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Le festival du cinéma français d’Aix-les-Bains au rendez-vous des gastronomes

Par Jérôme Bois • Publié le 01/06/22

Le cinéma est une affaire de goût. Comme tout art, il est un savant équilibre entre ingrédients, savoir-faire et assaisonnement. Il rassemble, donne à réfléchir, prête à discussion, divise mais jamais il ne laisse indifférent. Il se consomme même paresseusement, c’est dire à quel point il s’adresse à tous. Le festival du cinéma français d’Aix-les-Bains approche, et ça tombe bien, il a des choses à nous dire, quel que soit notre attrait pour le 7e art. Et mieux encore, il vous nourrira, au figuré comme au sens propre…

Par un étrange maléfice, l’art culinaire ne figure pas dans la classification des arts dans lequel le cinéma se place au 7e rang. Peut-être parce qu’il est une synthèse, qu’il fait appel à tous vos sens, parce qu’il est scénique autant que visuel, sculptural autant que musical. On en ferait volontiers notre 11e, ce qui est loin, cependant, d’honorer son importance et sa prépondérance dans nos existences.

Une affaire de goût

Alors, peut-être conscient de cet oubli fâcheux, le festival aixois s’est-il mis en tête de dresser un pont entre les deux : le cinéma et l’art culinaire, un festival où la gastronomie à sa place autant à l’affiche que dans les thèmes traités sur grand écran. Une grande bouffe, orgiaque où cohabitent fines gueules et dévoreurs de pellicules. Le programme est maintenant connu, tout juste manquera-t-il une cerise à poser sur cet énorme gâteau le samedi soir, en clôture. On attend, les papilles aux aguets.

Jean Gabin et Lino Ventura, à qui un documentaire hommage sera dédié, deux fines gueules.

Sinon, au-delà des invités d’honneur (François Berléand, Daniel Prévost, Clémentine Célarié, Marie Fugain, Laurent Gerra, Tom Leeb…), les hors d’œuvres seront des courts, des longs, des péloches signées Pierre Salvadori, François Ozon, Bruno Chiche, Enya Baroux, fille d’Olivier Baroux, Mohamed Hamidi, mettant en scène Pierre Arditi, Kad Merad, Miou-Miou, Pio Marmaï, le Comte de Bourderbala, Vincent Dedienne, Yvan Attal, Stacy Martin… Le genre d’artistes que vous pourriez tout à fait croiser par hasard dans les rues aixoises fin juin. Il y aura du documentaire à la pelle, hommages aux grands noms du cinéma français, projetés au cinéma Victoria (Lino Ventura, Jeanne Moreau, Louis de Funès, Alain Delon, Robert Hossein, François Chalais…)… Oui le cinéma est une affaire de goût mais lorsqu’il s’offre sous toutes ses formes, lorsqu’il rassemble les saveurs, il devient un ingrédient de la recette du bonheur. Et accolé à la bonne chère, qu’acteurs et actrices chérissent, il se fait orgasmique.

Avec ses compères Jean Gabin et Bernard Blier, Lino Ventura avouait « mieux se tenir à table qu’à cheval, parce que la bonne bouffe, à tous les trois, c’était du sérieux ». Fine gueule, exigeant sur la pasta, l’acteur était un tenant des tables gourmandes. Tout comme Louis de Funès, qui avait souffert de la faim pendant la guerre, et qui a depuis toujours entretenu un rapport privilégié avec la nourriture. Pas un hasard du reste si celle-ci revient à l’envi dans ses films, du « Grand restaurant » à « la Soupe au chou »… A tel point que par la suite, il décida « de ne pas bouder les plaisirs simples de la vie » , disait de lui Alain Kruger, commissaire de l’exposition « Louis de Funès » à la Cinémathèque de Paris. Jean-Claude Brialy, lui, a même possédé son propre restaurant, « l’Orangerie », sur l’île Saint-Louis, qu’il tint 40 ans, quand François Berléand s’avoue à la fois gastronome, amateur de bons vins, éminent spécialiste du gratin et également parrain de l’association française des maîtres restaurateurs. « L’Almanach gourmand » signé Laurent Gerra narre ses mémorables aventures culinaires avec quelques personnalités de premier choix, de Johnny Hallyday à Quentin Tarantino tandis que Daniel Prévost reste dans l’imaginaire collectif l’invité inattendu d’un Dîner de cons, chez Francis Veber. Tous ou presque, parmi les nombreuses vedettes du 7e art présentes en vrai ou en hommage, ont trempé, directement ou non, dans l’art de la table. Pas étonnant, dès lors, que le festival se fasse lieu de convivialité autour de quelques éminences gastronomes du cru.

Village, délices et maîtres queux

Car oui, le cinéma est une chose, s’en remettre ou en discuter en est une autre. Et quel meilleur endroit qu’autour d’une table, entre amis ou entre connaisseurs ? Chaque soir que durera l’événement aixois, les convives, spectateurs ou curieux, seront accueillis par les meilleurs faiseurs du coin, artisans du calibre de Pierre et Valentin Marin (1 étoile au Michelin), de l’Annécien Vincent Favre-Félix (1 étoile au Michelin), de Cédric Campanella (le 59 à Aix), de David Loisel, du Château de Candie, de Marc Veyrat, l’inénarrable, de Frédéric Berthod (le 33 Cité), d’Antoine Cevoz-Mamy, de l’Incomparable, d’Anthony Bisquerra (l’Alpaga, 2 étoiles au Michelin), de Christophe Marguin (le Président), un parterre riche en saveurs, que vous soyez aile ou cuisse, jarret ou croupion, maitre-queux ou marmiton.

L’impayable Cheval, à table !

Le jury, les acteurs, les équipes des films seront conviés, chaque jour, à un déjeuner en un lieu différent : l’Incomparable, le Lido, la Maison du pêcheur, la Plage, l’Aquarium. Au centre des congrès, le village du festival sera l’occasion de (re)découvrir des producteurs locaux, les chocolats de Sébastien Fautrelle, le miel de la Péniche aux abeilles, le thé bleu-blanc-rouge du festival, signé le T, les glaces Renzo et le café spécial du festival signé Terroir Café, les macarons de Bastien, les bières de la brasserie Caquot, parce qu’on aimerait tous ressembler « à ce type de gars qui a une bouteille à la main » , disait Charles Bronson de lui-même. On aimerait tous être Charles Bronson, en vérité, avouons-le.

Puisque l’ambition est d’ « avoir le ‘waouh’ » , soulignait l’artiste Léloluce, créatrice des 11 Aix’cellences, les trophées remis lors de la soirée de clôture, gageons que ce sera autant par le plaisir de l’œil que du palais.

Pensez juste à nous dire si la blanquette était bonne… autant que faire se peut.

Pour en savoir plus

Du 21 au 25 juin, au centre des congrès, cinéma Victoria et aux Toiles du Lac, le 1er festival du cinéma français d’Aix-les-Bains. Un événement éco-responsable, gastronome et hommage à l’art cinématographique made in chez nous.

Le parrain sera François Berléand, la cérémonie d’ouverture aura lieu à 19h30 le 21 juin avec projection de Maestro(s), long-métrage de Bruno Chiche avec Pierre Arditi, Yvan Attal et Miou-Miou. Clôture le 25 avec projection d’un film hors compétition pas encore révélé.

Plus d’infos sur www.festivalducinemafrancaisaixlesbains.com

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