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Marie-Annick Grandhomme, le commerce généreux
Par Laura Campisano • Publié le 25/07/22
Elle fait aujourd’hui la Une des médias locaux grâce à sa création textile avec « Aix-les-Bains Riviera des Alpes », mais Marie-Annick Grandhomme est une commerçante dans l’âme, que les Aixois connaissent bien, depuis son arrivée en 2008 sur le territoire. Enjouée, généreuse et surtout avec un sens inné du commerce, cette autodidacte aime la ville qui lui a ouvert les bras et le lui rend bien.
De mémoire, Marie-Annick Grandhomme a toujours travaillé dans le commerce, déjà étudiante, elle faisait les tournées de pain en camion dans la campagne amiennoise. Car même si elle semble aixoise en tout point, ce qu’elle devenue en 15 ans, la pétillante commerçante est née à Amiens, « comme Jean-Pierre Pernaut » sourit-elle. Et pour cause, elle a servi le pain au célèbre journaliste durant plusieurs années dans le village de Nampty, ce qui a créé un attachement particulier à ce visage de la télévision française. Autodidacte, elle n’a jamais appris le commerce, elle l’a tout simplement dans le sang. Avec son bac scientifique et sa capacité en droit sous le bras, c’est sa détermination et son esprit d’entreprise qui l’ont menée là où elle est aujourd’hui.
De défis fous en commerces florissants
Marie-Annick a toujours entrepris, créé, mis en place des projets, c’est une fonceuse et elle aime se dépasser, même si parfois, cela a pu lui coûter cher. Au départ, après son bac S, la jeune Marie-Annick rêve d’intégrer Sciences-Po’, mais il fallait monter à Paris et sa famille n’avait nullement les moyens de l’y encourager.
Alors, elle ne cherche pas à passer le concours, bien que passionnée de géopolitique et de sciences politiques, mais n’en veut à personne pour autant. Au contraire, elle est fière de ses origines. Un père issu d’une famille de cultivateurs, une fratrie de 13 enfants, et plus d’une centaine d’hectares à gérer, une mère issue d’une famille d’ouvriers du textile du Nord de la France dont elle dira « Je suis très fière de ces origines picardes, agricoles et ouvrières, c’était une famille modeste certes mais elle m’a inculqué les valeurs, le respect. » Son père s’occupait de ramasser le lait, avant d’entrer en 1968 dans une usine Philips, où il a passé 30 ans. « C’était l’époque des belles années de l’usine, ça lui a changé la vie, et celle de ma mère par la même occasion, se remémore Marie-Annick, elle était couturière d’ameublement et en avait assez de ne jamais voir mon père, avant qu’il n’entre à l’usine. Nous étions trois sœurs, et après s’être occupée de nous, elle a repris son activité, qui était aussi celle de ma grand-mère d’ailleurs. »
Personne dans le commerce donc, personne pour l’épauler ou lui donner des « billes » pour créer ses sociétés, puisque ses sœurs sont fonctionnaires toutes les deux et que du côté de son mari, c’est également la fonction publique qui occupe la famille. L’été 91, Marie-Annick travaille chez Mammouth au rayon électro-ménager, en qualité de secrétaire et fait la rencontre d’un des vendeurs de machines à laver, un certain Valéry, qu’elle va ensuite épouser, et avec qui, à l’âge de 26 ans, elle va créer en tant que gérant-mandataires, un Etap Hôtel dans l’Est parisien, en Seine-et-Marne. « A l’époque, Accor était le premier groupe européen, se souvient Marie-Annick, il fallait un couple avec une carrure physique et mentale pour aller implanter un Etap Hôtel en région parisienne. Après une formation on s’est lancé dans l’aventure, j’y croyais dur comme fer ! Une fois sur place je me suis dit qu’on n’y resterait pas plus d’un an, on y est resté 15 ans. Grâce au soutien de mon banquier, que je n’oublierai jamais, nous avons pu réaliser l’opération. Mon mari, tout comme moi, n’était pas diplômé du commerce, il avait un DEUG langues étrangères appliquées, c’est un littéraire absolu ! Nous avions 100 chambres à gérer seuls, avec les femmes de ménage, mais c’était une sacrée période : nous avions 35% de fréquentation en plus, dès la première année, reçu des gens du monde entier, je me souviens j’avais même une carte du monde où je notais d’où venaient les clients, puisque nous n’étions pas très loin de Disneyland Paris. Surtout, j’ai appris à aimer Paris dans les yeux de mes clients, aujourd’hui je suis une inconditionnelle de Paris. » Durant 15 ans, Marie-Annick et son mari vont faire marcher l’hôtel avec brio, avant de décider de changer de décor, pour de nouveaux défis.
La Savoie, sa douceur de vivre et ses belles rencontres
Originaires tous deux de Picardie, il y avait peu de chances qu’ils atterrissent en Savoie, et pourtant…« Chaque été, mon mari est allé en vacances au lac d’Annecy depuis petit, et il avait la volonté absolue de venir s’installer en Savoie et Haute-Savoie. Alors nous avons commencé à nous y intéresser, c’était bien avant la crise. J’ai découvert le » le jardin des Fleurs «, ça m’a intéressée. Alors à 38 ans, tout en travaillant à côté à l’hôtel, j’ai repris mes études pour obtenir mon CAP fleuriste à Bordeaux. Nous avons réservé le local durant deux ans, à côté du rond point à Aix-les-Bains, avant d’ouvrir le 15 octobre 2009. Après des péripéties avec les banques, nous avons fini par obtenir un financement dans une autre banque que la mienne, j’étais tellement vexée qu’ils aient refusé de me soutenir ! Nous avons donc ouvert » Le jardin des Fleurs « à Aix-les-Bains, et en une année encore une fois, nous avons dépassé de 42% le prévisionnel. C’était une réussite incroyable, qui m’a appris que dans la vie, tu ne réussis pas si tu n’as pas des personnes autour de toi. J’ai fait des erreurs, mais en même temps, j’ai appris beaucoup de choses. J’ai fait des erreurs, certainement. Quand tu gères du frais, tu sais tout gérer. Je ne serai pas ce que je suis aujourd’hui sans ça, même si je n’étais pas assez disponible pour mon fils à cette période : je travaillais tout le temps, je ne vivais pas, j’avais une obsession absolue de ma vie professionnelle. Bien sûr à 30 ans, on ne sait pas ce qu’on vivra à 50… »
La réussite est immédiate, les fleurs se vendent par brassées, la magie des fleurs, cela opère toujours, quel que soit le budget. « Ce qu’il y a de magique avec les fleurs, c’est qu’on accompagne les gens tout au long de la vie, de la naissance à la mort, avec un budget de 1,50 à 3 000 euros pour les mariages par exemple. Moi, j‘étais entourée de personnes adorables, j’ai embauchée une fleuriste sortant de l’école et elle est restée jusqu’au bout avec moi, c’est-à-dire 6 ans, sourit-elle. La ville d’Aix-les-Bains m’a ouvert ses portes tout de suite, on ne peut pas que demander à une ville, on doit lui donner aussi. » Ce qui donne un indice pour la suite…
C’est donc par amour que Marie-Annick a découvert la Savoie, en dehors des Menuires à Val Thorens où en « bons parisiens », le couple venait skier chaque année, durant 15 ans. « Nous avons choisi l’endroit, et adapté le travail ensuite », explique la commerçante, qui a gardé les lettres de ses clients quand elle a cédé la boutique de fleurs. « J’ai arrêté parce que j’étais dans un tourbillon de folie, j’ai eu peur d’avoir un burn-out au bout de cinq ans, je ne vivais qu’à travers mon travail, mon fils ne me voyait plus… »
Un hommage à Aix-les-Bains… original
Après 20 ans sans s’arrêter, Marie-Annick prend une année sabbatique pour faire le point, quand l’opportunité d’acquérir le local de la Panière, rue de Genève, se présente à elle, sans qu’elle sache ce qu’elle allait mettre dedans. « Je me demandais : que puis-je apporter à ma ville ? Il n’était pas question que j’y mette un nouvel opticien ou une agence de voyage. Je voulais apporter à Aix-les-Bains quelque chose dont elle avait besoin, il faut se diversifier, tant sur la gamme de prix, les services, sinon les gens vont dans les grandes villes et on perd des clients, explique-t-elle, je suis toujours contente quand des jeunes ouvrent un nouveau commerce et que c’est une nouveauté, quelque chose qui ne se faisait pas à Aix. Cela offre aux habitants quelque chose de nouveau. » Après avoir fait le tour des boutiques qu’elle pouvait implanter dans la cité thermale, c’est « Arthur », qui a tiré son épingle du jeu. Le 19 mai 2017, elle ouvre sa boutique en tant qu’affiliée de la marque (c’est-à-dire que tout lui appartient sauf le stock, NDLR) ce qui l’aura bien aidée durant le confinement.
C’est ainsi que Marie-Annick a eu besoin d’un nouveau défi : le boxer Riviera des Alpes est donc arrivé dans son esprit et a fait son petit bonhomme de chemin. « J’avais envie de rendre à ma ville ce qu’elle m’avait apporté, de la mettre en valeur. Et puis, j’adore être dans l’excitation de quelque chose, d’un nouveau projet. Ce n’est pas pour gagner quelque chose, sinon j’aurai lancé un produit national. Non, c’est vraiment pour apporter quelque chose à la ville, avec la marque Aix-les-Bains Riviera des Alpes. De nombreux articles avaient été faits sous cette appellation, mais pas le boxer, visiblement. Etant une boutique qui vend des articles hommes, j’ai eu cette idée. Il a d’abord fallu convaincre le PDG d’Arthur, savoir quoi mettre sur le boxer, chercher des photos du lac, faire des essais. La photo fonctionne mieux sur le » seconde peau « mais en ce moment, ce qui fonctionne est le coton issu de l’agriculture biologique. C’est Valérie Thuillier qui est une amie, qui m’a mise en relation avec l’illustratrice, Mallory Millet-Gavard. Et le boxer est né ! L’animation, le lundi soir, c’était pour rassembler les commerçants qu’on ne croise qu’entre deux portes, remercier mes clients qui ont joué le jeu en venant en pyjama. C’est ça qui nous fait aimer notre métier, c’est le lien, tu partages tout avec tes clients, les naissances, les joies, les peines. J’ai de la chance de ne pas avoir de clients désagréables, même s’ils sont de mauvaise humeur en entrant, en sortant, ils retrouvent leur bonne humeur. On ne sait pas ce qu’ils ont dans leur tête ! »
Passionnée, généreuse, bien entourée, Marie-Annick est une commerçante très appréciée qui cultive les liens avec ses collègues de la rue de Genève, de la place Carnot, avec ses clients et même au-delà, avec toute personne qu’elle rencontre. « Aix-les-Bains c’est plein de très belles rencontres, et j’ai décidé de ne m’entourer que de ces personnes là. On ne peut pas plaire à tout le monde, sinon, on s’oublie soi-même, philosophe-t-elle, il faut aimer le genre humain dans toute la complexité de l’humanité, qui est capable du pire comme du meilleur. Je veux encore croire en cette partie, celle du meilleur, celle qui est capable de faire de belles choses. C’est le cas des nouvelles générations qui portent des valeurs exceptionnelles, de respect, de solidarité, très attachée à l’environnement. Au cours de ma vie, j’ai fait des rencontres négatives et positives, mais si les négatives m’ont servi à grandir, je ne veux retenir que les belles rencontres. »
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