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Festival du cinéma français d’Aix-les-Bains : Arnaud de Gardebosc, programmateur hors-pair
Par Laura Campisano • Publié le 14/06/22
Que serait un festival de cinéma sans l’œil avisé, le regard aiguisé et l’intuition d’un bon sélectionneur ? Au Festival du cinéma français d’Aix-les-Bains, c’est Arnaud de Gardebosc qui porte haut les couleurs de la programmation avec son père Pierre, point d’orgue d’une sélection pointue et éclectique, pour que tous les publics puissent participer à cette grande première sur la Riviera des Alpes. Lui aussi, comme les créateurs du festival, est issu d’une famille de passionnés, puisque Pierre de Gardebosc est l’artisan du festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez. Bien dans son métier comme dans ses baskets, références bien ancrées et sourire extra-large se présente ici Arnaud de Gardebosc, programmateur hors-pair.
Né à Grenoble, Arnaud De Gardebosc arbore un large sourire derrière lequel on devine la concentration, le flair et la pertinence des choix. Programmateur, oserait-on dire de « père en fils », c’est en baignant dans l’industrie du cinéma qu’il décide de suivre la filière familiale, après un BTS commercial qu’il effectuera en alternance auprès du distributeur Pyramide, à Paris, avant de « redescendre » dans sa région natale. Lui qui enfant se rêvait vétérinaire voit à présent 2 films par jour, 400 à son actif, et surtout, il est l’artisan d’une programmation pointue et variée, pour faire de ce premier festival aixois une réussite voisine de celle de l’Alpe d’Huez.
Sensible, précis et dynamique
Programmer les bons films, ceux qui fonctionneront en salles, qui attireront les spectateurs, est bien plus qu’un métier technique. Il faut bien sûr de la passion pour le 7e art, une solide culture cinématographique, ce dont Arnaud de Gardebosc a semble-t-il hérité, et qu’il a surtout travaillé, alimenté, arrosé et fait grandir, avec patience et savoir-faire. Plutôt amateur de polars, curieux de découvrir des polars provenant de pays inconnus jusqu’ici, c’est à 18 ans qu’il a débuté dans ce métier, et il est certain que sans aimer le cinéma, le Festival n’aurait pu bénéficier de son œil expert. Quoique surprenant, selon son aveu, Arnaud, le féru de sport et de rap US, de nature et de musique, n’a pas une âme d’artiste. En revanche, il détient sans aucun doute, une grande sensibilité. « Il y a une partie artistique liée au film, la gestion des équipes, mais je n’ai pas d’âme d’artiste moi-même, sourit-il, j’aime ce que je fais. Il y a c’est vrai, une partie d’expertise et de sensibilité, il faut un regard pour savoir cibler la thématique rapidement, et surtout du recul : on ne programme pas pour soi, il y a des films qui ne me plaisent pas et que je programme quand même, c’est nécessaire d’avoir ce recul-là. » Avec une sélection présentant à la fois des comédies, des drames, des films plus légers, des courts et même des documentaires, le co-directeur de la programmation prend le pouls d’un public qu’il espère nombreux et curieux, pour ce rendez-vous du 7e art made in Savoie qui pourrait bien devenir un rendez-vous incontournable.
« On voulait faire quelque chose qui plaise à tous »
Pour cette grande première édition du Festival aixois, l’idée générale de l’équipe était de faire en sorte que tous les spectateurs s’y retrouvent. Car une fois les films en compétition choisis, le public est l’autre ingrédient de la réussite d’un festival de cinéma, d’autant qu’ils constituent le jury dans ce Festival, une grande première. Bien que celui d’Aix fréquente assidûment les salles obscures, la tendance générale est à la baisse de fréquentation des lieux de culture, les cinémas n’en faisant pas exception. « Les gens sortent moins, ils ciblent davantage, il y a moins de curiosité », alors que dans le même temps de nombreuses productions sont déjà achevées et attendent juste de sortir. A Aix-les-Bains, Arnaud de Gardebosc connaît le public, plutôt d’âge mûr ou familial. « La seule interrogation, ce sont les jeunes, vont-ils venir au festival ? » se questionne le programmateur de 43 ans. Pour réussir son pari, le festival devait donc proposer une sélection de films en compétition qui puissent toucher le plus grand nombre de spectateurs. « On voulait faire quelque chose qui plaise à tous, satisfaire tout le monde avec différents films dans chaque style, souligne Arnaud de Gardebosc, il n’est pas question de faire une sélection trop exigeante, nous voulions vraiment toucher tous les publics, avec des films populaires de qualité. Dans la sélection, le film de François Ozon est le plus exigeant de la série. Parmi les spectateurs de festival, les générations se succèdent, il y a un phénomène de découverte et les films sont généralement bien identifiés. Après même si ce n’est pas pour la majorité des films, c’est aussi l’occasion de faire connaître de jeunes auteurs, des gens qui démarrent, mais la programmation, nous la faisons pour le public avant tout. Une fois qu’ils sont venus et ont découvert des choses qu’ils n’ont pas l’habitude de voir ailleurs, ils sont davantage curieux dans le festival. » Juste après Aix, c’est Angoulême qui célèbre le cinéma francophone, une petite pression supplémentaire pour Pierre et Arnaud de Gardebosc, qui ont tout de même réussi le pari d’obtenir des films en première diffusion, des exclu : le talent. « Nous n’avons pas choisi de film par défaut, ceux que nous avons sélectionnés sont dans le cadre de ce que nous voulons faire pour ce festival. Ce qui est intéressant à mon avis, ce sont des films qui prennent des risques, qui amènent quelque chose. Je préfère ce qui bouge. » S’il reconnaît que la différence entre son regard de programmateur et de spectateur est ténue, parfois la casquette pro tombe et c’est le passionné qui reprend la main. Difficile toutefois de savoir à l’avance ce qui marchera ou non, quel film en compétition remportera l’AIXcellence, car le public est imprévisible, ce qui peut paraître paradoxal, dans le métier d’Arnaud.
Un métier qui prend tout son sens dans les cinémas, utile pour leur permettre de développer les entrées, l’identité art et essai des structures, de leur permettre d’être en phase avec leur public. « Je crois au cinéma, et pour cette raison, je pense que les gens peuvent tout à fait être au rendez-vous, le festival a aidé à ça. En tout cas, pour une première édition, je n’ai jamais vu autant d’énergie déployée ! » Avec un tel engouement, il ne reste plus que le public déroule le tapis rouge au festival pour que sa première édition soit réussie.
Pour retrouver l’ensemble de la programmation, les films en compétition, les informations pratiques, rendez-vous sur le site du Festival : festivalducinemafrancaisaixlesbains.com
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