article • 4 MIN
Tresserve : « Tout le ciel est nécessaire », au nom de la mère
Par Laura Campisano • Publié le 07/03/23
La colline du poète, le lac du Bourget, le Tétras libre à Montagnole, la forêt avoisinante : avec « Tout le ciel est nécessaire », Brigitte Hache a offert à ses lecteurs une histoire émouvante, pleine d’espoir et de résilience ayant pour écrin la nature locale, d’où s’envolent des nuées de corneilles matin et soir. Partie avant la publication de son roman, ce sont ses enfants Sarah et David qui portent l’histoire imaginée par Brigitte auprès du public, comme une promesse d’éternité.
L’histoire de Gloria, Yen, Marie, Papygus, Rolland, Irina et les autres est loin d’être banale. C’est celle de destins qui s’entrecroisent et se nouent, sans doute autant que ceux de Sarah, David et leur maman, Brigitte, à qui l’on doit un second roman particulièrement émouvant, à plus d’un titre. Une histoire de famille se dessine entre les pages, et elle est tout aussi attachante que celle de son auteure et de ses deux grands enfants.
Portée par l’écriture de son roman
Quand Brigitte écrit cette histoire, elle vient de découvrir Aix-les-Bains, le lac du Bourget, Tresserve, là où sa fille Sarah est venue s’installer. Originaire de région parisienne, la famille noue son destin avec la « Riviera des Alpes » sans qu’elle sache elle-même que ces lieux deviendront essentiels à l’intrigue qui s’écrit déjà dans l’esprit fertile de Brigitte. Déjà auteure de livres jeunesse et de deux livres pratiques édités chez Eyrolles, la voilà prête à s’attaquer à son second roman, en 2019. Eprise de nature et connectée au monde de la faune et de la flore, sa rencontre avec le territoire aixois est une révélation. « Elle avait déjà une idée de livre, et au même moment nous nous sommes installés ici », explique Sarah Gineston, la fille de Brigitte, « la découverte des lieux et l’histoire qu’elle écrivait se sont donc superposées. » Le roman porte en son sein un thème central, celui des rencontres qui guérissent, dans le décor de la nature luxuriante de Tresserve et des rives du Lac du Bourget. Une connexion se noue entre l’auteure et ces lieux, où elle revient régulièrement visiter sa fille à Tresserve. A plus d’un titre alors, et sans pouvoir l’imaginer, la fiction a rejoint la réalité.
En effet, alors qu’elle écrit, en pleine santé, qu’elle est insatiable dans sa découverte des lieux, qu’elle esquisse les vies de ses personnages, Brigitte fait face à un coup du sort. « C’est pendant qu’elle écrit qu’elle découvre qu’elle est malade mais elle ne dit rien à personne, reprend Sarah, le mois où elle a appelé son éditrice pour lui parler de ce roman et signé pour sa publication. » Nous sommes en 2020, Brigitte s’attelle donc durant un an, à la réécriture de ce roman très personnel. Jusqu’au bout, elle travaille d’arrache-pied, et fait promettre à ses enfants, Sarah et David, de tout faire pour que ce roman soit publié. « Elle nous a dit ‘défendez-le’, et depuis nous avons tout fait pour. La réécriture du roman l’a portée, se souvient Sarah, un mois après l’avoir terminé, elle est décédée. Le livre fait écho à ce qu’il s’est passé, ce qui est assez troublant. C’est un fabuleux message de résilience. »
« Tout était écrit »
Frère et sœur se lancent donc dans la grande aventure de la publication, prennent contact avec la maison d’édition, écrivent aux journalistes, et créent des liens avec des librairies pour organiser des lectures. Partageant sa vie entre Paris, Grenoble et l’Asie, David fait également voyager le roman de Brigitte, à l’instar de Sarah, photographe de profession et installée sur le territoire aixois. Entremêlant sa vie personnelle et ses personnages de fiction, dont les destins se répondent en écho, Brigitte Hache a véritablement su créer un pont entre deux rives, l’un imaginaire, et l’autre réel, dans lequel ses enfants portent haut « Tout le ciel nécessaire ». « Ce livre nous a porté, le message qu’il contient, c’est tellement ce qu’on vit, s’émerveille Sarah, elle croyait beaucoup à l’invisible, et il y a tant de choses qui ont eu lieu après, tout était écrit. On ne pouvait pas lui rendre un plus bel hommage, et elle nous a fait un superbe cadeau. »
En poursuivant le travail de communication autour du roman de sa mère, Sarah est elle aussi portée par le roman. Spécialiste des réseaux sociaux, elle anime les deux comptes Instagram, celui de Brigitte et le sien, et « ça me fait du bien, ça lui aurait plu. » Initialement intitulé « Un vrai miracle », auto-édité dans un premier temps par les soins de Brigitte Hache qui comptait véritablement le sortir au plus vite avant de signer chez Eyrolles, c’est avec l’aide de son éditrice que les vers de Paul Claudel ont finalement obtenu les faveurs de son auteure. « Elle était très contente du nouveau titre, sourit Sarah, en retravaillant avec l’éditrice, elle a enrichi le texte et c’est ce travail combiné au mariage de mon frère qui l’a portée durant toute la dernière année de sa vie. Une semaine après, tout a dégringolé. »
Pour Sarah et David, les rencontres avec le public de ce roman ont été plus que significatives, notamment au sein de la librairie aixoise ‘l’Eveil «. » Ça nous a beaucoup touchés, explique la jeune femme, ça nous a fait du bien. De l’été dernier au mois d’octobre nous étions sur la sortie du livre et maintenant on reprend sur la sortie en poche. Je continuerai toujours, ce sont des choses éternelles, et c’est la dernière chose qu’elle nous a laissée. «
Tous les commentaires
0 commentaire
Commenter