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La gazette du Festival : du 7e art au 7e ciel culinaire à Aix-les-Bains

Par Laura Campisano • Publié le 25/06/22

Le dernier film en compétition porte véritablement bien son nom « la Dégustation », tiré de la pièce d’Ivan Calbérac, qu’il a lui-même adaptée, reprenant le même casting pour la grande joie des afficionados a été présenté au public vendredi 24 juin, devant un public nombreux et enthousiaste. Le festival du cinéma français d’Aix-les-Bains se joue en effet non seulement sur grand écran mais aussi dans l’assiette, dans une rencontre au sommet des étoiles du cinéma et de la gastronomie française.

Ah, le bon vin, les plaisirs de la table, les joies d’un bon repas, où, repus, les convives refont le monde. C’est tradition en France, encore plus en Savoie et ce n’est donc pas un hasard si ce festival réunit les bons crus du 7e art et les talents étoilés du département. A tel point qu’on ne sait plus qui régale qui, tant les comédiens et les chefs sont dithyrambiques et rivalisent de compliments, les uns pour les autres. A l’occasion de la projection du film  « La Dégustation » tirée de la pièce éponyme d’Ivan Calbérac, il n’a pas été très difficile de recueillir les confidences des uns et des autres sur leurs ressentis au Festival aixois.

Le fil(m) rouge ? L’amour, toujours…

Une partie de l’équipe du film « La dégustation » du réalisateur Ivan Calbérac (au milieu) Bernard Campan et Eric Viellard

Amour du bon vin, comme le personnage incarné par Bernard Campan, caviste à Troyes dans le long-métrage tiré la pièce jouée près de 300 fois par les mêmes comédiens, amour de la bonne chère, comme pour François Berléand et Charlotte Kady, que ce festival ravit, amour des gens, comme pour Marc Veyrat, le grand chef qui ravira les palais en ce dernier jour de festival… amour tout court entre Hortense et Jacques, en dépit des obstacles que la vie met sur leurs chemins respectifs, sur grand écran. « Le film est l’éloge du vin, de la dégustation, des sens, pas de l’alcoolisme dont le risque des excès est d’ailleurs démontré dans ce film, sourit Ivan Calberac, c’est à la fois une comédie et une tragédie, mais aussi la façon de mettre en avant les terroirs de France, les petits commerces de quartier, qui sont très importants pour moi. » D’amour, on l’aura donc compris il n’est presque question que de ça, puisqu’après tout quand on aime manger, on ne peut pas foncièrement être mauvais, paraît-il. « Je garde encore le souvenir merveilleux et gastronomique d’un repas de tournage chez Marc Veyrat à Talloires, s’émerveille Charlotte Kady, j’y avais dégusté un velouté tellement onctueux qu’en vous en parlant je ressens encore le goût sur mes papilles. Le velouté était vert tendre, avec des herbes des Alpages, j’en ai encore l’eau à la bouche. C’est un cadeau ce festival, qui allie cinéma et gastronomie qui sont des plaisirs émotionnels complémentaires. La découverte de tous ces chefs, cet accueil, c’est extraordinaire, nous sommes des enfants gâtés. » Cadeau partagé, puisque de l’aveu du Chef Veyrat, c’est également son ressenti. « C’est un cadeau surtout pour le public, être entouré de ces gens que j’admire, qui font des métiers extraordinaires, s’enthousiasme Marc Veyrat, ce qui nous lie c’est que nous sommes avant tout des passionnés qui aimons les autres. Si vous n’aimez pas les autres, il faut changer de métier. J’ai consacré ma vie à faire plaisir et je ne regrette rien, j’ai rassemblé tant de grands de ce monde autour d’une table, des présidents, même des ennemis jurés, les uns en face des autres. Il n’y a que la table qui peut faire ça, il ne faut juste pas tricher, les tricheurs sont rapidement évincés. » Samedi soir, pour le dernier repas de gala de cette première édition d’un festival de haut-vol, Marc Veyrat se mettra aux fourneaux aux côtés du chef Antoine Cevoz-Mamy de l’Incomparable, « de manière bénévole, car ce festival le vaut bien. » Niveau « enfants gâtés » et bien-aimés, nous voilà bien servis.

Tous conquis, le parrain du festival aussi

Laurent Gerra, François Berléand, Marc Veyrat et Gérard Krawczyk

Conquis par l’attachante Hortense, le Jacques imaginé par Ivan Calbérac, même si c’était loin d’être gagné, tant il avait cadenassé son cœur comme son Château-Petrus au coffre. Mais c’est tout le sel de cette rencontre qui va dégager les arômes d’une adaptation réussie : c’est comme si la pièce avait été « augmentée », les décors se sont ouverts, les personnages secondaires se sont incarnés, de nouveaux sont apparus, en somme, on est bien sortis du huis-clos pour ouvrir un champ de possibles interprété avec talent par Isabelle Carré, Bernard Campan et Eric Viellard, qui ont réussi à faire sortir leurs personnages du cadre théâtral, à en juger par les rires et applaudissements nourris qui ont retenti dans la salle. Outre la présence d’une productrice aixoise, le film fait également la part belle à la musique, avec une chanson originale made in Savoie, à Ruffieux exactement, composée et interprétée par Romain Vignes (ça ne s’invente pas) mais aussi ce grand classique de Sydney Bechett, « Petite fleur », point d’orgue d’une romance entre les personnages principaux. « Jouer cette histoire au cinéma, c’est une autre façon de jouer avec nos partenaires, expose Bernard Campan, on peut tout proposer, c’est très agréable, car on puise des idées pour danser ensemble sur la même musique. Il y a beaucoup d’humanité, de sincérité, entre nous, nous sommes une famille d’acteurs, il y a quelque chose de très familial. » Est-ce la lumière, le reflet sur les vignes, l’ambiance chaleureuse qui domine les rapports entre les différents personnages, malgré les frictions liées à la vie, tout simplement ?

Charlotte Kady, et la violoniste dont on entend la musique dans le film La Dégustation

En tout cas, côté public, cela fonctionne. Parmi le public, souvent, se glisse François Berléand, parrain de ce festival « goûtu » qui ne se lasse pas de contempler, de goûter, d’apprécier, de se délecter même de ce que chaque journée peut lui offrir. « Je suis très honoré et fier d’être ici, nous a-t-il affirmé, sourire aux lèvres, car il y a à la fois la gastronomie, pas de jury, vu que c’est le public qui vote et on fait le cinéma pour le public. Quand on m’a parlé de gastronomie, j’ai dit oui tout de suite, et quand j’ai appris que c’était le public qui votait, ça m’a d’autant plus convaincu. A tous les niveaux, ce festival est un régal*. » « Bien sûr qu’on va revenir, parler du festival, c’est un sacré baptême pour une première édition, reprend Charlotte Kady, toute l’équipe est merveilleusement à l’écoute, la sélection est d’une grande qualité, il y a tous les ingrédients pour que ça marche et nous devons en être les premiers ambassadeurs. » Un régal, donc, à tout point de vue.

 

* Il faut dire que chaque soir, ce ne sont pas n’importe quels chefs locaux qui ont rivalisé d’inventivité pour faire vibrer les papilles des convives : Antoine Cevoz-Mamy chef de l’Incomparable à Tresserve, Pierre et Valentin Marin du Lamartine, une étoile au Michelin, David Loisel, 3 toques Gault et Millau et Cédric Campanella du 59 à Aix-les-Bains, Vincent Favre Felix, 1 étoile au Michelin et enfin, Marc Veyrat, accompagné d’Antoine Cevoz-Mamy, pour le dernier feu d’artifice gustatif. Au Centre culturel et des congrès, d’autres grands crus, qu’ils soient côté café que côté cave, puisque la Maison Cavaillé et Terroirs cafés étaient au rendez-vous chaque soir, Sébastien Fautrelle a concocté un festival chocolaté et les abeilles de Chanaz ont même concocté un miel pour l’occasion.

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