je sais qu’il y a eu une dizaine d’actes de candidatures, poursuit-il, ce n’était pas mon cas ». Une étrange rumeur lui revint aux oreilles, celle de sa demande à devenir le suppléant… d’Emilie Bonnivard, « ça a été une hypothèse, à un moment donné ». Il n’en dira pas plus. Tout juste tient-il à faire bonne figure sur la vaste 3e circonscription, « entre un parachuté de la majorité présidentielle* et un élu local, il valait mieux Xavier Trosset » , sourit-il. A plusieurs reprises, il usera de cette 3e personne, la confiance semble son premier allié. Il affiche avec gourmandise le soutien public de Béatrice Santais (ex PS), maire de Montmélian, ex-députée, elle qui avait déjà accueilli à bras ouverts la venue d’Olivier Véran sur ses terres début avril. « C’est un poids important » , souligne le candidat d’un président à qui il souhaite donner une large majorité. « Je me retrouve dans ce que M. Macron veut mettre en place, il nous l’a dit, il veut incarner l’apaisement, et nous le ressentons déjà à travers notre nouvelle 1ère ministre Elisabeth Borne. Je ressens cette envie d’avancer et d’apaiser ».
Qui se manifeste par un indéfectible soutien apporté à tous les candidats par le locataire de l’Elysée : « Ceux qui seront élus auront l’appui direct des ministres en fonction des dossiers à défendre, nous a-t-on dit. Je me vois ainsi comme l’élu du circuit court » , comprenez qu’il sera l’interface entre le gouvernement et le peuple, en moins de temps qu’il n’en faudra pour le dire. « J’ai eu des échanges forts dans ce sens avec François Bayrou (Vice-président d’Ensemble !), Richard Ferrand (président d’Ensemble !) et Edouard Philippe (VP d’Ensemble !) » , révèle-t-il.
Et la Maurienne ?
Dans les grandes lignes, les raisons « de faire confiance à Xavier Trosset » se déclinent ainsi : le Lyon-Turin et l’obligation « de mettre le plus de camions possible sur les rails » , le pouvoir d’achat, à travers lequel il reprend les principales lignes du programme présidentiel et tout un tas de dossiers qu’il devra « apprendre » au fur et à mesure. « Le soir-même des élections, je me mettrai au travail et ferai le tour des mairies de ma circo dès la rentrée ». C’est aussi cela, l’élu du circuit court.
Reste un écueil, majeur, son prétendu éloignement avec la Maurienne, qu’il réfute par ailleurs, « ma femme travaille à La Toussuire » , se défend-il. Quant à sa suppléante, Audrey Dumargne, elle est amenée, via son entreprise, à intervenir sur ce territoire. Suffisant pour rallier les Mauriennais à lui ? « Le gros de la population de cette circonscription est en bas, soutient-il, entre Montmélian et La Ravoire ». Il ne devra cependant négliger personne, « je ne tournerai le dos à aucun Mauriennais » , promet-il.
Xavier Trosset se dit « atypique » et s’engage à « aller jusqu’au bout » pour l’emporter. Christian Saint-André n’en disait pas moins de son nouveau poulain de la majorité présidentielle : « C’est important d’avoir des députés en lien avec le gouvernement, nous voulons avoir des élus de haut niveau en Savoie alors qu’on en a eu pas tout à fait en phase » , disait-il, alors que le renoncement de Typhanie Degois sur la 1re circonscription était fraîchement acté. « Pour la première fois, nous avons quatre candidats sur les quatre circonscriptions face à d’autres qui sont dans l’opposition systématique ». Les planètes seront-elles alignées pour faire basculer le département au centre ?
Samedi 21 mai, au matin, l’équipe autour de Xavier Trosset s’est mise en marche afin d’établir le plan de bataille pour les trois semaines à venir, qui promettent d’être intenses. Le succès et l’apaisement sont à ce prix.
* En 2017, Emilie Bonnivard l’avait emporté d’une courte tête (53,77%) face au candidat En Marche Philip Vivier, originaire de Maurienne mais parisien d’adoption.
Tous les commentaires
2 commentaires
BLANC Gérard
31/05/2022 à 17:29
Commenter
Rrbt
07/06/2022 à 07:48
Toujours pas d'affiche officielle de Xavier Trosset devant la mairie de Fontcouverte La Toussuire ????
Commenter
Laura Campisano
07/06/2022 à 15:17
Bonjour, nous vous conseillons de vous adresser directement aux équipes du candidat, car il y a peu de probabilités qu'il lise votre commentaire sur notre journal. Bien à vous.
Circuit court ou "court-circuit" de la démocratie qui disjoncte et se retrouve en panne avec + 50% d'abstention ? Maladie accentuée par le macronisme : pouvoir monarchique et vertical, président chef de parti, non instauration de la représentation proportionnelle promise, refus des débats politiques nationaux de fond (présidentielle puis maintenant idem législatives) avec seul dénigrement des oppositions, transformation des député.es et candidat.es en "godillots" s'engageant par avance à se soumettre (contrat en 12 points), absence de démocratie interne à LREM, ... Vite, rétablissons un courant "alternatif" !