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Législatives : Christel Granata, une factrice à l’Assemblée ?

Par Laura Campisano • Publié le 09/06/22

Si ce nom vous dit quelque chose c’est que vous êtes déjà intéressé à la vie politique locale, car Christel Granata n’en est pas à son premier engagement : militante au PCF depuis plusieurs années, elle était également sur la liste de Cécile Cuckiermann aux élections régionales de 2021, sans pour autant siéger compte tenu du nombre de sièges à pourvoir. Enthousiaste, motivée, la candidate aux législatives accompagnée de son suppléant Grégory Pineau, croit en sa chance de convaincre sur la 1re circonscription de Savoie, par sa proximité et sa connaissance du terrain : un des avantages à distribuer le courrier dans les petites communes, sans doute.

Christel Granata a le sourire dans la voix et la proximité de ces candidats que l’on a le sentiment de connaître depuis toujours. C’est une des qualités qu’elle a nourri depuis qu’elle officie à La Poste, en tant que factrice sur les territoires ruraux et de montagne. Le terrain, les petits villages, les gens, elle en a l’habitude et la passion, et c’est d’ailleurs dans le village où elle a grandi qu’elle est revenue s’installer, à Saint-Béron, exactement.

Une rencontre qui dure avec le PCF

Née à Lyon, la candidate aujourd’hui âgée de 47 ans, a toujours vécu en Savoie, notamment à Saint-Béron qui l’a vue grandir, et où elle demeure encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs à l’Université Savoie-Mont-Blanc qu’elle obtient en 96 une licence d’histoire, avant de partir à la conquête des Pays-Bas durant deux années. En rentrant de son périple, la jeune Christel prépare le concours pour devenir factrice et démarre sa carrière à Lyon, durant cinq années, avant d’être nommée à Saint-Pierre-d’Entremont, où elle restera 8 ans. Depuis, elle a sillonné les petits villages et les coins plus reculés, où la visite du facteur est souvent attendue avec entrain. « J’aime bien les petits villages, sourit la candidate qui a traversé en long et en large Saint-Béron, les Echelles, Saint-Laurent-du-Pont, Saint-Jean-de-Couz, Entremont… car ils représentent toute mon enfance, c’est un lieu de vie que j’aime bien. Je fais actuellement des remplacements, j’ai une douzaine de tournées différentes, notamment en Chartreuse. »  Actuellement en congés pour assurer la campagne, ce qui lui est permis par son emploi, elle a troqué les courriers et colis contre des tracts et des poignées de main. A moins que ce ne soit aussi, son quotidien de militante.

Issue de parents communistes, pétrie d’une culture syndicale, Christel Granata est en effet elle-même arrivée dans la politique en 2002, à la suite d’un second tour Chirac-Le Pen qui a marqué un tournant dans l’histoire politique du pays. C’est là qu’elle descend dans la rue, comme de nombreux français à l’époque, pour s’opposer à une potentielle victoire de Jean-Marie Le Pen. C’est aussi là que démarre sa propre histoire avec le Parti communiste Français. « C’est le parti qui aide les pauvres gens, qui combat le capitalisme, il représente un idéal pour moi, argue-t-elle, à l’époque déjà, j’ai ressenti une connivence avec le parti, c’était plus facile d’adhérer. » C’était il y a 20 ans, depuis, la jeune femme idéaliste qu’elle était est devenue secrétaire de section à La Bridoire, pour tout l’avant-pays Savoyard, depuis dix ans déjà, dans laquelle elle compte 25 adhérents. « Nous travaillons l’idée de démocratie, le débat d’idées, expose-t-elle, chaque adhérent s’exprime. » C’est donc tout naturellement que cette militante bien connue sur le secteur a été désignée par la fédération de sa circonscription pour faire partie de l’union de la Gauche qu’elle avait si ardemment espérée. « J’avais une chance sur 54 d’être désignée, car j’avais donné mon accord, expose-t-elle, dans la négociation avec les autres forces de gauche, la Fédé a expliqué qu’elle avait des candidats prêts dans le cadre des élections. Comme l’idée était d’avoir un candidat commun par circo, la Fédé a donné son accord de principe pour que j’y sois, puis l’accord national a été donné pour qu’une candidature PCF soit investie Nupes* en Savoie. Cette union j’y croyais, je la désirais, c’est une union inédite et historique, j’espère que nous auront les voix réunies pour enfin obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale, avec laquelle le gouvernement devra composer. » 

« Je vis la même situation que les électeurs, je les comprends »

Mère de famille, à la tête d’une petite équipe de trois enfants, déléguée parent d’élèves, Christel Granata ne fait décidément rien à moitié. Avec son mari, artisan de profession, ils ne cumulent pas de gros revenus et c’est, selon elle ce qui la rapproche des électeurs. « Je vis la même situation que les électeurs, je les comprends, explique-t-elle, notamment des 40% en Savoie qui vivent en zone rurale, puisque la plupart des communes comptent moins de 3 500 habitants. Les problèmes liés à la ruralité, je les connais bien, par mon métier de factrice, par mon quotidien. »

Sa chance, c’est d’être épaulée par un mari militant, qui la soutient à 100%, un père présent pour ses enfants, qui prendra naturellement le relais si sa femme est élue députée de la Savoie. « Je ne compte pas passer ma vie à Paris, rassure-t-elle, je serai une élue de terrain, avec les usagers, sur place. Paris, c’est une autre ambiance, mais je me dis pourquoi pas découvrir ? » 

Très attachée à la défense du service public dans sa globalité, Christel Granata estime que l’heure est arrivée pour elle, comme si toutes les expériences que la vie lui a envoyées lui avaient prodigué une certaine maturité. « Cette campagne, je la trouve enrichissante, estime-t-elle, quoiqu’il arrive dimanche, ce sera toujours du positif pour moi. » Fairplay, en effet, un discours que l’on entend peu dans des campagnes souvent difficiles où le ton monte très vite. Pas de cela ici, mais des réunions publiques sous forme festive, suivies ou précédées de petits concerts, de diffusions de films et d’échanges avec les électeurs. Peut-être que cette sérénité lui vient de son contact régulier avec la nature, de ses randonnées au grand air, ou du besoin de cultiver elle-même son potager pour vivre en auto-suffisance, et donc en cohérence avec ses convictions ? Toujours est-il que Christel Granata avance tranquille, confiante, vers une fonction nouvelle mais qu’elle espère plus qu’elle la redoute. Une certaine idée de la gauche, une certaine idée de la représentativité à l’Assemblée : une factrice députée ? Et pourquoi pas finalement ?

* Au sein de la Nupes, aucun parti n’est mis en avant, mais étant une union et non un groupement, il existera un groupe parlementaire pour le PCF à compter de 15 députés élus, ainsi qu’un groupe interparlementaire de la Nupes. « Plus on a de députés, plus on peut faire de choses » a expliqué la candidate.

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