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Chambéry : aux « Nuits de la Roulotte », on prend soin des festivaliers

Par Laura Campisano • Publié le 17/03/23

Comme chaque année depuis 21 ans, dans les frimas de mars, le festival « Les nuits de la roulotte » vient réchauffer les cœurs des festivaliers avec des sonorités tziganes et du monde, sous le ciel étoilé des chapiteaux dressés Carré Curial. Mais ne croyons pas que rien ne change, d’édition en édition. Cette année, les organisateurs ont choisi de valoriser la prévention, sans exception.

Ils ne se sont pas contentés de distribuer des bouchons et de placarder des messages de prévention : aux Nuits de la Roulotte, on prend les choses au sérieux quand il s’agit du bien-être et du confort des festivaliers. Depuis la première édition, l’esprit de ce festival est inchangé : joie, ouverture et esprit festif, dans une tonalité bon enfant qui très clairement fait du bien, vu le contexte. Mais les années changent, la société évolue et parfois, certains comportements surgissent sans qu’on s’y attende vraiment, vu le public des Nuits de la Roulotte. Alors pour cette 21e édition, les organisateurs ont pris le sujet à bras-le-corps.

Chouette équipe et zone safe

Commençons par le commencement : dès l’entrée du site, Carré Curial, une tente accueille désormais l’espace prévention : l’objectif est clair, il est impossible de passer à côté et tous les risques possibles seront pris en compte, qu’il s’agisse de l’audition, des risques liés à l’alcool ou encore les agressions sexuelles par exemple. Pour ce faire, non seulement seront distribués des casques pour les enfants et des bouchons pour les plus grands, mais en plus, l’équipe organisatrice du Festival fait intervenir dans cet espace prévention diverses associations, telles que le Pélican, Agissons, Serein-Sereine, entre autres. De plus, une zone safe a été aménagée sur le site, à l’écart des festivaliers, pour permettre à toute personne ayant été victime d’une agression de se mettre en sécurité, et de pouvoir se retrouver dans une zone aménagée, sous une tente à part pour pouvoir s’isoler au besoin. « C’est loin d’être too much, précise Julie Da Silva, chargée de production et de coordination du Festival, avec la musique, le bruit, on n’entend pas forcément tout ce qu’il se passe, il y avait une véritable nécessité de créer cet espace. » Mis en place par le Hadra Trance Festival en 2019, ce type d’espace est encore méconnu des festivals musicaux, qui brassent, à l’instar de Musilac, un large public très varié…

Et en plus de cet espace aménagé, une nouvelle équipe de bénévoles haute en couleurs a fait son apparition : il s’agit de la « Chouette équipe », des maraudeurs équipés de moumoutes roses mais surtout habitués aux situations d’urgence, capables de s’adresser à toute sorte de public. Sur le site cohabitent donc les 130 bénévoles du festival, la chouette équipe, les agents de sécurité, et un espace prévention, en plus du public lui-même, plutôt bienveillant de manière générale. De quoi se sentir plus tranquille au moment de passer aux choses sérieuses à savoir, les concerts sous le chapiteau, qui peuvent regrouper jusqu’à 500 personnes.

La charte de la bienveillance

Cette année encore, le public du festival « les Nuits de la Roulotte » est ouvert à tous et accessible aux personnes en fauteuil, pour lesquels des planchers inclinés ont été aménagés afin d’accéder à tous les espaces, notamment les espaces restauration et buvette, entre autres. Mais au-delà de cet accueil ouvert, la charte de la bienveillance a été proposée aux bénévoles, aux artistes et aux équipes, pouvant entraîner en cas de non-respect une rupture de contrat entre le festival et les artistes eux-mêmes, et s’étend aux producteurs. « J’ai effectué six bénévolats différents pour voir comment s’organisait la prévention des risques, reprend Julie Da Silva, avant de proposer en revenant une formation aux bénévoles adhérents de l’association ». L’an dernier, contre toute attente, une agression a eu lieu durant le Festival, et la police a dû intervenir tant l’individu avait été difficile à maîtriser. « Cela nous a tous profondément choqués et on s’est dit, plus jamais ça. Alors on a passé un cap dans la prévention des risques. » a expliqué Julie Da Silva.

Pour être totalement complet, l’espace toilettes sèches est également équipé d’écrans sur lesquels passe une vidéo de prévention au sujet du consentement, tout en gardant le concept du vélo générateur d’électricité « ce qui signifie que si l’on veut de la lumière aux toilettes, quelqu’un doit pédaler, sourit Julie, ça génère des rencontres et de la discussion. » Et comme il y a une forme de cohérence entre les messages envoyés, les choses mises en place et l’organisation du festival elle-même, le modèle de bénévolat choisi par l’association est un modèle participatif, où les bénévoles peuvent choisir leur secteur, leur planning, « ce qui permet à chacun de pouvoir donner deux heures de son temps au festival, dans un domaine qui lui convient le mieux » explique Julie Da Silva. A l’arrière du site du festival se situe, entre les lampions, l’espace des bénévoles et des coordinateurs, où il est possible aux 130 bénévoles présents sur le site de se restaurer, de se poser, et de recharger les batteries et de donner de l’énergie au public.

Car une chose est certaine, aux « Nuits de la Roulotte », l’énergie, la musique, le partage, tout est circulaire comme sous le chapiteau : c’est ce qui séduit le public, les bénévoles passés au conseil d’administration. C’est ce qu’explique Jonathan, qui nous guide avec Julie sur le site du festival. « Pendant tout le temps du festival, il y a quelque chose de circulaire, explique-t-il, tout comme l’effort circulaire qui existe pour monter un chapiteau, et c’est ce qui m’a séduit au tout début, quand j’étais festivalier. Il y a beaucoup d’étudiants, d’enfants, de personnes âgées, qui se croisent en permanence sur ce site carré fait de lignes droites. Cette dimension des ‘Nuits de la Roulotte’ est étonnante ! » Joyeux, festif, bienveillant, prévenant, le festival réchauffe le public grâce à la valorisation des savoir-faire, des artistes, du partage… et de la musique qui fait battre les cœurs à l’unisson.

Réservations : www.lesnuitsdelaroulotte.com

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