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Chambéry : une jeunesse ivre d’horizons

Par Jérôme Bois • Publié le 17/04/23

Cette semaine Compass, co-organisée par Schoolab, MAP 73, Place aux Possibles et le centre des jeunes dirigeants d’entreprise, avait tout du piège : la situer lors de la première semaine des vacances scolaires de Pâques, tout en la délocalisant pour la première fois hors de Paris. Elle devait rassembler 7 jeunes, volontaires, pour 5 jours d’ateliers, de visites, de découvertes avec pour dénominateur commun, l’épanouissement de soi face aux questions d’orientation, de sexualité, d’échecs… Le bilan est saisissant et l’adhésion, totale.

A 9 heures, le regard est brumeux, l’œil encore vitreux d’une nuit écourtée par l’impératif. Le café du matin, réparateur, tient lieu de tentative de réanimation. Chaque matin, le rituel amuse, les mines adolescentes de ces candidats à l’expérience Compass, du 10 au 14 avril, souffrent de ne pouvoir prolonger l’OPA sur leur sommier, en pleine semaine de vacances. Tous scolarisés ou presque, les 7 jeunes n’ont pourtant rien lâché tant ils ont apprécié de découvrir, chaque jour, le contenu d’un thème dédié, des concepts qui souvent leur échappent et pourtant élémentaires. Balayer les turpitudes, ouvrir des perspectives, penser différemment, ouvrir un œil bienveillant sur le monde, tout un programme.

Heureusement, Damien Saez est plus talentueux musicien que médium. Sa vision nihiliste du monde et d’une jeunesse vouée aux crises et à l’absence de perspectives faisait frémir en même temps que l’entêtant refrain « Jeune et con » agitait la bande FM en 2007. « Puisqu’on n’est que des pions/Contents d’être à genoux/Puisque je sais qu’un jour/nous gagnerons à devenir fous/Devenir fous, devenir fous ». Il n’avait rien vu. L’envie d’avenir est puissant chez ces jeunes-là.

Tout un programme

L’échec, un mal nécessaire, qui l’eût cru ? Mickaël Cherrier, expert en accompagnement de développement, se fera fort de le leur marteler. La sexualité, un domaine indicible ? Lucille Pianetti, formatrice et éducatrice à la sexualité, leur fournira les clés pour rompre avec un tabou. De la conception de bijoux avec Pébilie d’Octopode, à la création de ses propres fake news avec notre association, Mango Média, de la visite des locaux de « Vas-y Paulette » à Chambéry à ceux de l’incubateur de Savoie Technolac, de la conception d’un vision board, outil de visualisation positive, avec Alisson Grosdemange, accompagnatrice d’entrepreneurs, à l’éveil à l’ennéagramme avec Julie et Camille de MAP 73, en passant par un aperçu de la philosophie avec Gwladys Piney, ces jeunes auront été sur le pont presque sans interruption jusqu’à la restitution finale du fruit de leur travail durant cette semaine. Face à leurs parents, en présence des intervenants, des partenaires et de l’adjointe déléguée au quartier de Chantemerle, à l’économie sociale et solidaire et à l’insertion par l’emploi, Florence Bourgeois, ils ont décrit chaque intervention dans le moindre détail en même temps qu’ils ont spécifié ce qui les avait marqués.

Penser, imaginer, créer…

Il faut dire que chacun des contenus proposés ont livré leur lot de fulgurances et dévoilé une partie de la pensée profonde de ces jeunes en proie aux doutes inhérents à leur tranche d’âge (ils avaient entre 15 et 18 ans). Mes croyances sur moi ? « Je suis intelligente » , « souvent stressée » , « je prends les choses trop à cœur » , « je suis pessimiste » …  Mes croyances sur les autres et le monde ? « Tout finit par se savoir » , « je n’aime personne » , « les filles jugent plus » , « les garçons se prennent moins la tête, sont moins hypocrites » … Du concentré d’adolescence atténué par un sens de l’engagement qui souvent nous échappe, en témoignent ces positions sur ce qu’ils peuvent apporter au monde : « Prendre plus conscience de la planète » , « on a tous un talent, on est tous intelligent » , « on veut montrer que tout est possible pour tout le monde » , « ma liberté commence là où commence celle des autres ».

« On ne peut apprendre la philosophie, on ne peut qu’apprendre à philosopher » , disait Kant, aussi se sont-ils penchés sur leur aptitude à penser par eux-mêmes, à faire parler leur imagination dès lors qu’il s’est agi de créer des fausses Unes de journaux ou de dessiner le blason qui leur ressemble.

Paul, Emmy, Emma, Noa, Louna, Charlotte et Armelle repartiront avec cette satisfaction, avoir mis de l’ordre et rompu avec des idées reçues dans une tête déjà bien faite.

On r’met ça en octobre ?

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