Cognin : la qualité de vie et les conditions de travail du secteur de l’autonomie en questions

« Le management et la direction ont un impact direct et tangible sur l’implication et l’engagement des salariés, estime Carlos Fontelas De Carvalho, président d’ADP en France (Automatic Data Processing, service de paie et ressources humaines), nos recherches montrent bien que les entreprises européennes ne parviennent pas encore à trouver de solutions, et c’est une source d’inquiétude ».

L’enquête en question, datant de 2018 et étant élargie à l’ensemble des pays européens traduit pourtant bien une forte tendance, entre un salarié et sa direction (tous secteurs d’activité confondus), l’ambiance n’est pas au beau fixe. 1 salarié sur 10 (12%) n’aurait même « aucune confiance en sa direction » , alors que sur l’année de l’enquête, près de la moitié (44 %) des participants s’est sentie « mal au travail » , souvent à cause d’un « management qui ne les soutient pas » , d’un « stress trop présent » , de relations difficiles avec les collègues et d’un environnement professionnel hostile.

« La confiance ne se décide pas »

Dans ce contexte, les secteurs l’autonomie n’échappent pas à ce constat de défiance et à l’impérieuse nécessité de fidéliser ses employés, de les accompagner, de manière plus individualisée, voire de les accompagner à changer d’air, une option qui peut également être pilotée par l’employeur lui-même. C’était tout l’objet de la table ronde – intitulée « la QVCT au service du recrutement et de la fidélisation » – qui s’est tenue à Cognin, à l’Institut national des jeunes sourds, organisée par la Communauté 360 de Savoie, mardi 11 octobre.

Quatre ans après cette enquête, rien n’a fondamentalement changé car « la confiance ne se décide pas, introduisait Paul Rigato, directeur général de l’Accueil Savoie handicap (ASH), c’est plutôt l’attitude d’une personne qui a un sentiment d’appartenance fort à son organisation. Or, les Français en général ne se retrouvent plus vraiment dans ce sentiment d’appartenance. Les comportements ont changé, la fidélisation sera en définitive un enjeu majeur en matière de ressources humaines ». Comment retisser du lien ? Comment réhabiliter la fonction RH ? Les personnels veulent désormais que le privé soit pris en compte car la majorité se dit impactée par les problèmes de la vie personnelle au travail« . Sabine Rolle, directrice RH à Deltha Savoie, qui accompagne 250 personnes en situation de handicap à travers 26 établissements présents entre la vallée de la Maurienne et la Tarentaise, expliquait ainsi avoir » 50 postes vacants sur les 500 salariés, soit 10% d’effectifs en moins. La question que je me pose, c’est comment attirer, en tant que DRH de mes établissements ? Que propose-t-on ? Quel sera le projet de la personne ? «

Des solutions, parfois simplissimes, ont été tentées comme la réorganisation du temps de travail, le décalage des temps de pause, l’ajout de moments conviviaux, la mise en place et la généralisation du télétravail voire même l’accompagnement au retour à l’emploi « pour des salariés qui ont été absents plus de six mois et dont le retour est particulièrement compliqué » , détaille-t-elle.

Un fructueux partenariat

Ludovic Lotode, directeur de l’INJS et hôte de cette table ronde, soulignait, lui, « le phénomène de retours de professionnels qui avaient pourtant quitté l’institut. La question de savoir comment organiser la circulation de pros qui souhaitent aller voir ailleurs se pose ». « Il ne faut en effet pas avoir peur de piloter un départ, reprenait Jacky Billon-Grand, responsable du développement de l’action sociale à AG2R la Mondiale, on a le droit de vouloir faire autre chose, c’est donc une posture RH intéressante que d’être capable d’entendre que les gens n’ont plus envie de rester chez moi ». Les professionnels, eux, ont manifesté leur « besoin d’aides et d’outils » pour développer l’attractivité d’un métier en lien avec les secteurs du sanitaire, social et médico-social.

C’est en cela que le partenariat signé entre la Communauté 360 de Savoie et AG2R la Mondiale revêt une importance capitale. « Notre rôle n’est pas d’apporter des solutions miracles mais d’être à côté de vous, nous faisons du lien et agissons dans tout ce qui contribue à la bonne santé au travail » , résumait Jacky Billon-Grand.