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Chambéry : la nouvelle politique de stationnement précisée, débattue et en fin de compte validée

Par Jérôme Bois • Publié le 18/10/22

Lundi 17 octobre, le conseil municipal a approuvé la nouvelle politique de stationnement même si l’opposition n’a pas manqué de sourciller sur « une troisième augmentation des tarifs en trois ans » ainsi que sur « certaines incohérences » en matière de zonage. Retour sur un long débat, âpre mais correct. Et analyse des changements à venir.

« Un volet de la politique de mobilité, une vision de la ville, de son fonctionnement, la politique de stationnement est un outil de cette vision et de la transformation de l’espace public. Cette politique doit concilier des enjeux économiques, environnementaux, sociaux et doit concilier les impératifs de la vie quotidiennes de différents publics, usagers extérieurs et résidents. Nous avons travaillé pour mettre cela en perspective » , introduisait Isabelle Dunod, adjointe en charge de la mobilité durable, alors que se présentait le gros morceau de cette séance du 17 octobre, l’approbation par le conseil de cette refonte du stationnement à Chambéry. Les objectifs fixés par cette nouvelle politique sont le partage de l’espace public, de son usage, de son occupation pour plus de sécurité, pour plus d’espace pour les autres modes, la revégétalisation de la ville et la juste place accordée à la voiture. Suivez le guide !

Deux zones plutôt que trois

L’ensemble de cette politique nous avait été présenté il y a dix jours (lire notre article du 7 octobre), certains ajustements devaient néanmoins être faits après consultations réalisées auprès des habitants. Il faut revenir en 2017 pour trouver trace de la précédente refonte, lorsque l’offre de stationnement avait été étendue via la création de parkings en ouvrage (Cassine et Ravet) et l’extension des zones payantes, un rappel jugé « réducteur » par Aloïs Chassot qui réclamait « plus d’honnêteté » dans la présentation qui était faite de la politique de 2017.

On l’a vu, en 2022, le zonage a été rafraîchi, la zone orange a purement été fusionnée avec la rouge afin de « gagner en cohérence ». Cette zone de stationnement rouge, de courte durée (3 heures maximum au lieu de 4) élargie, liée à l’attractivité économique de la ville compte tenu de la présence des commerces, doit permettre plus de rotation et l’orientation des usagers vers les parkings en ouvrage et en enclos. La zone verte, plus résidentielle, sera également étendue*et touchera quelques rues proches du centre-ville. La durée maximale du stationnement s’y élèvera à 5 heures au lieu de 6, précédemment. La pause méridienne 12h – 14h a été conservée mais le stationnement demeurera payant jusqu’à 19h et non plus 18h, « comme c’était le cas auparavant, en cohérence avec les horaires de fermeture des commerces afin de permettre les rotations et d’éviter les stationnements de longue durée dès 17h30 nuisant au fonctionnement commercial » , détaillait Isabelle Dunod. Les parkings Falaise et Château resteront gratuits les samedis après-midi entre 14h et 19h.

Des augmentations généralisées à prévoir

Aloïs Chassot

La question du stationnement solidaire, liée à l’inflation et au niveau de vie des Chambériens, s’est posée, des abonnements à moitié prix seront ainsi proposés dans tous les parkings en ouvrage (pour le 1er janvier 2023) « pour tous les résidents » insistait Isabelle Dunod. Un principe élargi jusqu’aux parkings de l’Hôtel-de-ville et du Palais-de-Justice, où ces tarifs résidents n’existaient pas jusqu’ici. En voirie, une tarification solidaire « sous condition de ressources » va être mise en place, permise par la loi d’orientation des mobilités de 2019, tarification sur trois tranches, fruit des échanges avec les habitants (une tranche médiane à 11 euros pour les revenus moyens, une tranche sociale à demi-tarif à 7,50 euros et une tarification à 15 euros pour les autres, à compter du 1er mars). La gratuité sera maintenue pour les personnes handicapées, tout comme les tarifs préférentiels pour les personnels médicaux et les artisans. Rappelons que Chambéry est la 2e ville de France à mettre en place ce type de tarification solidaire, après Nantes.

Les tarifs en zone verte vont augmenter de 8%, soit légèrement plus que l’inflation, ceux de la nouvelle zone rouge resteront à l’identique avec l’ancienne. Dans les parkings en ouvrage de l’entrée de ville, il est prévu une augmentation de l’ordre de 4%, tout comme dans les parkings en enclos et le parking Cassine. Elle sera de 6% dans les parkings en ouvrage du centre-ville, de 8% dans les parkings en enclos du centre. Les parkings en ouvrages de l’hypercentre subiront une hausse de 12%.

Aloïs Chassot dénonce une nouvelle carte « complètement éclatée »

Le diagnostic à partir duquel a été bâti cette politique, l’opposition en partage les grandes lignes, certaines mesures un peu moins que d’autres. Elle salua ainsi, par la voix d’Aloïs Chassot, le grand travail effectué et la qualité des documents proposés. L’élu critiquait néanmoins une rupture brutale entre zones verte et rouge et un certain nombre d’incohérences. « La création de la zone rouge avait été faite pour avoir une meilleure progressivité du stationnement, plus on se rapproche de l’hypercentre, plus on paie cher. On perd cette cohérence avec une rupture brutale entre zone rouge et verte mais aussi des incohérences parfois surprenantes puisqu’en fonction d’un morceau de rue où l’on va se garer, on sera en zone verte ou rouge ». Il prenait la rue Nicolas-Parent en exemple avec « le haut en rouge et passée l’intersection avec la rue Molière, on est en zone verte ». Certaines voies en zones vertes « ont basculé en zone rouge, on arrive à une carte complètement éclatée, vous vous garez sur le quai Ravet, vous êtes en zone rouge, sur le quai de la Rize, en zone verte, on ne comprend pas vraiment pourquoi ».

Sur les tarifs à proprement parler, « ça va faire une sacrée augmentation : sur deux heures de stationnement, avant 2020, nous étions sur une zone verte à 2,10 euros, sur une zone orange à 2,70 euros et une zone rouge à 3,60. Là, deux ans après, en zone verte, nous sommes à 2,40 euros en zone verte et 3,90 en zone rouge. On passe à une hausse en pourcentage de 30% en zone verte, de 45% en zone orange (qui passe en rouge) et à 8% en vert ».

La nouvelle carte des zones de stationnement en voirie.

L’élu regrettait en outre la fin de la gratuité à partir de 18h, « dont beaucoup de personnes profitaient pour venir dans les commerces pendant une heure ».

« Nous nous donnons encore plusieurs mois de travail »

Sur le tarif résident, Aloïs Chassot rappelait qu’en 2020, « nous avions un tarif à 10 euros, là il passe à 15 euros (hors tarifs solidaires, NDLR), soit une hausse de 30%. Ce sont des augmentations significatives, je me pose la question du seuil d’acceptabilité des habitants du tarif de stationnement, on en est à la troisième hausse en trois ans ! Est-ce qu’on ne dissuade pas les gens de venir en ville ? » Il évaluait l’augmentation des tarifs en ouvrage à 23% (depuis 2020), lui faisant dire que « Q Park doit se frotter les mains ». Plus généralement, il soulignait « une opposition à la voiture dans votre politique, on en revient à avant 2017 alors qu’il y avait de belles choses à faire en matière de mobilités ».

« Les choses avaient bien commencé, souriait Thierry Repentin en s’adressant à Isabelle Dunod, on louait votre travail et puis quand on écoute le fond, on se rend compte qu’il n’y a pas grand-chose de bon ». « Il faut bien comprendre, reprit l’adjointe, que nous sommes dans un cadre contraint par certaines délégations de service public et les tarifs préférentiels pour les abonnés et résidents doivent être financées par certaines hausses ailleurs, selon un principe de vases communicants ». Il appartient bien à la ville de choisir ses tarifs, « sauf qu’il y a un bémol de taille, qui figure notamment dans le contrat de DSP passé avec Q Park, qui est la notion d’équilibre économique du contrat. Pendant trois ans, l’équipe précédente n’a pas augmenté les tarifs ce qui fait qu’en 2020, il y a eu une forme de rattrapage nécessaire. La ville vote les tarifs, contrainte par cette notion d’équilibre, et lorsqu’on fait un effort important il y a des hausses par ailleurs ». « Moi, j’ai l’impression que lorsque Q Park frappe à votre porte, vous accédez à toutes ses demandes. Ne cédez pas à tout ce que Q Park, qui gagne beaucoup d’argent, vous réclame, surtout si c’est au détriment de la ville, réagit Aloïs Chassot. Serrez un petit plus la vis ! » « Quand on vous entend, rétorqua Martin Noblecourt, je ne sais pas ce que vous pensez que l’on fait, quand Q Park arrive, on signe tout ce qu’ils nous tendent, vous pensez vraiment ça ? »

Quant aux subtilités du zonage, Isabelle Dunod précisa qu' «elles demanderont une mise en place précise, d’où la date du 1er mars pour la mise en œuvre. Il faudra une communication précise pour que les subtilités soient bien comprises. Plus généralement, tout cela a va demander un travail important, nous nous donnons plusieurs mois pour tout mettre en place ». Le conseil approuvera in fine cette refonte de la politique de stationnement dont les premières mesures surviendront le 1er janvier 2023.

* L’extension au quai Bayard, boulevard des Monts et Mérande est programmée pour le 1er mars 2023, au quartier Montjay, aux avenues du Comte-Vert et Jean-Jaurès et à la rue Nicolas-Parent pour le 1er septembre.

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1 commentaire

PAUL DUPRAZ

18/10/2022 à 20:11

Ainsi, rue Nicolas Parent, selon le parcmètre que tu utilises, (surtout s'il y a un en panne) tu risques de payer plus que tu dois ou Prendre un PV parce que tu n' es pas dans la bonne zone ...
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