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Fontaine, dis-moi qui est la plus belle…

Par Jérôme Bois • Publié le 23/05/23

La fontaine des Eléphants plus belle de France ? Un sondage, quel qu’il soit, n’est que l’instantané d’un instant T et ne révèle que le choix d’un panel nécessairement restreint. Sur les 2 500 votants à ce duel entre la fontaine chère au comte de Boigne et celle d’Amphitrite à Nancy, le choix s’est porté sur la plus curieuse, la plus originale, la plus éléphantesque finalement. Par chauvinisme, on ne leur donnera pas tort.

@Céline Ducrettet, Savoie Mont-Blanc

Start up créée en juillet 2021, Henoo s’est dessiné une crédibilité dans le petit monde des applis mobiles dédiées au tourisme, à travers un guide touristique nouvelle génération et un blog – newsletter, Guid’Henoo, sur le web, « pour créer de l’interaction entre les communautés » , explique Quentin Guénot, cofondateur d’Henoo. Spécialisée dans le patrimoine d’abord, la société d’origine nancéenne (tiens, tiens…) a élargi son champ d’action en incorporant de l’activité, de l’événementiel et, à venir, les restaurants. « On touche plusieurs millions de personnes chaque mois et l’application seule rassemble 50 000 utilisateurs », sourit Quentin. Henoo cartonne, s’est fait sa place au soleil et a acquis le droit de s’amuser un peu avec cette communauté, en la mettant à contribution.

Ils ont ainsi suivi la tendance forte lancée par de gros médias nationaux, qui opposent les marchés de France (TF1) ou les monuments préférés des Français (France Télévision), à savoir, lever le voile sur des lieux, des bâtisses, des monuments en les confrontant. Les Français jouent le jeu de ces compétitions certes populaires mais aussi très subjectives. Chaque victoire sera un label placardé à l’entrée d’une ville ainsi qu’un motif de fierté dont les élus se parent. Raviver la fierté de son territoire est un gage de succès et de popularité, pourquoi se priver ? Chez Henoo, on a donc lancé le concours de la plus belle cathédrale de France – Alby -, puis la mairie préférée des utilisateurs – Calais -, les théâtres sont à venir et on n’a pas résisté à l’envie de leur glisser que Charles Dullin avait laissé son nom à un incontournable bâtiment de Chambéry. Juste au cas où. « Les gens ont un attachement très fort aux endroits où ils vivent, ont vécu ou ont passé leurs vacances. Le patrimoine touche les gens » , souffle Quentin. Trop souvent cantonné à l’état de bouche-trou en période estivale, quand la politique est à l’arrêt, quand l’économie ralentit, quand la France vit au rythme du roulement des vagues, le patrimoine est pourtant un étendard.

Paris, Bordeaux, Eguisheim puis Nancy en finale…

Lille, Dijon, Nancy, Chambéry, Limoges, Eguisheim et 10 autres villes concouraient à l’élection de la plus belle fontaine de France. A la clé, un mois de visibilité sur le média et sur l’application mobile. « Notre objectif, souligne Quentin Guénot, est de mettre ces lieux en avant, de façon rigolote. Plus il y a de votes, plus les réseaux sociaux donnent de la visibilité à ces endroits. On a dénombré plus de 2 500 votants pour les fontaines mais ils étaient plus de 10 000 pour les mairies ou les cathédrales. Les utilisateurs sont friands de ces concours. On veille à ce que toute la France soit représentée en allant chercher les fontaines les plus visitées sur l’appli et les plus visitées d’ordinaire ». Le parcours, exemplaire, laisse songeur et c’est Guid’Henoo qui relate : « Après avoir éliminé la belle fontaine Varsovie de Paris en 8e de finale, nos quatre éléphants ont continué leur chemin vers la victoire en remportant le duel contre la fontaine des Girondins de Bordeaux en quart de finale. C’est ainsi qu’elle se retrouve face à la fontaine Saint-Léon d’Eguisheim en demi-finale remportant le tournoi haut la main avec plus de 500 votes. Elle retrouve alors sa grande rivale au parcours aussi vertueux : la fontaine Amphitrite de Nancy ». Un vrai parcours de Coupe de France !

Et donc, après un weekend et 72 heures de votes, la victoire revient aux « quatre sans cul », sans doute forte d’une communauté plus nombreuse (pachydermique ?) et d’une mobilisation plus intense. C’est le jeu, forcément un brin subjectif mais qui ravira les puristes qui n’ont de cesse de louer son originalité et son histoire.

« Une finale mettant en ligne 2 500 votants équivaut à toucher 500 000 personnes » , plaide Quentin. Et parmi elles, combien de curieux qui s’en iront arpenter les pavés du centre historique jusqu’à contempler le phare de toute une ville ? Ce sera sans aucun doute la plus belle victoire de ce haut-lieu du patrimoine chambérien et savoyard.

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