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Savoie : Céline Bréant, du rêve à la réalité avec « les Clandestines »
Par Jérôme Bois • Publié le 21/11/22
Avec son tout premier ouvrage « les Clandestines », Céline Bréant concrétise un vieux rêve de gosse, celui d’une jeune fille attirée par l’écrit et les mots dès son plus jeune âge qui s’est vue très tôt devenir écrivain. Un truc « venu comme ça », une passion presque innée. Et si c’est en Savoie, à Saint-Girod, qu’elle a grandi et qu’elle a aiguisé cet attrait pour la plume, c’est en Gironde qu’elle a accompli ce rêve. Son roman, une histoire du quotidien telle qu’elle pourrait se présenter à nous, dont elle a puisé la sève dans sa propre existence.
Faire comme les autres ? Pensez donc… « Je décide que je veux écrire, sans trop savoir à l’avance de quoi je vais parler… En fait, je prends les choses à l’envers » , s’amuse Céline. C’est une drôle de méthode, clairement, que l’on recommanderait fort peu à qui voudrait se jeter à l’eau. Pourtant, elle fonctionne, notre jeune Savoyarde avait, dès l’enfance, quelques écrits dans sa besace, des « petites histoires » , comme elle dit, jusqu’à cette adolescence où elle se décida à « écrire de vrais livres ». « Je ne sais pas trop d’où ça me vient » , comme si nulle hérédité n’avait transpiré. Tout juste Céline Bréant se souvient-elle d’avoir toujours « été créative ». Dans sa famille, personne ne lit, et dans ce classique conflit entre l’inné et l’acquis, patiemment, elle s’est trouvé un chemin grâce au concours d’une prof de français qui lui suggéra de lire plus pour prétendre devenir écrivain. Le temps a fait son œuvre.
« J’étais incomplète… »
A Grenoble, étape intermédiaire entre la maison familiale de Saint-Girod et son actuel havre bordelais, et durant deux ans, entre 2018 et 2019, elle laissera cependant tout en stand by. Trop plein d’activités, trop plein de travail et surtout, plus de temps dédié à jouir de la vie. « J’ai vécu ces deux ans au taquet, je me suis focalisée sur moi et sur mon rapport aux autres » , dit-elle. Pour ce qui est de son projet intime, ce n’était que partie remise.
Ce livre, « les Clandestines », qui vient tout juste de paraître, a fini par arriver, il s’inspire autant de sa vie que ce qu’elle a pu observer autour d’elle, « un récit de vie agrémenté d’éléments romancés » , confirme-t-elle. Le premier jet, elle le fera pendant le premier confinement, au printemps 2020. Inscrite, peu après, à une formation d’écriture créative, Céline confrontera quelques extraits de ce premier ouvrage à l’appréciation d’un coach « et au final, mon manuscrit n’avait plus du tout la même tête. J’ai tout retravaillé ou presque, tant je n’avais pas de certitudes sur ce que je proposais au départ » , assure-t-elle. Un bon point, donc, tout juste altéré par une prédiction, « il m’a dit qu’être éditée allait être très compliqué. Aussi, il m’a vivement conseillé de m’autoéditer ». Un risque financier, certes, mais avec l’assurance que l’objet paraîtra. Durs durs, les premiers pas dans le petit monde – hermétique – de l’édition !
« Ce livre enfin concrétisé, confie-t-elle, calme une frustration. Aujourd’hui, je peux me dire auteur, c’était mon rêve de gamine. Tant que je n’avais pas d’éditeur, j’avais toujours cette appréhension, de ne pas être légitime. Je pense que j’étais incomplète, jusque-là. Ecrire était devenu une passion dévorante. J’avais ce rêve mais il finissait par me hanter, comme une malédiction. Et puis maintenant, alors qu’arrivent les premiers retours, je stresse qu’il ne trouve pas son public. Mais je me disais régulièrement qu’il fallait que je puisse le faire là, maintenant, à mon âge, pour savoir… »
Son modèle, la plume de David Foenkinos, auteur de « la Délicatesse », des « Souvenirs », du « Mystère Henry Pick », un habitué des bestsellers en même temps qu’un digne mentor. « Il rend l’écriture simple, quoi qu’il arrive, quel que soit le sujet, il rend ses mots plaisants, j’adore ! ». Et de lui, elle s’appropriera cette simplicité, privilégiant dialogues et personnages plutôt que longues expositions. Cette légèreté dans le ton, Céline la recherche en traitant de sujets… légers, forcément. « Je ne verse pas dans la comédie pure mais je ne veux pas écrire des choses pesantes, même si je me débrouille toujours pour qu’il y ait un soupçon de drame dans mes écrits ». Et c’est bien ce qu’elle accomplit avec « les Clandestines », où se mêlent intrigues, passion amoureuse et scènes ordinaires de la vie quotidienne. « Dans ce roman, vous vous mettrez dans la tête d’une jeune fille qui ne s’attendait pas à un tel basculement dans sa vie. Rose, vingt-deux ans, n’a aucun projet si ce n’est écrire, être libre et profiter de la vie en repartant de zéro, explique l’auteur. Séparée de son copain, elle quitte Paris et rejoint sa famille à Bordeaux. Elle est sentimentale en amitié mais pense être imperméable au vrai grand amour », celui qui exalte les sens et ralentit le temps. Et fatalement, une rencontre fera basculer ses certitudes. « Elle va découvrir ce que c’est que tomber amoureuse. Et peu importe si elle tombe amoureuse d’une femme car la découverte de ces sentiments nouveaux est plus importante que la découverte de son homosexualité. Oui c’est une histoire d’amour et ça me permet d’aller dans ce que j’aime le plus, la caractérisation des personnages. J’aime les sonder comme j’aime sonder les gens ».
Un roman léger et « plein d’espoir »
Bien que le sujet de l’homosexualité soit de circonstance, elle promet que son ouvrage « n’est pas militant. Je me suis tout simplement inspirée de ma vie et de celle de plusieurs personnes autour de moi. Il a fallu que je mette des mots sur mon vécu » qui est intimement comparable à celui de son héroïne, Rose. « Il y a des détails, des phrases, des citations, qui proviennent directement de mon vécu, écrire m’a libérée ». Et si entre Rose et Céline, les liens sont ténus, c’est aussi parce que la première caresse le rêve de devenir… écrivain, ça ne s’invente pas.
« Ce n’est pas une romance, poursuit-elle, mais cela reste une histoire qui parle d’amour. Les drames, le mystère vont servir le personnage d’Harmonie. Ils vont le rendre plus impénétrable et donc plus attirant » , Harmonie, une énigmatique romancière mariée à son éditeur dont Rose va devenir l’élève et avec qui la relation s’épaissira en même temps qu’une profonde attirance percera… « Tout gravite en définitive autour d’elle » , confirme Céline. Roman « plein d’espoir » , parfois même léger, innocent, « Les Clandestines » est un double accomplissement ; celui d’une gamine éprise de lecture et de mots et celui d’une jeune femme de 29 ans aujourd’hui libérée d’un secret enfoui en elle depuis toujours. « N’oubliez pas, conclut Céline Bréant, que personne n’est à l’abri de tomber amoureux ou de souffrir d’un amour impossible ou toxique. L’amour, l’absence d’amour, la sexualité sont au cœur de toutes existences humaines. La base même. L’amour n’est donc pas à prendre à la légère. ‘Les Clandestines’ est une illustration d’une histoire d’amour parmi des milliers de possibilités ».
« Les Clandestines », 388 pages, déjà disponible en e-book sur librinova.com, Amazon et toutes librairies en ligne. Bientôt disponible en librairie. Version numérique : 4,99 euros. Version brochée : 22,90 euros.
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