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René et Mireille, les amoureux retrouvés d’Aix-les-Bains

Par Laura Campisano • Publié le 24/08/22

« C’est un beau roman, c’est une belle histoire, c’est une romance d’aujourd’hui… » chantait Michel Fugain, en 1972. Sans doute s’était-il inspiré de deux jeunes gens d’une vingtaine d’années, rencontrés à la gare de Menton, l’une venant de Paris, l’autre de Nîmes, et qui ont eu un coup de foudre instantané. Nous étions en 1965, René et Mireille démarraient sans le savoir leur plus belle histoire d’amour.

Ils ressemblaient à deux acteurs de cinéma et c’est pourtant un véritable coup de foudre qui leur est tombé dessus : Mireille, 22 ans, qui travaillait à l’ORTF à la maison de la Radio à Paris, est arrivée avec deux amies à Menton pour passer ses vacances, tandis que René, 23 ans, s’apprêtait à entrer à l’Université de Marseille, l’année suivante. Gentleman, il va les récupérer à la gare et immédiatement, ils tombent sous le charme l’un de l’autre, sans le dire au début. Puis ils passent leurs journées, leurs soirées ensemble, et semblent ne plus jamais devoir se quitter. « J’étais chez mes grands-parents en vacances, se souvient René, qui semble se repasser dans les yeux le film de cette époque, et chaque soir, je n’avais qu’un souci depuis que j’avais vu Mireille à la gare : la retrouver le lendemain, et cela pendant 15 jours. Dès que je l’ai vue, ça a fait tilt » De son côté, Mireille est troublée elle aussi par ce garçon facétieux aux yeux rieurs, et leurs vacances seront gravées à jamais. Quand chacun retourne à sa vie, ils s’écrivent, durant quelques années, René « monte » à Paris pour la voir, puis Mireille déménage pour la Savoie au chevet de sa mère souffrante. Ils se perdent alors de vue, sans jamais se perdre de cœur pour autant. Ne dit-on pas que le premier amour persiste toujours ?

Chacun fait sa vie de son côté, se marie, fait des enfants pour l’une, avance dans la vie pour l’autre. René et Mireille ne se voient plus durant plus de cinquante ans. Et puis le destin se charge de raviver ces souvenirs, au détour d’un déménagement en 2018. « On allait vendre la maison avec mon mari, se souvient Mireille, et je suis retombée sur des lettres et des photos. Et là j’ai été prise de nostalgie, et j’ai eu envie de savoir comment il allait après toutes ces années. J’ai cherché sur internet avec son nom et son prénom et trois numéros sont apparus. J’ai testé le premier numéro, et c’était bien chez lui. C’est sa femme qui m’a répondu, j’ai prétexté que je faisais des recherches et quand on a entendu nos voix, tout est revenu en mémoire. » René n’est pas près d’oublier ce fameux coup de téléphone, puisqu’il l’avait secrètement attendu toute sa vie. « Dès que j’ai entendu sa voix j’ai su que je voulais la revoir. » Ils se parlent dès lors, régulièrement et puis en mars 2019, ils se revoient sur le parking à la sortie d’autoroute de Drumettaz alors que René vient skier dans la région, seul. « Quand j’ai retrouvé Mireille, j’ai ressenti un désir immédiat de vivre avec elle, c’est venu tout seul, » sourit-il. « On a cherché tous les moyens d’être ensemble » confirme Mireille.

« C’est une évidence, là on est à notre place »

Alors René prend les choses en main, quitte son épouse avec laquelle les choses vivotaient plus qu’autre chose et lui rend sa liberté. Il emménage en Savoie en 2019, dans une location près du golf d’Aix-les-Bains, après être arrivé en avril, rapidement, Mireille le rejoint pour vivre avec lui. « C’était totalement spontané, s’étonne encore Mireille, rien n’était calculé. Tout m’est revenu d’un coup, je n’avais plus qu’une idée c’était de le retrouver » « J’ai toujours pensé dès le début que Mireille était la femme de ma vie », s’émeut quant à lui René.

La suite s’est écrite, après moult mois de procédure pour clôturer les chapitres de leurs vies maritales précédentes, en mairie d’Aix-les-Bains, un certain jeudi 18 août 2022, aux alentours de 11h30. Entourés de la famille de Mireille et de quelques amis, en très petit comité, ils se sont dit « oui » à 80 et 78 ans. A les voir se regarder avec tant de ferveur et de tendresse, on croit apercevoir les jeunes gens qu’ils étaient à la gare de Menton, cinquante ans et des poussières plus tôt. « On a plein de projets de voyages, on part déjà régulièrement, en croisière aux Caraïbes, en France, à l’Île Maurice… à Menton. » sourit René malicieusement, après avoir retrouvé quelques amis d’enfance là où il a grandi. « C’est une évidence, comme s’il ne s’était rien passé entre nos retrouvailles, on aurait vraiment eu des regrets, là on est à notre place » s’émerveille Mireille, « tout ce que je fais c’est pour Mireille, mon bonheur, c’est Mireille » conclut le jeune marié, avec beaucoup d’amour dans les yeux. C’est un beau roman, c’est une belle histoire, c’est vraiment une romance d’aujourd’hui.

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