article • 3 MIN

Chambéry : Antonin Verhamme, pour l’amour de l’art

Par Laura Campisano • Publié le 07/07/23

Avec un nouveau livre et un récital sortis au cours du même mois, c’est peu de dire qu’Antonin Verhamme est très sollicité, surtout en Savoie dont il est l’un des fils. Comédien, scénariste et auteur, il a tracé son petit bonhomme de chemin depuis quelques années déjà, grâce à des rencontres providentielles et aussi à un amour de l’art que rien ne pourrait démentir.

Derrière ses lunettes fumées, on devine les pupilles scintillantes de ce jeune homme à la silhouette élancée. Toujours élégant, toujours gracieux, il semble arriver d’un autre monde pour passer un peu de temps avec nous et nous raconter ses projets avant de retourner là où il se sent bien : sur les planches d’un théâtre, entouré de ceux et celles qui veillent sur lui. Antonin Verhamme est chambérien, a grandi au Bourget-du-Lac et a établi son point d’ancrage à la Motte-Servolex, mais c’est à Brides-les-Bains qu’il a fait la rencontre déterminante de sa vie, celle qui – à 50 % – l’a mené jusqu’ici. On ne sait lui donner d’âge, mais sans détour, à la façon facétieuse d’Amanda Lear, il ne résiste pas à nous répondre « je suis intemporel, darling ». Et c’est exactement ce qui émane de lui, de ses écrits et de ses créations : l’intemporalité.

Deux amours : son « pays » et Paris

« Dès que je pose un pied en Savoie, il faut que je voie le lac du Bourget, c’est inexplicable, j’en ai besoin. Il faut que je passe par là, j’ai besoin de passer par le lac ». Antonin est attaché à la Savoie, c’est une évidence, mais nous dirions pour être plus juste à « sa » Savoie, à ses lieux emblématiques qui révèlent sa sensibilité et lui permettent de l’incarner. Le lac du Bourget en fait partie. La MJC de Chambéry aussi, où il découvre le théâtre, le festival d’opérette d’Aix-les-Bains, qu’il a rejoint en 2016 et où il est resté trois ans. « C’est à la MJC de Chambéry que je suis monté sur scène pour la première fois, se remémore-t-il, c’est là que j’ai ressenti la sensation que ma place était là. J’étais conscient que je ne changerai pas forcément le monde, mais c’est là que je me sentais en sécurité. » Et c’est là que la « saga » Verhamme a démarré, entouré de femmes influentes qui vont l’aider à tracer son chemin.

Sa mère d’abord. C’est sa première vraie rencontre. Parce qu’en sa qualité de journaliste radio, elle lui fait découvrir de nombreux artistes en studio, parce qu’en comprenant très vite que son fils se démarque des autres enfants, elle lui permet de suivre une scolarité Montessori et de faire ses premiers pas sur les planches. L’autre rencontre, quelques temps plus tard, alors qu’il est adolescent n’est autre que Line Renaud, qui flaire le potentiel en lui, au détour d’un tournage à Brides-les-Bains. La demoiselle d’Armentières décide de le prendre sous son aile, l’intronise en quelques sortes, le convie à la fête de son 90e anniversaire, le présente à nombre de ses amis, et lui enseigne les codes du métier d’artiste dans la jungle parisienne. Il s’y installera aussi, partageant sa vie entre « sa » Savoie et la capitale où tout est possible pour l’artiste en devenir qu’il sait déjà être.

Des femmes donc, et pas n’importe lesquelles, l’encouragent à développer sa fibre artistique et lui permettent d’éclore. Alors seulement, Antonin ne craint plus rien et se permet d’exister, de montrer son univers au public. « Line m’a enseigné l’humilité, mais aussi qu’il fallait se lever chaque matin comme si c’était le dernier et créer des projets comme si on allait vivre pour l’éternité, explique-t-il, c’est vraiment ma grand-mère de cœur. Quand j’ai co-écrit ma première pièce et que je l’ai jouée à Paris, elle était au premier rang. Et quand je la remercie, elle me dit ‘j’ai aidé le petit garçon que j’ai rencontré à avoir confiance.' » C’est pour la remercier qu’il a fait paraître son premier livre, intitulé « Crois en tes rêves, mes rencontres avec Line Renaud », qui lui ont offert, à peine âgé de 18 ans, un vrai tournant. Celui des projecteurs qui enfin lui offrent la lumière et celui de sa propre reconnaissance personnelle : « Je me suis dit, ça y est, je suis capable d’écrire » confie-t-il, encore sous le coup de l’émotion, lui dont la dyslexie et dysorthographie auraient pu couper les ailes. Ecrire, rendre hommage à des femmes qu’il admire de leur vivant, co-écrire des pièces de théâtre, les jouer sur scène, oui, tout ça, Antonin sait le faire. Perfectionniste, exigeant avec lui-même, après avoir obtenu le bac avec mention et avoir foulé les couloirs du conservatoire régional d’art dramatique de Chambéry, Antonin reconnaît de bonne grâce que sans son entourage il lui serait difficile d’être doux avec lui, même à de très rares occasions.

L’homme aux mille projets

Présentateur de sa propre émission « Savoie d’Artistes » sur Savoie News, Antonin Verhamme aime beaucoup donner la parole à d’autres, parler des autres, les mettre en lumière. C’est donc tout naturellement que ses deux projets du moment s’inscrivent sur ce fil conducteur, faits de mots. Les siens, tout d’abord dans son nouvel ouvrage « Femmes de cœur », paru aux éditions La Fontaine de Siloé. Ces femmes, ce sont Chantal Goya, Nicoletta, Sophie Darel, Isabelle Aubret, Galia Salimo, Cyrielle Clair, Juliette Tresanini, Firmine Richard, Jil Caplan et Armande Altaï. Des noms que tout le monde connaît, toutes générations confondues, comme l’a souhaité Antonin. « Je voulais qu’elles se livrent à cœur ouvert, confie-t-il, chaque femme a au moins un sujet fort à traiter, et elles m’ont accueilli à bras ouverts. A chacune d’elles j’ai demandé ‘quel conseil donneriez-vous aux nouvelles générations ?’ car on s’apporte autant de choses, sans même le savoir. Ce sont des femmes influentes, et je voulais avoir leur vision du monde. »  Tout chez Antonin vient du cœur, impossible de passer au travers de cet amour qu’il voue aux artistes, et à l’art en général.

C’est pourquoi son deuxième projet s’articule autour d’autres mots, ceux d’artistes, dont on connaît parfois peu le talent d’écriture. Après sa première pièce avec Gilbert Coudurier « Sauve-toi, la vie t’appelle », après un premier récital mis en scène par le chorégraphe Matthieu Barrucand l’été dernier intitulé « Mots pour mots », le voici avec « Double face », un récital alternant piano et voix, déclamant des textes connus ou peut-être moins, réarrangés à sa façon. « On a des super auteurs en France et souvent on passe à côté, regrette Antonin, ce récital n’a pas de ligne directrice, il est multigénérationnel, ce que je souhaite c’est que les gens redécouvrent les chansons et ensuite se laissent emporter par les mots. Il y aura des mélodies au piano sans voix, et des textes déclamés sans piano. » Mis en scène par Jean-Jacques Durand et accompagné de la pianiste Miss Myriam, Antonin a fait le choix de plusieurs dates estivales en Savoie, en participation au chapeau « pour que tout le monde puisse en profiter et se faire une idée ». Il sillonnera donc le territoire avec des dates à Challes-les-Eaux, Barberaz, au Prieuré du Bourget du Lac, à la galerie Exit d’Aix-les-Bains et à l’espace sourire de Chambéry, avant de repartir vers la Suisse, l’Isère et le Théâtre de l’île Saint Louis.

Que nous dit ce parcours ? « Que je suis né avec un très mauvais jeu de cartes et que j’avais le choix entre m’en contenter ou jouer. J’ai joué et je dois dire qu’il se pourrait que mon jeu me soit favorable » réplique tout sourire le facétieux comédien. Humble, il sait l’importance du public : « Je suis une petite chose qui mène ses projets, sans eux, Antonin existe mais l’artiste non. Alors ma mission c’est de ne pas les décevoir, à chacun de mes projets. » Bien entendu, entre deux promos, une radio, une interview papier, Antonin Verhamme rêve encore, toujours, fort. Mais son rêve le plus important est « que tout cela ne s’arrête jamais, et de continuer à toujours être très bien entouré, j’ai une très forte notion de la famille de cœur. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir croisé la route de ces hommes et de ces femmes. » Qui sait s’il s’agit de chance… ou de talent ? Un peu des deux sans doute…

Récital « Double Face » avec Miss Myriam au piano, et Antonin Verhamme, mis en scène par Jean-Jacques Durand

le 15 juillet à l’espace Bellevarde de Challes-les-Eaux à 20h, le 21 juillet au Théâtre 40 de Barberaz à 20h30, le 28 juillet au Prieuré du Bourget à 20h30, le 19 août à la Galerie Exit, à 20h30 à Aix-les-Bains, le 26 août à l’espace Sourire à Chambéry, à 20h30.

Entrée libre, participation au chapeau

Toutes les informations sur les autres dates de la tournée d’été :https://www.t4v.fr/agenda

« Femmes de Coeur » paru le 5 juillet à la Fontaine de Siloé, disponible dans toutes les librairies.

Tous les commentaires

0 commentaire

Commenter