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Chambéry, où notre eau s’infiltre, s’écoule et se partage

Par Jérôme Bois • Publié le 11/05/22

Chambé ville d’eau, on n’y croirait pas une seconde et pourtant, c’est ce précieux liquide qui en a façonné ses contours et la Leysse n’est pas le seul indicateur de la présence d’eau en ville. De l’une des 18 plaques montrant le niveau atteint par la crue de 1875 aux cours de l’Albanne et de l’Hyères, de la nappe phréatique sous nos pieds aux pilotis qui soutiennent le centre-ville, elle a été un élément fondateur de sa construction et de son évolution. Aujourd’hui, à l’heure où elle se raréfie et où la 6e limite planétaire – celle du cycle de l’eau douce – vient d’être franchie, les questions de sa présence et de sa préservation se posent plus que jamais. La municipalité va s’y atteler tout l’été.

La Leysse, à Chambéry, parfois couverte, parfois non.

Le cycle « Chambéry ville perméable » sera lancé le 14 mai, en marge du démarrage de la semaine de la nature en ville (du 14 au 21 mai) et s’étirera jusqu’à fin juillet. Derrière cette expression se cache un vrai sujet à tiroirs, dont les conséquences peuvent modifier notre qualité de vie au quotidien. Une ville perméable est une cité où l’eau s’écoule, s’infiltre le plus naturellement possible. Plus précisément, ce travail vise au rafraîchissement des zones urbaines, à favoriser la nature en ville, à recharger les nappes phréatiques, à lutter contre les inondations, à protéger les milieux aquatiques et à évoluer dans un cadre de vie agréable.

Chambéry a une histoire avec l’eau

L’eau, parlons-en justement car à l’heure où nous parlons, la 6e limite planétaire vient tout juste d’être franchie, celle du cycle de l’eau douce. 6 sur 9, peut-on encore parler d’urgence tant depuis des années elle est impérieuse ? La cille perméable, c’est l’occasion de se questionner sur la place de l’eau en ville, sur la capacité d’infiltration de nos sols, sur le fait de rendre l’eau visible, de l’intégrer au paysage dans le contexte brûlant de changement climatique. Chambéry a connu les affres de ses excès, en 1875, lors d’une inondation dont elle porte encore les stigmates, elle dont le centre est en partie bâti sur pilotis en raison de la présence souterraine d’une nappe phréatique. Régulièrement en cas de grosses pluies, certains secteurs se retrouvent sous les eaux.

Le cycle ville perméable est donc un temps dédié à la découverte des liens entre eau et cité. Durant trois mois, du samedi 14 mai au 22 juillet, la municipalité va donc proposer une série d’événements, entre ateliers, conférences et parcours, pour mieux impliquer les habitants dans ce cycle et c’est pourquoi il est labelisé Pop, pour « projet ouvert au public », certification créée à l’issue des états généraux de la démocratie locale, en décembre dernier. « Il y a une urgence impérieuse à agir sur l’aménagement du territoire, commente Jimmy Bâabâa, adjoint à la transition écologique, et deux chiffres devraient nous alarmer, à l’échelle locale, une augmentation de la température moyenne de 2° sur le dernier siècle et un débit des cours et sources d’eau en baisse de 40% sur la dernière décennie. et c’est pourquoi nous avons choisi de traiter le thème de la ville perméable. Et l’on fait le pari de la participation pour faciliter les passages à l’acte sur l’espace public et pour que les habitants deviennent moteurs de cette démarche ».

L’affiche de cycle « ville perméable »

Ce cycle se déclinera en quatre phases : des balades urbaines de découverte, le débat d’idées sur la nature en ville, le rôle et la place de l’agriculture urbaine, la gestion des risques, la désimperméabilisation de la ville… La troisième étape sera celle de l’action avec ses chantiers participatifs et enfin le bilan et retour d’expérience. Tout ceci devra conduire à des transformations concrètes alors que la ville a déjà bûché sur le repérage des fuites dans les bâtiments communaux, sur la rénovation des cours d’école (6 durant l’été 2021, deux à venir cet été), sur la gestion durable des espaces verts et le renforcement de la protection du patrimoine arboricole. « La ville a un rapport particulier avec l’eau, relance Jimmy Bâabâa, beaucoup d’activités dépendent de sa présence, il est donc nécessaire de gérer cette ressource de manière collective ».

Mercredi 18 mai, au cœur de la semaine de la nature en ville, se tiendra une conférence « ville perméable », salle Jean-Renoir, animée par le CAUE 73 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement). Elle expliquera les enjeux de la gestion des eaux pluviales urbaines, le pourquoi de la nécessité de désimperméabiliser les sols. Les actions de la ville à cet effet seront également dévoilées. Plus d’informations sur le site chambéry.fr.

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