Culture et transmission : la Garzza de Laura Mendola met l’Italie à la portée de tous

Elle s’affaire et doit se trouver partout à la fois. Pour la première fois, Laura Mendola a ramené sa Garzza à Chambéry, au pied de la fontaine des Eléphants. Les chefs vont en effet prendre place dans les « à-côté » de la Quinzaine du cinéma italien, organisé par le cinéma l’Astrée de la cité des Ducs. Organiser, gérer, coordonner c’est un métier, et même une passion pour Laura Mendola. A quelques heures de cette nouvelle journée placée sous le signe de la gastronomie italienne, quinze jours avant une Garzza di Natale au théâtre de Verdure d’Aix-les-Bains, la pétillante sicilienne garde le sourire malgré les heures de travail qui restent à abattre pour « créer de l’émotion » chez les participants.

Ambassadrice de l’excellence italienne dans le monde

« Je ne m’attendais pas du tout à recevoir ce prix, j’en suis très heureuse mais ça arrive tôt, ça ne fait que deux ans que j’ai créé la Garzza ! » s’étonne Laura Mendola quand on évoque avec elle ce titre d’ambassadrice de l’excellence italienne dans le monde, remis à Lyon le 22 septembre dernier. Une reconnaissance qui arrive sans avoir été annoncée, d’un coup d’un seul, par les institutionnels, lors de l’annonce de la candidature de l’Italie pour que la cuisine italienne soit inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. La scène se passe au palais de la Bourse de Lyon, devant un parterre d’officiels comme le Consul d’Italie à Lyon, ou d’autres qui découvrent le travail de la jeune Savoyarde. Rien qui lui fasse perdre la tête pour autant. Loin d’elle l’idée de se reposer sur ses lauriers, mais plutôt de voir cette récompense comme une reconnaissance de son investissement pour faire connaître, rayonner la culture italienne. « Ce titre c’est la preuve que les officiels prennent le concept de Garzza au sérieux, ça permet de crédibiliser le projet, de le faire évoluer, de le structurer et de le propulser davantage. » analyse-t-elle.

Il ne s’agit pas simplement de street-food, il s’agit de transmission : si Laura Mendola est une ambassadrice de la culture italienne avant toute chose c’est parce qu’elle l’a dans les veines, elle veut faire connaître, mettre en lien, promouvoir ce qu’elle aime et ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est l’Italie. D’origine sicilienne, elle sait que la culture italienne réside au-delà des pâtes et de la pizza dans les traditions et les plats de rue, dans l’art de vivre à l’italienne. Elle connaît la culture puisqu’elle la vit, elle connaît les traditions puisqu’elles ont bercé son enfance, et tout cela ajouté à une force entrepreneuriale impressionnante donne un événement désormais incontournable. « En créant Garzza, je n’ai pas pensé stratégie, je n’étais pas en mode mental, explique Laura Mendola, après avoir travaillé 10 ans dans l’export textile, je me suis rendu compte que j’adorais organiser des événements, que j’adorais la culture italienne, que j’étais trop fière de ce que je partageais chez moi alors je me suis lancée. C’était plutôt de l’instinctif, de l’intuitif. J’ai réalisé que c’est ce que j’aimais, et que cela faisait sans doute partie de ma mission de vie. »

La transmission et le lien intergénérationnel au cœur du projet Garzza

« Monter un festival seule, ce n’est pas anodin, j’ai beau être pleine d’entrain, ça demande une vraie force », reconnaît la jeune femme, ajoutant toutefois, « ce qui me touche le plus dans les retours c’est que les gens aient partagé un moment de joie simple, toute classe sociale confondue, toute culture confondue, tout âge confondu. C’est de retrouver quelque chose que l’on aime tous. A la dernière édition de Garzza, une jeune romaine de 22 ans qui était expat’ en Savoie m’a dit qu’elle avait retrouvé l’esprit des fêtes de son village, c’est ça que j’aime. Je reste fidèle à l’image de Garzza. » sourit-elle.

Créer des émotions, faire découvrir le folklore, la culture, les traditions, les faire perdurer pour ceux et celles qui les connaissent déjà, faire la fête ensemble en cassant les codes, en famille ou entre amis, voilà l’ambition de la Garzza. « On parle tous le même langage, il y a un lien par l’émotion, relève Laura Mendola, qui mélange avec brio certains clichés sur l’Italie et une ouverture sur la richesse d’une culture parfois méconnue,  » quelqu’un qui n’a aucune attache avec l’Italie va pouvoir retrouver ce qu’il en connaît, alors que quelqu’un qui est Italien va retrouver l’authenticité à laquelle il s’attend. Le but c’est de retrouver ce qui se passe vraiment en Italie. « L’auto-dérision oui, mais ça n’empêche pas de faire les choses sérieusement, à l’italienne donc. Laura Mendola se défend de surfer sur la tendance italian food qui a vu le jour ces dernières années :  » je ne suis pas une arriviste, je n’ai pas le droit à l’erreur, je veux rester authentique et jamais je ne serai opportuniste. La preuve, je pourrais travailler avec  de gros clients comme Campari ou Peroni, mais je préfère travailler avec des producteurs locaux, des partenaires qui travaillent eux aussi avec authenticité. La preuve, cela faisait 3 éditions que je voulais proposer de la pizza mais je cherchais le bon chef pour proposer la meilleure, c’est ce qu’on a fait cette année. Tous les professionnels ont leur place dans le festival. « 

Témoin de la transmission de la culture dans sa propre famille, puisqu’elle porte le nom du tout premier arrivant de Milena dans la cité thermale, Laura Mendola affronte la perte de sa tante Angela, une semaine avant la première édition de Garzza à Aix, en septembre 2021. Créatrice du comité de jumelage entre Aix-les-Bains et Milena, celle qui est un exemple d’action et de dynamisme dans sa famille tire sa révérence à quelques jours d’un festival dont elle se réjouissait. « Cet événement aussi, à quelques jours de la toute première édition officielle, c’est quelque chose qu’il faut traverser, et d’une certaine manière, elle m’a passé le flambeau, c’est comme si elle me disait ‘c’est ton tour maintenant’ elle m’a montré le bon chemin » philosophe la jeune femme.

Une ambition qui creuse son sillon

Terroir Café, Delizie d’Italia, Nicolo e Marina, Pasta e dolci Genuini, la Puccia by Cristian… Autant de noms connus sur le territoire Aixois qui travaillent aux côtés de Laura Mendola et qui partagent avec elle leurs origines communes et leur amour de la cuisine italienne. « Les gens avec lesquels je travaille sont des chefs italiens qui comme moi sont de la 2e ou de la 3e génération, ils se reconnaissent dans l’âme de Garzza, maintenant je vais tout faire pour développer ce projet de manière structurée, avec des collaborations, faire grandir l’asso, travailler avec de nouveaux plats de rue, de nouvelles personnes, notamment avec l’Italie. Quand on y pense, il n’y a qu’une chaîne de montagnes qui nous sépare, on est à côté ! Il y a des richesses locales qu’il faut mettre en lumière. » 

Persuadée que la Garzza a sa place dans les à-côtés de la Quinzaine du cinéma italien et partout où l’Italie est célébrée et mise à l’honneur, Laura Mendola parvient toujours à proposer le meilleur de ce qui se fait aux alentours, le tout dans une ambiance festive, populaire et ambitionne d’aller encore plus loin. Chaque année, la Garzza met la musique à l’honneur, l’an dernier avec le groupe Avinavita, cette année avec la maison de la Tarantelle, avant des sets italo-disco qui ont fait danser jusqu’au bout de la nuit boucles grises et brunes confondues. Cette fois, le cinéma italien trouve sa place dans sa manifestation. « Pourquoi ne pas imaginer une journée Garzza avec une séance de cinéma en plein air, pour proposer un beau film italien de légende ? C’est une ambition pour les prochaines en tout cas. »

Dans l’immédiat, les derniers détails sont peaufinés pour l’événement du 18 novembre, avant d’enchaîner sur la Garzza di Natale, le 2 décembre au théâtre de Verdure d’Aix-les-Bains à l’image de ce qu’elle a organisé à Lyon, l’an dernier : un marché de Noël, avec de l’artisanat local, une fresque réalisée tout au long de la journée par le collectif le M.U.R, de la petite épicerie italienne, du panettone et du pandoro, des food-trucks mais aussi un DJ set italo-disco de 19h à 22h, pour réchauffer les cœurs. « L’idée reste toujours de se retrouver, autour des traditions qui bercent notre enfance depuis toujours. Et d’être ensemble. » s’enthousiasme Laura Mendola. L’esprit Garzza, tout simplement.