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Les conseillers régionaux écologistes et de gauche alertent sur l’état des lycées en Auvergne Rhône-Alpes

Par Jérôme Bois • Publié le 05/05/23

L’ensemble des groupes de gauche et écologistes ont lancé une mission d’information et d’évaluation de l’état des lycées visant à prouver que le « plan Marshall des lycées », voulu par Laurent Wauquiez lors de la précédente mandature, n’avait pas atteint les objectifs fixés, en termes de rénovation et de créations. En outre, les remontées en provenance des établissements eux-mêmes laissent entendre que certains établissements seraient encore en bien piètre état. Regrettant un manque de transparence de l’exécutif dans ce secteur et pas que, ces élus de l’opposition sont donc partis battre la campagne dans toute la région Auvergne Rhône-Alpes. Un bilan de cette mission sera fait à la rentrée prochaine.

Elle a de l’allure, la sentence de Florence Dubessy, vice-présidente à la Région en charge des lycées. De son propre aveu, « plus aucun des 600 lycées d’Auvergne-Rhône-Alpes n’est en mauvais état » , confiait-elle, sereine, le 3 octobre 2022 à Lyon Mag. « 58 établissements étaient dans un très mauvais état, plus aucun ne l’est aujourd’hui ». Elle ajoutait que sur le plan de la rénovation thermique, 70% des lycées étaient au point. Que de bonnes nouvelles cependant pas partagées par tous. Car en face, l’opposition formée par les quatre groupes « Socialiste, écologiste et démocrate », « Insoumis et communiste », « les écologistes » et « le centre gauche » ne l’entendent pas de cette oreille. De leur aveu, les témoignages du contraire pleuvent, qu’ils émanent de chefs d’établissement, du corps enseignant ou de lycéens.

Alexandra Caron-Cusey, Jean-Pierre Béguin et François Chemin, à l’origine de cette mission d’information et d’évaluation de l’état des lycées.

Le fameux « plan Marshall » de Laurent Wauquiez, mis en place lors de l’ancienne mandature (2016/2021) avait permis de débloquer 1,5 milliard d’euros en faveur des lycées, avec pour objectif initial de rénover et agrandir le parc régional. Or, « selon le bilan transmis par la Région fin 2022, il resterait 297 opérations à engager, soit quasiment 40% de ce qui était prévu par le plan d’investissement » , écrivent les élus de ces quatre groupes. Pour eux, une grande partie de cette manne a servi à de la communication à grande échelle, symbolisée ou vulgarisée par l’apparition champignonnesque de panneaux bleus logotés « région Auvergne Rhône-Alpes » un peu partout. Ce « plan Marshall » accompagnait d’autres mesures plutôt bien accueillies comme la gratuité des ouvrages scolaires, la carte Pass renforcée, des aides au permis de conduire ou encore la sécurité renforcée dans les établissements. Mais François Chemin, conseiller régional membre du groupe socialiste, écologiste et démocrate, faisait remarquer que le « plan Marshall » premier du nom, adopté par Harry Truman en 1948, fut mis en place à la suite de la seconde guerre mondiale en faveur d’une Europe ruinée par le conflit. De là à penser que les lycées de la région étaient dans le même état avant le lancement de ce plan en 2016, il n’y a qu’un pas…

« On a demandé cette mission, c’est notre droit »

Alors, forte de constats plutôt négatifs portant sur l’état des lycées en Aura, l’opposition, exclue par ailleurs des conseils d’administration des lycées, a demandé la création d’une mission d’information et d’évaluation de l’état des 554 établissements publics et privés, l’automne dernier, un audit motivé par ces alertes répétées : « Depuis le début du mandat en juin 2021 mais aussi sous la précédente mandature, les groupes de gauche et écologistes alertent sur la situation des lycées publics de la région. Entre la baisse des budgets de fonctionnement et du nombre d’agents (externalisation) qui affecte fortement les activités des établissements, les manques en termes de rénovation énergétique dans de nombreux lycées, la dégradation de plusieurs d’entre eux et les conséquences de la hausse des prix sur les factures énergétiques des établissements, les problèmes sont nombreux et la situation ne va pas en s’améliorant » , rapportent les élus de gauche. « Il faut partir des difficultés que nous connaissons à obtenir des informations, quelles que soient les thématiques, explique Jean-Pierre Béguin, conseiller régional de Savoie (groupe les Ecologistes). On nous vend la région la mieux gérée mais ce n’est pas si terrible que ça. On demande une mission d’évaluation, c’est notre droit, même si l’on nous remet en séance une synthèse de tout ce qui a été fait sur ce thème. Nous avons voulu maintenir la tenue de cette mission et l’on remarque que les sons de cloche divergent ». Il aura fallu plusieurs semaines de négociations pour permettre la mise en route de cet audit alors que le président de Région n’y était pas favorable. « Entre la communication à outrance de l’exécutif et la réalité, il y a un monde, renchérit Alexandra Caron-Cusey, conseillère régionale et membre du même groupe. Nous manquons clairement d’informations. »

Laurent Wauquiez lors du lancement du plan régional de sobriété énergétique des lycées en septembre 2022.

« Il a dû naître après la démocratie » , s’amuse encore François Chemin, à propos d’un Laurent Wauquiez accusé d’autoritarisme. « Même quand on est d’accord avec lui, on ne peut pas s’exprimer. Nous ne lançons pas cette démarche comme on lancerait un cri de désespoir mais pour bien montrer que nous sommes exclus de tous les grands sujets. On prouve qu’on existe ».

Alors d’ici au 30 juin, les élus de l’opposition vont donc prendre leur bâton de pèlerin, tracter devant les lycées, rencontrer les chefs d’établissement – en dépit de cette missive émanant de l’exécutif leur interdisant de répondre à toute question durant leur temps de travail, lettre perçue comme une marque de pression. Pour au final, dresser pour la rentrée un bilan de ces échanges et remontées, qui pourront également se faire via une plateforme en ligne où il sera possible de remplir un questionnaire sur l’état des lycées ou de déposer un témoignage. « Nous n’avons pas eu de pression particulière pour lancer cette démarche, reprend Alexandra Caron-Cusey, il ne peut pas trop le faire, du reste ». Reste à savoir ce qu’il adviendra si le bilan se veut, comme le pressentent les élus des quatre groupes, négatif.

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