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La Gazette du festival : croire encore aux miracles avec « Petit Jésus »

Par Laura Campisano • Publié le 10/06/23

« On a tous besoin d’un petit miracle » non ? C’est un vent de fraîcheur, de positivité, de bonnes ondes et de poésie qui a soufflé sur le théâtre du Casino en ce 3e jour de festival avec la diffusion de « Petit Jésus », long-métrage de Julien Rigoulot, dans lequel Gérard Darmon, Antoine Bertrand,  Youssef Hajdi et Bruno Sanches se lancent dans une quête miraculeuse autour du jeune « Loulou », alias Esteban Azuara. De belles réparties et un joli conte moderne qui fait du bien, apporte de l’espoir, quand autour de soi tout semble aller au plus mal.

Croyez-vous aux miracles ? C’est la question presque centrale de ce long-métrage de Julien Rigoulot. Plus qu’aux miracles, croit-on encore – alors qu’à l’extérieur de cette bulle que constitue le cinéma, la haine et la folie frappent toujours – en l’humain, en l’amour, en l’espérance, en la famille ? Ce ne sont pas de vaines questions, ce n’est pas, au contraire même, le mauvais moment pour parler de ça. Et c’est exactement ce qui a poussé Julien Rigoulot à réaliser un film avec en son centre, la part belle à l’espoir, celui que la lumière gagne sur les ténèbres, quelque part.

Une vraie famille de cinéma

La vraie particularité de ce film est un esprit de famille, qui se ressent, qui se perçoit, qui se vit même. Un père et un petit garçon une semaine sur deux, un père et un grand garçon qui ne se sont pas vus depuis des années, une maman et un fils, un couple de femmes qui s’aiment, une communauté réunie autour d’un prêtre, des amis. En bref, les liens entre les personnages créent une véritable équipe, à l’instar de la volonté du réalisateur, Julien Rigoulot. « On s’est tous rencontré sur le tournage, et immédiatement il y a eu une vraie empathie généralisée entre nous, sans doute était-ce ma volonté d’être gentil, sympathique, qu’il y ait cette ambiance sur le film, nous confiait-il, baigné par le soleil aixois. On était tous dans un camping dans le Sud, et c’était très familial, la communauté était formée. » Le résultat se voit à l’écran, cette famille, même recomposée, est crédible, et les sentiments sont particulièrement bien dessinés. « Mon objectif était de faire un film d’amour dans lequel les gens se reconnaîtraient, a-t-il ajouté, je ne voulais pas aller taper dans la croyance des gens, je laisse le spectateur se faire sa propre idée. »

Et c’est bel et bien le cas : dans l’idée de passer plus de temps avec son fils dans le cadre de sa séparation, Jean décide de l’emmener promener des chiens qu’il a en garde avec lui… mais voilà, Jonathan échappe à la vigilance du petit garçon et traverse la nationale en lisière du bois. Dommage, il n’y a plus grand chose à faire pour Jonathan. A moins que…. une caresse du petit Louis et le chien se remet à remuer la truffe et la queue. Serait-ce possible ? L’animal était-il vraiment mort ? A-t-on assisté à un miracle ? Et voilà ce qui donne un nouveau sens à l’existence de Jean. Car se faire quitter pour une femme, ne pas avoir de métier stable, être confondu avec un Alsacien ou un Suisse ne fait plaisir à aucun Québécois, c’est un fait, il vit une mauvaise passe que ce potentiel miracle et ceux qui suivront, si l’on veut y croire, peut reléguer aux oubliettes. S’intéresser à son petit garçon, essayer de connaître son père, sorte de Barabbas des temps modernes campé par un Gérard Darmon exceptionnel, voilà qui lui donne à nouveau envie de se lever le matin.

« Mon urgence est de faire plaisir »

Mais comme bien entendu, une quête ne se résout pas si facilement, le film prend une tournure à la fois tendre et comique, tout en restant incroyablement poétique. « On a eu sur ce tournage un véritable espace de liberté mais c’est important que le réalisateur mette en place un travail en amont ce qui n’est pas forcément commun en France, reconnaît Bruno Sanches qui incarne le père Rémi, prêtre de cette paroisse incroyable. Lui croit aux miracles, pour de vrai  » J’ai eu beaucoup de chance donc j’y crois oui, reconnaît le comédien, je pense que le vrai message de ce film, c’est que Julien ose parler de la mort, ce n’est pas du prosélytisme, mais ça parle de la manière dont on vit aujourd’hui. On a oublié plein de choses… C’est un film qui fait du bien parce que c’est ce dont on a besoin en ce moment « Dans ce rôle de prêtre plutôt progressiste, auquel il a prêté son regard doux et sa fantaisie, Bruno Sanches reconnaît avoir  » ajouté un truc que Julien ne voyait pas comme ça, c’est un rôle très différent de ce que j’ai déjà eu l’occasion de jouer, c’est presque le personnage du film le plus difficile à créer. On a fait un vrai travail commun avec Julien, qui m’a retiré toutes mes mimiques, ça m’a permis de me remettre en question, j’ai cette envie d’être dirigé. Il ne faut jamais apprendre son texte en restant figé, ce n’est jamais bon de s’habituer à quelque chose « a-t-il conclu, saluant les prestations de ses camarades de jeu, notamment le jeune Esteban dont c’était le premier rôle, » Monsieur « Darmon, et Antoine Bertrand qu’il trouve absolument incroyable. Une vraie famille, vous disions-nous.

Alors que « l’évangile selon Rémi », que Julien Rigoulot a lui-même rédigé, est actuellement en attente d’être validé par le Vatican,  une partie de l’équipe a présenté le film en compétition en avant-première. « J’avais plus envie de me moquer gentiment des athées que des croyants, la communauté catholique est vaste, reprend le réalisateur, on voit tant de polémiques qui souvent opposent deux camps différents, je n’ai ni le temps, ni l’envie de faire un film polémique. On a tous des souvenirs du cathé, de la culture catholique, ça fait partie de la société. Mon urgence, c’est de faire plaisir. Quand je fais de la musique, je fais danser les gens, comme avec ce film, la vie est très courte ! Ma productrice m’a aussi poussé dans le positif, à chercher la lumière. Il y a eu généralement beaucoup de tendresse dans ma manière de voir les choses. »  Beaucoup de bienveillance dans la façon de tourner, y compris les rapports entre Caroline Anglade et Antoine Bertrand, qui incarnent ces parents divorcés qui n’avaient rien vu venir. Pas de guerre ouverte, pas de plaies béantes ni de règlements de comptes, ni de coups bas. Au contraire, si on s’attaque à la mère de son fils ou même à la nouvelle compagne pour laquelle elle l’a quitté, Jean n’hésite pas à montrer les crocs, « la famille c’est sacré ».

Toujours est-il que les thématiques de l’invisible, du sacré au quotidien sont chères à Julien Rigoulot qui ne compte pas s’arrêter au Petit Jésus, afin de  poursuivre sa quête de symboles et de mythologie à travers ses prochains films. D’ici là, le public aura le temps de se faire une idée sur les miracles, ou non, accomplis par ce petit bonhomme de 8 ans au talent fou et au visage d’ange, sur lequel il faudra – aussi, sûrement – bientôt compter !

Petit Jésus sort le 12 juillet en salles

Une comédie de Julien Rigoulot avec Bruno Sanches, Gérard Darmon, Antoine Bertrand, Youssef Adji, Caroline Anglade, Esteban Azuara

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