article • 3 MIN

Festival Musilac, la fin d’un malentendu ?

Par Jérôme Bois • Publié le 16/06/24

Depuis vingt ans que le festival revient à l’été naissant, il fait l’objet de tous les fantasmes et engendre la contradiction dans l’esprit des Aixois ? Rentable ? Trop assisté financièrement ? Quid du ruissellement dans l’économie locale ? Pourquoi tant de bruit ? Mais surtout, pourquoi tant de haine ? Face à ces interrogations légitimes, c’est à travers une enquête de retombées financières et de satisfaction que l’organisateur, Rémi Perrier, la ville et l’office de tourisme Riviera des Alpes répondent en chœur.

Musilac est un paradoxe ; rare festival musical français à se tenir chaque été en pleine ville, suscitant autant de fantasmes que d’enthousiasme, régulièrement à deux doigts de la rupture (en 2013 avec 350 000 euros de pertes, 2015, 2020, du fait de la crise sanitaire et 2022 avec un gouffre d’1,2 million d’euros) mais générant toujours de la passion, il est un fondement économique de la cité thermale, encore fallait-il pouvoir le certifier.

Sur un fil

Comme une hirondelle au printemps, la vieille ritournelle des retombées exactes du festival sur l’économie locale revient chaque année, en particulier au moment où le conseil municipal lui accorde sa traditionnelle subvention. Chaque opposition municipale y est allée, depuis des lustres, de sa charge plus ou moins violente sur un événement certes d’envergure mais qui aux dires de certains n’apporte que trop peu aux commerces locaux, aux hébergeurs (les festivaliers privilégiant le camping), aux restaurateurs (le village du festival, fort de nombreux points de vente, est assez peu « couleur locale ») tandis que la mairie s’ingénie à poser annuellement 200 000 euros sur la table pour aider Musilac, y compris lors des deux années où il n’avait pu se tenir, Covid oblige. « C’est une société privée, rappelait Renaud Beretti, fin juin 2020, mais elle a été crée uniquement pour Musilac Aix-les-Bains, ils ont des frais fixes à rembourser, qui tournent presque intégralement grâce aux subventions. (…) La capitalisation de Musilac n’est pas exceptionnelle, le festival est très fragile, comme tous les grands festivals français. On a fait ce choix malgré près de trois millions d’euros de retombées qu’on ne retrouvera pas cette année ». La question de son maintien s’est maintes fois posée lorsque le festival affichait un trou béant dans ses comptes, à chaque fois, le festival a pu compter sur la bienveillance et la générosité des collectivités locales. « Musilac a manqué de disparaître trois fois en 20 ans » , rembobinait le maire aixois, lorsque la survie de l’événement ne tenait plus qu’à un fil avec les deux années d’arrêt. C’était sans compter l’épisode 2022 et le déficit d’1,2 million d’euros affiché.

« Ce n’est jamais gagnant, soufflait Rémi Perrier à l’issue de l’édition 2023, chaque année on risque la mort du Festival, chaque année on repart de zéro. Ce n’est jamais acquis, c’est le public qui fait le succès d’un festival et le public a toujours raison ». Comme un symbole, toutes les places pour la journée du 13 juillet sont parties.

L’an dernier, le public avait permis de relancer la machine, d’assurer sa pérennité à court terme, et Rémi Perrier l’a d’ores et déjà promis, les dates 2025 sont fixées, du 9 au 12 juillet.

Des commerçants satisfaits

En 2020, le chiffre de 2,9 millions d’euros de retombées pour l’économie aixoise était évoqué par l’organisation, « hébergement compris ». Il n’a, semble-t-il (et curieusement) pas varié, quatre ans plus tard, selon l’étude d’impact présentée vendredi 14 juin, au restaurant la Plage, à Aix-les-Bains. « 2,914 millions d’euros générés auprès des acteurs locaux. Pour un euro de subvention versé, ce sont 14 euros de recettes injectés dans l’économie locale » , se réjouissait Laurie Souvignet, directrice générale d’Aix-les-Bains Riviera des Alpes. Dont 900 000 euros au bénéfice des hébergeurs, 470 000 euros vers les restaurateurs. Une enquête coréalisée par l’OT et l’institut de sondage GECE auprès desdits acteurs (à travers un questionnaire et des entretiens téléphoniques) a permis de coucher noir sur blanc le satisfecit général : 96% des commerçants disent avoir une bonne image du festival, tout juste ont-ils demandé à être davantage partenaires. 97% pensent que Musilac contribue à la bonne image du territoire, 88% assurant même qu’il le promeut idéalement. « Enlever Musilac, c’est enlever un morceau d’Aix-les-Bains » , insistait Laurie Souvignet. Et ils sont 84% à vouloir que l’événement perdure. Parmi les attentes, l’amélioration de l’offre de transport.

Planète Musilac

Le fonds de dotation Planète Musilac, créé en 2022, avait trois grandes idées à promouvoir ; préserver, partager, transmettre. Bâches d’occultation recyclées, un parking vélo de 800 places ainsi que des navettes depuis le centre de Chambéry sont les trois premières mesures destinées à préserver l’environnement. Mais le festival se voulant inclusif, d’autres idées ont germé comme le partenariat avec l’association annécienne Ostara, lieu d’écoute pour les femmes victimes de violences, faisant suite au partenariat déjà établi avec Zicomatic. Enfin, cette année, à l’occasion du concert de Louise Attaque le 12 juillet, deux interprètes en langue des signes « chansigneront » les paroles. Partenariat encore, avec l’Inseec dont les étudiants bénéficieront d’un stand à l’entrée du village tandis que les groupes vainqueurs du tremplin Musilac se verront offrir un bon d’achat de 250 euros par la marque Woodbrass. Evolutif, soucieux d’inclure et de répondre aux exigences de notre époque, Musilac souhaite donner l’exemple.

Le festival  n’est donc pas prêt de céder son esplanade, chaque début d’été, et ce en dépit des remous qui régulièrement l’agitent. Et tant que suivront les partenaires. Ainsi va la vie, trépidante, d’une entreprise de 22 ans d’âge.

Pour aller un peu plus loin

Pour plus d’informations sur le fonds de dotation ou pour devenir mécène : www.planete.musilac.com

 

Tous les commentaires

0 commentaire

Commenter