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Législatives : Nathalie Krawezynski, l’autodidacte engagée
Par Laura Campisano • Publié le 08/06/22
Sur la 3e circonscription de Savoie, Nathalie Krawezynski se présente sous la bannière de la nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) avec William Dezettre avant toute chose pour le respect du bien commun, « la coopération plutôt que la compétition ». Entourée d’une équipe de campagne dévouée et soutenue par des élus de sa circonscription, cette nouvelle arrivée sur le terrain politique a bien l’intention d’apporter sa pierre à l’édifice de l’Assemblée nationale et de ne pas s’en laisser conter.
De sa première grève de collégienne à sa candidature aux législatives, Nathalie Krawezynski a appris, emmagasiné de l’expérience, parfois dans des conditions difficiles et d’autres au contact de personnes inspirantes. C’est avec tout son parcours qu’elle se présente, humblement, au suffrage de ses concitoyens. Agent d’accueil dans un lycée professionnel privé, elle a puisé dans sa curiosité insatiable l’énergie de travailler en faveur du plus grand nombre.
Autodidacte de la politique
Née à Toulouse, la jeune Nathalie grandit dans la cité des Izards, dans une famille aux origines très variées : franco-espagnoles du côté de sa mère, puisque sa grand-mère est espagnole basque, et polonaises côté paternel, comme son patronyme le laisse entendre. Après avoir arrêté ses études en 1ère, pour enchaîner des petits boulots, elle les reprendra à 46 ans, pour obtenir un bac professionnel dans le lycée où elle officie aujourd’hui. En 1986, c’est pour elle la toute première manif’, où elle fait la connaissance de la ligue communiste révolutionnaire (LCR) ancêtre du NPA (nouveau parti anti-capitaliste) qui la forme à la politique. « Nous étions dans la rue contre le projet de loi Devaquet, qui introduisait une sélection à l’entrée de l’université se remémore celle qui avait démarré un premier mouvement de grève au collège, la mort tragique de Malik Oussekine a été un gros choc pour tout le monde » En effet, cet étudiant de 22 ans avait trouvé la mort dans la charge policière lancée par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Charles Pasqua, ce qui avait conduit le chef de l’Etat, Jacques Chirac, à retirer la réforme. Toujours est-il que cette expérience a marqué à jamais la candidate qui depuis n’a eu de cesse que de se documenter sur la chose publique. « Je suis une autodidacte de la politique, extrêmement curieuse, je creuse beaucoup. Quand je rencontre des personnes, que j’entends des idées, je cherche, je me documente ». C ‘est ainsi qu’elle découvre les travaux du sociologue Bernard Friot, et l’idée d’un salaire à vie, dans la suite logique de la sécurité sociale, du salaire mutualisé et des entreprises gérée par les salariés. « Ce n’est pas communiste, c’est plutôt communard, sourit Nathalie Krawezynski, les idées des anarchistes au sens vrai du terme, basées sur l’économie et l’entraide, le bien commun. On est sur une base marxiste, avec le côté anarchiste, c’est l’économie par l’entraide, comme le souligne également Pablo Sévigné. Dans le vivant, les espèces qui arrivent à survivre sont celles qui coopèrent, pas celles qui se referment sur elles-mêmes. Je suis pour la coopération plutôt que pour la compétition. » Son objectif est donc clair, la coopération doit primer et cela doit passer par la justice sociale, « pour libérer la tête des gens, on ne peut pas leur parler d’autres sujets s’ils n’arrivent déjà pas à boucler leur fin de mois. » estime-t-elle. Sur sa circonscription, ce sont quelque 30 000 personnes qui vivent entre le seuil de pauvreté et le début de la précarité. Un vrai sujet pour la candidate. « Ce qui m’importe, c’est que le programme gouverne, que l’union populaire qui a grossi la société civile, la vraie, soit aux commandes. Il manque un lien entre le parlement et le peuple, c’est ce lien que l’on souhaite créer, car le Parlement est hyper important, » tonne-t-elle.
Arrivée en Savoie il y a quelques années, mère de trois enfants qu’elle a élevés seule sans en tirer de gloire, car elle ne souhaite pas cultiver la « culture du sacrifice » , Nathalie Krawezynski a connu ces moments de galère, entend et comprend. A 53 ans, elle s’est engagée après une mûre réflexion « parce que si je m’engage, c’est à fond, sourit-elle, je ne touche pas terre, je suis partout, à la rencontre des gens mais je ne veux pas le faire n’importe comment ni faire n’importe quoi. Et je devais aussi en parler avec mes enfants. » Militante durant les présidentielles, elle a créé un groupe d’action dès décembre 2021, avant d’être désignée chef de file tout comme son suppléant, « au consensus » par les militants.
« Je ne crois pas au grand soir »
Elle ne se voit pas en femme providentielle, ne « croit pas au grand soir », elle ne promettra pas monts et merveilles pour se faire élire. Sa méthode est au contraire basée sur le quotidien, la réalité de terrain qu’elle espère faire monter du local au national. « Mon but est de gagner la circonscription pour gérer l’aménagement montagne, le logement, la pauvreté, le Lyon Turin, que nous estimons inutile et écologiquement dangereux pour nos réserves d’eau, » précise Nathalie Krawezynski, cela fait 30 ans que ça traîne, ça crée des conflits, en dépit des études, en dépit de la commission d’enquête parlementaire. Il faut que l’on arrive à tirer les choses au clair. « A ses côtés, William Dezettre, 47 ans, paysan maraîcher bio résidant à Arvillard et ancien trésorier de la confédération paysanne après une reconversion professionnelle » pour nourrir le monde, souligne sa co-candidate « c’est un véritable activiste, engagé ». Ensemble, ils peuvent compter sur une équipe solide, dévouée. Et ce dévouement est à la hauteur de celui de la candidate pour son engagement politique. « Ce qui a construit ma conviction, celle que j’ai chevillée au corps, c’est tout mon parcours personnel, les boulots alimentaires, j’ai vu beaucoup de choses, je crois que je suis devenue sage » dit-elle dans un sourire espiègle, ce qui m’importe, c’est d’œuvrer. J’ai découvert ça dans cette campagne, redonner confiance aux gens, leur donner confiance en leur intelligence de vie, être vraiment leur représentante : leur dire que si j’ai réussi, si je peux le faire, ils peuvent le faire aussi. Il faut que l’on reprenne les rênes. «
Sur le front du Roc Noir
Consciente de ne pas être aussi connue que certains de ses illustres concurrents même si de nombreux soutiens se sont déjà manifestés, Nathalie Krawezynski a décidé d’en prendre le contre-pied, en organisant des apéro-débats, au pied des immeubles, après le porte-à-porte. Son mandat, si elle remporte le suffrage, elle le souhaite révocable, en passant un contrat avec les électeurs. « Si au bout d’un an quand je présenterai mon bilan les gens ne sont pas satisfaits, je démissionnerai. » à l’instar de ce qu’avait déjà mis en place le député insoumis François Ruffin, « je compte dire ce que je vais faire, écouter ce que les gens disent, et nous allons aussi mettre en place deux permanences parlementaires, ainsi que des ateliers citoyens où les gens tirés au sort parleront de problèmes qu’ils rencontrent, afin de trouver ensemble des solutions. Si on me vole l’idée ? Tant mieux : il y a des gens qui ne s’intéressent plus à la politique, ce que je souhaite, c’est défendre la démocratie. »
Sur sa circo, la candidate a du pain sur la planche, et souhaite dès le départ de son mandat s’attaquer au paquebot du « Roc Noir » à La Ravoire, un caillou dans la chaussure, « puisque le PLUI mentionne toujours ce terrain comme une zone commerciale, alors que le projet a été initié en 2007 par Patrick Mignola qui était alors maire, reprend-elle, sur ces cinq hectares, il aurait été possible de placer une légumerie, une cuisine centrale, une école d’éco-agriculture, une petite coopérative d’activités pour jeunes paysans, comme le porte Gérard Blanc, à Ecoexistons La Ravoire, lesquels ont été les premiers à nous avoir soutenus. » Un sujet sur lequel les thèses s’opposent, notamment celle portée par le maire actuel, Alexandre Gennaro, qui lui a vertement répondu sur les réseaux sociaux. « Aujourd’hui, tout le monde sait qu’il n’y a plus de projet de centre commercial au Roc Noir. Les députés ont adopté en avril 2021, l’article 52 du projet de loi Climat et résilience, qui vise à interdire la construction de grands centres commerciaux en périphérie des villes, au nom de la lutte contre ‘l’artificialisation’ des sols. Une fois de plus, on ne vous a pas attendu pour prendre les bonnes décisions ! » Ce à quoi la candidate a répliqué que « remettre en cause la sincérité de ma démarche politique ne répond en rien aux demandes des habitants concernant le Roc Noir notamment. Y répondre par le mépris et le procès d’intention est une stratégie bien huilée de politique politicienne qui conduit à la situation d’abstention que nous connaissons aujourd’hui. Je vous fais part d’une demande de clarification émanant des citoyens-citoyennes et qui ne date pas de la période des élections, ne vous en déplaise. » Voilà qui, en cas de victoire, promet de beaux débats sur le terrain, pas uniquement maraîcher, visiblement.
Toujours est-il que pour marquer le coup de sa campagne, avant le premier tour et ancrer sa présence, son équipe de campagne et elle-même ont organisé une grande réunion de clôture le 10 juin, à Barberaz, précédée d’un nettoyage citoyen de la ville, suivie d’un grand apéro-débat sur l’écologie également diffusé en Facebook live. Nathalie Krawezynski y croit fermement, rien ne se fera sans les habitants, qu’ils soient sur le bassin chambérien ou en Maurienne. C’est en tout cas le projet qu’elle défend, elle qui en politique était partie de rien, et se retrouve aujourd’hui peut-être à quelques voix d’un poste au Parlement.
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1 commentaire
BLANC Gérard
08/06/2022 à 23:48
Concernant l'affirmation de Mr Gennaro qu'un projet commercial au Roc Noir est de fait maintenant impossible vu l'art 52 de la loi Climat et Résilience, c'est inexact car il y a des dérogations conditionnelles possibles pour les projets de moins de ...10 000 m2. Face aux doutes et inquiétudes légitimes des citoyen.nes, pourquoi ne pas "bétonner" cet engagement de non urbanisation du Roc Noir, simplement en le reclassant en zone agricole dans le PLUI-HD ? Puis en lançant un appel à projet pour des projets agricoles innovants (production maraichage bio pour vente directe et cantines, légumerie et atelier de transformation, espaces pédagogiques,...) ? CHICHE ! https://www.polygone.fr/.../loi-climat-et-resilience.../