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La Gazette du Festival : célébrer le « vivre-ensemble » avec « Chasse Gardée »

Par Laura Campisano • Publié le 12/06/23

Pour clôturer un grand cru, rien de tel qu’une bonne comédie : c’est avec « Chasse gardée » de Frédéric Forestier et Antonin Fourlon que la 2e édition du Festival du cinéma français et de la gastronomie a refermé ses portes. Une comédie familiale, drôle et tendre, qui s’amuse des clichés et célèbre le vivre-ensemble, avec un casting de luxe !

Faire revenir Didier Bourdon dans une comédie où il tient un rôle de chasseur, il fallait oser, et ils l’ont fait ! Les deux réalisateurs Frédéric Forestier et Antonin Fourlon signent avec ce film une belle fresque sociale, dépeignant la vie à la campagne avec ses avantages et ses inconvénients en comparaison de la vie à Paris et ses turpitudes. Car à la campagne, il y a certes de l’espace mais aussi des cerfs qui retournent les Smart et les sangliers qui investissent le salon. Avec des scènes déjà cultes et des punchlines ciselées, il y a fort à parier que de 7 à 77 ans, ça rigole pas mal dans les cinémas à partir du 20 décembre prochain.

« Les bons et les mauvais … »

Antonin Fourlon, l’un des réalisateurs du film

L’appartement est devenu trop petit (ou bien l’était-il déjà avant ?) les enfants de ce fait sont intenables, les parents irritables, et la vie compliquée. C’en est trop pour Adélaïde et Simon (Camille Lou et Hakim Jemili) , qui décident un beau matin de rechercher un bien à la campagne. Ni une ni deux, ils sont embarqués par une agente immobilière complètement déjantée, alias Chantal Ladesou, Une maison, un terrain, un bois ? C’est incroyable ! Une servitude ? Oui, les gens pourront aller aux champignons… Et tous ces voisins si gentils, c’est sûr, ça change de Paris. Sauf que les promeneurs du bois ne viennent pas pour le gibier escompté, et que leur terrain est en réalité le lieu privilégié des chasseurs. Durant six mois, de nuit comme de jour, les voisins s’adonnent à leur passion. Et les carabines qui pétaradent ne s’arrêtent pas aux murs de leur charmante maison, ce qui va évidemment créer le nœud de l’histoire : est-il possible de cohabiter quand on est si différent les uns des autres ?

Julien Pestel, Camille Lou et Antonin Fourlon

Antonin Fourlon le confesse, il y a beaucoup d’autobiographie dans le point de départ du film, qu’il a écrit pendant le confinement. La file d’attente au parc pour utiliser le toboggan, les enfants ingérables dans un petit espace, les charmants bruits de la ville et les prénoms des enfants qu’on est obligé de changer tant il y a de petits portant le même prénom, le manque de place et la promiscuité, tout ça, il connaît bien. Mais ce n’est pas pour autant qu’avec son co-réalisateur, il idéalise la campagne. « Tout le monde en prend pour son grade, personne n’est épargné, s’amuse Camille Lou, on a autant les qualités et les défauts des ruraux que des parisiens. Moi je viens de la campagne, ça me parle. Alors la première fois que j’ai lu le scénario j’ai dit oui tout de suite tant j’ai ri. » Il faut reconnaître qu’ils ont mis la barre assez haut niveau scènes cultes, et que le duo Didier Bourdon – Thierry Lhermitte est assez légendaire dans une scène de santé au cours d’un banquet de chasse d’anthologie. « Didier Bourdon ne voulait pas forcément refaire le sketch des Inconnus, reprend Antonin Fourlon, il fallait plutôt qu’il se rachète un peu quelque part. Il n’est pas dans le cliché, c’est ce qui lui a plu. Il n’était pas question qu’il tue la gallinette cendrée, on n’est plus dans les années 80. » Pourtant, une petite phrase n’échappera à aucun « enfant » des années 90, et Didier Bourdon parvient à passer du comique à la tendresse avec une facilité et une justesse déconcertante.

N’est pas chasse gardée qui veut !

Julien Pestel

Ce n’est donc pas un film qui fait l’apologie de la chasse, ou qui casse les chasseurs. Ce n’est même pas le sujet du film. « La chasse, c’est un prétexte, reconnaît Eric Forestier, on a voulu montrer qu’il y a une grande diversité dans la ruralité, comme dans la chasse, on parle de l’exode des parisiens, qui est une réalité, que les modes de vie ne sont pas les mêmes et qu’on ne peut pas changer les traditions comme ça ! »  Parmi toute la galerie de personnages, celui de Benjamin attire bien sûr l’attention. Julien Pestel, que l’on connaît surtout dans des rôles comiques, parvient ici à donner du relief à son personnage tantôt complètement barré tantôt vraiment touchant. « j’ai une préférence pour la comédie, mais avec ce rôle-là j’ai pu explorer toute la palette d’émotions. Benjamin, s’il ne va pas à la chasse, il n’a pas de copains, et ça, ça existe aussi. » D’autant que les comédiens ont pu bénéficier d’une grande liberté, faire des propositions pour apporter des couleurs supplémentaires à leurs personnages, « Les réalisateurs étaient ultra à l’écoute, et il n’y avait vraiment rien à changer au scénario, on apportait parfois des éléments ce qui rendait nos personnages ultra-riches. » a ainsi expliqué Camille Lou. Quant au titre, qu’on ne s’y trompe pas, il faut attendre le milieu du film pour qu’il prenne tout son sens, et c’est plutôt joli.

Tous les ingrédients d’une comédie familiale sont là : des animaux, poules, sangliers, lapins, chat, cerfs, chiens, qu’ils soient réels ou en 3D, des enfants, sans doute encore plus imprévisibles et surprenants que l’ensemble du casting, un énorme travail de décor et de son, pour rendre les scènes crédibles, des scènes cultes, des acteurs confirmés et des plus jeunes, un maire à peine sorti de l’adolescence, un happy end et beaucoup de fous rires sur le plateau. « J’ai pris mes plus gros fous rires sur ce film avec Chantal Ladesou, rit encore Camille Lou en se les remémorant, dans l’équipe nous étions de générations différentes et pourtant nous étions tous ensemble dans la même folie ». Ce qui est certain, c’est que cette ode au savoir-vivre en communauté ne laisse pas indifférent et fait passer un bon moment, ce qui était sans aucun doute l’objectif des réalisateurs. « Tout le monde peut se reconnaître dans un personnage » conclut Antonin Fourlon, et c’est bien vrai. Maintenant il va falloir patienter encore un peu, le film ne sort que le 20 décembre en salles !

« Chasse Gardée » sort le 20 décembre en salles

Film réalisé par Antonin Fourlon et Eric Forestier

Avec Hakim Jemili, Camille Lou, Didier Bourdon, Thierry Lhermitte, Jean-François Cayrey, Julien Pestel, Chantal Ladesou, Isabelle Candelier, Guillaume Bouchède, Théo Gross

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