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Haute-Savoie : Cédric Plouvier, la plume d’un autre monde
Par Jérôme Bois • Publié le 27/01/23
Prolifique et discret, Cédric Plouvier s’est fait un nom , du haut de ses montagnes entre massifs des Bornes et et des Aravis, grâce à ses livres dans lesquels s’entremêlent fantasy, histoire et horreur. Un univers né des obsessions adolescentes de cet auteur haut-savoyard : cinéma de genre, musique métal et histoire, qu’il enseigne à Bonneville. Ses livres connaissent un second souffle depuis que Cédric Plouvier est édité par « La grande vague », maison bayonnaise. A découvrir tant son univers est sans limite…
Il n’avait que 11 ou 12 ans lorsqu’il se mit à écrire quelques feuillets sur la personne de Philippe Auguste. Essentiel dans la création de la France, le souverain capétien le passionnait autant qu’un manga ou un youtubeur enflammerait la plume d’un ado aujourd’hui. Vous avez dit improbable ? Toujours est-il que 5 ans plus tard, adolescent bien dans sa bulle, le voici qui ajoute quelques nouvelles à sa collection, reprises et réinterprétées bien plus tard pour la parution du recueil « Les monstres n’existent pas ». « J’étais déjà passionné d’histoire à l’époque, alors je me testais là-dessus. Philippe Auguste fut le 1er roi de France, moi je venais d’ouvrir mon 1er ordi » … Et le voici embarqué dans la grande aventure de l’écriture.
Accro au fantastique et à l’horreur, Cédric Plouvier se révèle à ces genres très codifiés grâce au fameux téléfilm « Ça » (1990) inspiré de l’œuvre éponyme de Stephen King, exalté par la dérangeante prestation du génial Tim Curry. « Ça m’a donné envie d’écrire même si pendant longtemps, j’ai arrêté le roman pour l’écriture historique ». Ainsi, durant une douzaine d’années, Cédric se lança dans une épopée toute personnelle, la rédaction d’un pavé sur l’histoire romaine « compliqué à publier ». Un écrivain atypique, sans nul doute. « Ado, j’étais dans ma bulle, quelque part, je le suis toujours » , confie-t-il.
« J’ai besoin d’un mystère… »
Ses romans ne s’abreuvent paradoxalement pas d’œuvres littéraires sinon de musique, de peintures, de cinéma. « L’idée me vient parfois d’une image. Par exemple, pour » Bas les masques «, j’étais devant un film dans lequel des gens portaient des masques d’animaux lors d’une réunion secrète ». Il n’en fallait pas davantage. Le monde du fantastique traduit bien la personnalité du bonhomme, ancrée dans le réel mais qu’une pichenette fait basculer dans la fiction. « Un récit du quotidien sans fiction, je trouve ça stérile. J’ai besoin d’un mystère, j’aime mélanger les genres, je ne me borne pas qu’au fantastique ou à l’horreur ». Ses recueils suivent le plus souvent cette exigence de réalité pour aboutir à un monde fantasmé. « Pour » Chroniques d’un nouveau monde «, je suis parti de la crise du Covid pour montrer l’évolution du monde vers quelque chose d’apocalyptique. » Ré évolution «, à venir, lui, est clairement apocalyptique. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment notre société peut basculer vers le tragique et la dépression. Je pense que la violence est inhérente à l’homme ».
Un « côté sombre » qu’il revendique. Ainsi, Cédric assume de ne pas « vendre du bonheur ». « Clairement, il ne faut pas lire du Plouvier pour avoir la pêche, se marre-t-il. Ça montre une personnalité générale » , insiste ce fan d’ufologie et de black métal, dans lequel il s’immerge lorsqu’il écrit. Côté films, il a ses références, du « Dracula » de Coppola, version 92 au « Seigneur des Anneaux », de « l’Associé du diable » à « l’Exorciste »… Tout un programme !
« Je suis bon public, j’ai seulement besoin de profondeur, d’un côté dépressif » qu’il retrouvera dans le méconnu et intimiste « Deep Impact », sorti la même année que le pétaradant et un peu vain « Armaggedon », par exemple.
« J’ai un style très cinématographique »
Rat de bibliothèque, il vit dans ses montagnes, loin du tumulte. « Je ne suis pas du style à me sociabiliser » , avoue-t-il. Même s’il donne aisément le change. Ainsi, à l’occasion d’une dédicace près d’Annecy, il interpelle, taille volontiers le bout de gras, à l’aise avec le public. « Je m’adapte » , souffle-t-il, donnant du lustre à ces paroles d’Oscar Wilde, « Peut-être ne paraît-on jamais si parfaitement à l’aise que lorsqu’on joue un rôle ». « J’ai pourtant eu une enfance normale, je suis un bon vivant » , dit-il, hilare, comme pour s’excuser de cette part obscure qu’il ne cesse de mettre en avant.
Comme par hasard, il a fallu une crise mondiale pour faire de Cédric Plouvier un écrivain publié, le Covid. « Elle m’a offert deux opportunités ; du temps et pouvoir écrire à partir de cette réalité ». « Chroniques d’un nouveau monde » suit de fait le récit de trois personnages « basés sur mon imagination et sur l’actualité ». Ont suivi « Les monstres n’existent pas » (mai 2022), recueil de 6 nouvelles écrites plus tôt, certaines dès son plus jeune âge, et « Bas les masques », paru en octobre 2022, « thriller d’ambiance qui démarre à la toute fin de la 1re guerre mondiale ». L’auteur prépare également la réédition de « Pax deorum » un pavé en 5 tomes se situant « à mi-chemin entre la série » Rome « et » Game of thrones «, roman historique vu par les Romains eux-mêmes » dont les trois premiers volets paraîtront prochainement aux éditions « La grande vague ». Et deux autres romans sont achevés, en cours de relecture, « Ré évolution », récit de science-fiction qui relate les événements faisant suite à la chute d’une météorite sur Terre. Et « Mémoria », thriller d’ambiance « folklorique situé en pays du Mont-Blanc, mêlant (encore) fantastique et horreur ». Des récits qu’il dépeint à chaque fois à la manière d’un film. « Quand j’écris, j’ai les images dans ma tête, mon style est très cinématographique, très visuel ». Scénariste ? « Je pense que c’est un métier qui m’aurait plu ».
Professeur d’histoire-géographie à Bonneville, Cédric écrit pour le plaisir. « Je n’en vis pas et mon but n’est pas d’en arriver là. C’est réservé à peu d’auteurs ». Et s’il n’a jamais parlé de cette activité secondaire à ses élèves, ces derniers ont pourtant bien découvert l’existence de son blog « et pour la première fois, j’ai été obligé de le leur dire en début d’année ». Prolifique, Cédric peut ainsi travailler plusieurs heures durant, alimenté par sa musique. « Je suis pragmatique et scientifique, pas littéraire. Je prépare mon plan et ensuite je construis l’univers au fil de la plume. J’ai besoin de cette structure. Sans plan, rien ne serait possible ». Ne comptez pas sur lui pour être angoissé par la page blanche…
Définitivement un auteur à part.
Cédric Plouvier sera en dédicace (Pour « Bas les masques » et « les monstres n’existent pas ») samedi 28 janvier à Carrefour Brogny, avenue de Genève à Annecy.
Plus d’informations sur cedricplouvier.wordpress.com et sur sa page Facebook
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