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Chambéry, écrin des arts vifs du 30 mai au 5 juin

Par Laura Campisano • Publié le 27/05/22

Cela faisait deux ans que le festival « Lez’arts vifs » n’avait pu reprendre ses quartiers au sein de la chapelle Vaugelas de Chambéry, au grand dam des membres de la compagnie « Lez’Arts en poche » et de ses participants. Ce festival pluridisciplinaire, qui crée un fil entre peinture, photographie, théâtre, musique et chant est enfin de retour du 30 mai au 5 juin, avec une palette d’artistes éclectiques, tous enchantés de pouvoir redonner vie à leur discipline sous les yeux du public.

Tout est parti de l’envie d’Aurélie Laseur, créatrice de la compagnie « Lez’Arts en poche » , il y a de cela une dizaine d’années, celle de faire se rencontrer différents publics et des artistes, à la fois professionnels et amateurs le temps d’un festival et de mélanger des arts qui ont plutôt tendance à se cloisonner. Ainsi, théâtre professionnel et théâtre amateur croisent la peinture, la photographie, la musique, dans un lieu atypique, telle une chapelle désacralisée au cœur de Chambéry. En 2019, le projet a finalement pu voir le jour pour la première fois, à la chapelle Vaugelas, par un heureux concours de circonstances qu’Aurélie Laseur et l’artiste Magali Thiboud (Galy), déjà présente dans la compagnie, ont su transformer en événement festif. Deux ans de crise sanitaire plus tard, il est temps pour le festival de lézarder à nouveau les murs de la chapelle.

Petites scènes intimistes et joie de retrouver le public

Qui dit lieu atypique, dit petites scènes, puisque la chapelle Vaugelas ne peut accueillir que 49 personnes à la fois, et c’est aussi ce qui fait la force de ce festival : il tient dans la poche, comme le concept « Dez’arts en poche », finalement. « C’est un lieu qui n’est pas du tout dédié à la culture populaire, explique Aurélie Laseur, ce qui rend le festival très intimiste, mais aussi, qui nous oblige à nous adapter, pour l’acoustique, notamment pour le théâtre. Mais en même temps, cela permet une vraie proximité avec le public qui de ce fait peut vraiment rencontrer les artistes. C’est aussi une manière de démystifier le côté sacral des artistes, ça change la donne. »  C’est ainsi que le public pourra se trémousser sur du rockabilly, découvrir des troupes de théâtre amateur et professionnel, de très près. Bien entendu, l’idée est aussi de créer une forme de cocon, en habillant la chapelle d’un décor qui fera ressortir les œuvres et les artistes. Oserait-on dire que c’est là tout un art ?

Toujours est-il que les artistes espéraient avec impatience la reprise des expositions et les rencontres avec le public. « J’attends un redémarrage pour les expositions, car c’est un moyen de faire connaître mon travail, » souriait la photographe Antoinette Praizelin, « C’est un vrai bonheur de retrouver les gens en » vrai «, un vrai contact, de pouvoir échanger en live, et pas derrière un écran ou un masque, s’enthousiasmait à son tour Galy, qui a à nouveau largement contribué à la concrétisation de cette édition du festival, bien sûr en tant qu’artiste, on mûrit aussi, on évolue, on crée de nouvelles choses, des œuvres inédites. 2019 était la dernière vraie rencontre avec le public » « C’était un beau succès d’ailleurs, cette première édition, nous avions accueilli du monde, en dépit de la canicule et du festival Lafi Bala qui avait lieu en même temps, et du fait qu’on ne nous connaissait pas encore, » se souvient Aurélie Laseur, qui souhaite faire aussi bien sinon mieux cette année.

Expositions inédites et pédagogiques

Une des œuvres de Galy sur laquelle ont travaillé les jeunes élèves du Collège De Maistre

C’est aussi pourquoi la programmation a elle aussi évolué, laissant place à plusieurs événements majeurs dont deux expositions, l’une associant photographies et découpages de papier, des artistes Galy et Antoinette Praizelin, l’autre, d’une classe de 4e Segpa du collège De-Maistre, de Challes-les-Eaux, dont les élèves ont travaillé tant sur des œuvres proposées par Galy, mais aussi sur des textes, dont ils proposeront une lecture publique devant leurs professeurs et familles. « Nous leur avons proposé de raconter une histoire autour de deux toiles, expose Galy, et d’en faire leurs propres petits tableaux. Ils ont fait des choses magnifiques, eux-mêmes étaient fiers de leurs créations, qui seront exposées à côté des toiles originales, à la Chapelle Vaugelas. C’était une très belle expérience. » En plus des toiles, les élèves ont également préparé des textes durant 9 séances, avec Aurélie Laseur, dont ils feront la lecture publique.

Découpage de papier réalisé à la main par Galy

Galy exposera par ailleurs cinq autres de ses toiles, des découpages de papier oniriques et gigantesques (dont un dragon de 3 mètres de haut), sa marque de bijoux, ainsi que d’autres créations originales découpées, créées dans le cadre d’un travail commun avec Antoinette Praizelin, photographe. « Cela faisait très longtemps que je voulais travailler le papier, qui est une matière noble, simple, fragile et résistante à la fois, souligne l’artiste, il offre beaucoup de possibilités, et notamment le ‘kirie’, qui est l’art japonais du découpage de papier. Pour le réaliser il faut beaucoup de temps, de silence…Pendant le premier confinement j’ai eu ce temps, et cela coïncidait avec le changement de sujets d’Antoinette, nous avons donc penser à collaborer pour créer de petites pièces, réunissant des photos, des sculptures de papier et des poèmes (en triptyques NDLR) les thèmes sont très variés, ce peut être l’enfance, l’enchantement, l’environnement également. » « De mon côté, j’ai énormément réalisé de photos de la nature, et comme cela faisait longtemps que nous travaillions ensemble, Galy et moi, nous avons pensé à une expo pour les réunir ensemble, abonde Antoinette Praizelin, pour représenter des tableaux qui évoqueraient quelque chose au public. C’est quelque chose d’inédit, qui n’a semble-t-il jamais été réalisé de cette manière avant, dans des cadres réalisés sur mesure pour accueillir chacun de ces tableaux. » Le vernissage de cette exposition intitulée « Fragments de verre » se déroulera le premier jour du festival, le 30 mai prochain, et une partie des ventes des sculptures et photos sera reversée à l’association Zicomatic, également partie prenante du festival. Un nom évocateur, qui offre au public de multiples interprétations, mais qui trouve son origine dans le contenu de l’exposition. « Ce nom est lié aux fragments de papier et le verre à la lentille de l’appareil photo, décrit Galy, c’est une fenêtre, un regard sur le monde. » Poétique et onirique, nous le disions.

D’autres représentations et œuvres à la vente

Antoinette Praizelin (crédit photo Christophe Billion)

Comme Galy, Antoinette Praizelin exposera d’autres œuvres, telles que les photographies de guitare qu’elles a réalisées, ainsi que le livre qu’elle a édité chez les Manufactures des Deux ponts « Guitares confidentielles ». La bande dessinée réalisée par Aurélie Laseur et Galy pour Zicomatic sera également en vente au cours du festival, tandis que l’association sera elle-même présente sur scène, pour un concert. La compagnie « Lez’arts en poche » se produira pour « Les belles lettres du Professeur Rollin » (théâtre amateur adulte) et cinq élèves de la compagnie déclameront des textes de Maupassant, Baudelaire et Jean de la Fontaine. « C’est la première fois que mes jeunes élèves se produiront en public durant ce festival, se réjouit Aurélie Laseur, ce sont de vraies passionnées, des adolescentes qui ont le goût des textes et les ont elles-mêmes sélectionnés pour l’occasion. Ça fait plaisir de voir combien elles sont investies, de les voir lire, rechercher des auteurs. » Seront également de la partie les musiciens du groupe Man Max, avec Manon Werner et Max Anguson pour du rockabilly, ainsi que la compagnie de danse E-motions, dirigée par la chorégraphe Elodie Tarricone Scarabelli. Tout public, en entrée libre, le festival se veut éclectique, créant du lien entre les publics des artistes, et leur permettant de découvrir tout un univers sans doute jamais imaginé.  Avec une telle énergie déployée par ses organisatrices, lez’arts seront vifs, assurément.

Festival Lez’Arts vifs, du 30 mai au 5 juin 2022, Chapelle Vaugelas à Chambéry, entrée libre, au chapeau et tout public. Vernissage le 30 mai à partir de 17h. Réservation conseillée des spectacles : lezartsenpoche@orange.fr

Pour retrouver le programme complet du spectacle : Festival Lez’Arts vifs | Lez’Arts en poche (lezartsenpoche.com)

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1 commentaire

Hugues VAN WYNSBERGHE

28/05/2022 à 13:19

J'espère que l'organisation n'est pas trop chronophage pour l'organisatrice... car faire cela seule, quel challenge.....

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