Comme chacun a repris le chemin de la rentrée, Marina Ferrari, elle, a démarré plus tôt sa toute nouvelle page de vie de parlementaire avec les premières sessions à l’Assemblée Nationale. Membre, comme elle l’espérait, de la commission des finances de l’hémicycle, et archi-occupée, l’Aixoise détaille en quoi consiste la nouvelle fonction qu’elle occupe, pour plus de clarté sur ce que fait un député.
Sa victoire aux législatives de juin dernier ne lui a pas pour autant fait perdre le sens des réalités : Marina Ferrari a tout de suite pris acte des responsabilités qui incombaient à sa fonction et n’a pas perdu le rythme. Assez vite, il a fallu aller sur place, faire sa rentrée officielle, rencontrer ses collègues et le Président de la République avant d’élire la présidente de l’Assemblée. Très tôt, il a fallu réorganiser sa vie quotidienne, trouver un lieu où rester les jours de séances et un équilibre vie publique/vie privée, embaucher deux assistants parlementaires, un à Paris, l’autre à Aix-les-Bains, trouver un local pour y installer une permanence. Tout cela sans perdre de vue l’agenda législatif qui s’annonçait, déjà, très dense.
Premières impressions…
Arriver à l’Assemblée Nationale et voir les huissiers en costume, la garde républicaine, devoir prendre la parole sans avoir la voix chevrotante, tout cela oui, a impressionné Marina Ferrari. Mais autour des nouveaux députés, gravitent les anciens, ouverts aux nouveaux et prêts à prêter main forte ainsi que le personnel de l’Assemblée Nationale aux petits soins « quelle que soit la couleur politique des nouveaux arrivants. » Très vite, les réflexes arrivent et bien sûr, le travail aussi. « La session de rentrée a démarré sur un rythme soutenu, expose la députée aixoise, c’est normal que l’on travaille beaucoup, mais il faut reconnaître que démarrer la journée à 9h et la finir à 6h30 du matin, on peut accuser un petit coup de fatigue vers 3h du matin. » En effet, c’est sportif. Parallèlement à cela, l’ambiance est aussi une autre forme de sport, entre groupes politiques notamment. « Je ne m’attendais pas à ça, reste encore surprise Marina Ferrari, il y a une forme de cirque ambiant alors que nous représentons nos concitoyens au plus haut niveau. Je m’attendais à plus de respect, à davantage d’exemplarité. Parfois, on se retrouve dans une cour d’école. Jusqu’à maintenant j’étais observatrice, mais là je pense que je vais commencer à cogner. » expose-t-elle, elle qui est tant encline, eu égard à sa formation politique, à dialoguer « Je suis partisane de l’ouverture du dialogue, de l’écoute, reprend-elle, mais là, il y a un flot de procès d’intention, d’attaques personnelles, je pense qu’il faut savoir se mettre en action et arrêter de lancer des amendements qui n’ont rien à voir avec le texte, on a du pain sur la planche. »
« Faire la loi n’est pas évident pour tous »
La tâche est donc assez large et la première fonction du député, est de « faire la loi », lui que l’on nomme communément « le législateur ». Tâche délicate par ailleurs, car la loi s’applique non pas à un territoire donné mais à l’ensemble du territoire national. « Faire la loi n’est pas évident pour tous, car on arrive avec notre vécu, notre éducation, nos réflexes politiques et notre appartenance au territoire, reconnaît Marina Ferrari, c’est parfois compliqué de changer d’échelle, de repositionner les enjeux. » D’autant qu’il n’est pas obligatoire de légiférer sur « tout ». « Il y a des choses qui existent déjà, d’une part, et même si on a envie de légiférer sur tout, on peut gouverner sans faire de loi. » Sans compter que tous dans l’hémicycle n’ont pas forcément de formation en droit public et droit constitutionnel, contrairement à l’élue aixoise qui a rencontré sur son chemin le droit public, le droit de la défense, mais aussi le droit européen et de la défense, ainsi que le droit du travail eu égard à sa vie professionnelle dans les ressources humaines. « Ça facilite la compréhension et les explications d’avoir un background législatif, expose-t-elle, mais ce n’est pas obligatoire. » Autre rôle du député pour lequel une bonne concentration est nécessaire : le vote du budget. Car les parlementaires construisent le budget de l’Etat et de la Sécurité Sociale, ni plus ni moins. Là encore, Marina Ferrari tire son épingle du jeu, même si le rôle d’adjointe aux finances n’est pas comparable avec ce qui lui revient d’exécuter aujourd’hui, alors qu’elle a intégré la commission des finances de l’Assemblée en qualité de co-rapporteur avec Joël Giraud, des relations avec les collectivités territoriales. « Je vais apprendre plein de choses, s’enthousiasme-t-elle, consciente néanmoins que les journées (et nuits) seront longues. Le budget de l’Etat et de la Sécurité sociale, c’est important car si l’Etat donne le cadre général, le Parlement donne les moyens financiers au gouvernement pour mener sa politique économique, sans créer de nouvelles charges. »
« On attend du député qu’il soit à la fois à Paris dans l’hémicycle et en circonscription, c’est une gymnastique »
L’une des autres fonctions des députés est également de contrôler l’action de l’Etat, grâce aux différentes commissions d’enquêtes de l’Assemblée Nationale. « En général, le Parlement peut se saisir de commissions d’enquêtes, expose Marina Ferrari, mais il existe également l’évaluation de la politique publique de l’Etat, à l’instar de la commission des finances, où l’on va observer ce qui a été fait les années précédentes et apporter des pistes correctives pour les années à venir. Ce n’est pas figé. » L’élue aixoise a également intégré la fameuse commission parlementaire sur « les super profits » en plus de la commission des finances, mais comme à son habitude, elle souhaite le faire « à fond » , pour tout comprendre, avoir en main toutes les cartes afin de rendre la copie la plus juste. Ce qu’elle souligne par ailleurs est l’attente des électeurs, des habitants de la circonscription et l’ensemble des habitants du territoire qu’elle représente : qu’elle soit sur place pour répondre à leurs questions et qu’elle soit présente à Paris, sur les bancs de l’hémicycle. « Je pense qu’il faut expliquer aux gens que le député est un élu national, et bien qu’il joue sur la scène locale, un rôle de » courroie de transmission « entre le national et le local, qu’il remonte les cas de figure du territoire à la capitale, il n’a pas la même fonction qu’un maire ou qu’un conseiller départemental, explique Marina Ferrari, il est très important de rester ancré sur le territoire, parce que notre fonction est de légiférer sur des aspects qui impactent nos concitoyens au quotidien, mais nous ne sommes pas des sortes de » super maire « ou » super conseiller départemental «. On attend du député qu’il soit à la fois présent dans l’hémicycle et en circonscription, c’est une gymnastique ! » Une gymnastique à laquelle elle se plie déjà de bonne grâce, à regarder son activité de plus près : jeudi soir à la mairie d’Entrelacs, Marina Ferrari était présente à l’Assemblée générale de l’ADMR (le réseau associatif de service à la personne, NDLR) de l’Albanais savoyard, après s’être rendue le matin même à la Chapelle-du-Mont-du-Chat, alors qu’elle était mardi 6 septembre au Bourget-du-Lac et à Saint-Jean-Le-Chevelu…
Les mois à venir s’annonçant chargés en votes et en commissions à l’Assemblée, la députée aixoise sait déjà qu’il sera difficile de se couper en deux. « On parle souvent de l’absentéisme des députés, celui-ci s’explique bien souvent par la présence de ces élus en circonscription, on ne peut pas être aux deux endroits en même temps. » sourit-elle, « si l’on est toujours à l’Assemblée, on est sûr de ne pas être sur le terrain. » Pour l’aider dans sa tâche au local, Marina Ferrari s’est entourée de Karine Paccolin, avec laquelle elle travaillait précédemment en mairie. « Le travail de l’assistant parlementaire est très lié à la façon de travailler du député » commente-t-elle, alors qu’elle vient de prendre ses fonctions, le 1er septembre, après quelques temps de réflexion. « je suis ravie de travailler de nouveau avec Marina Ferrari, c’est un challenge, c’est intéressant de changer de missions, d’évoluer. C’est une expérience très enrichissante. » Déjà au fait du jargon administratif, de la sphère publique et de la collectivité, Karine Paccolin est donc l’assistante parlementaire rêvée pour seconder la députée Marina Ferrari, pour recevoir les habitants, leurs courriers, gérer l’agenda et la comptabilité, afin de faire remonter les problèmes de la circonscription à la députée, quand celle-ci est du côté de l’hémicycle. Bientôt, les deux femmes iront ensemble à l’Assemblée, pour découvrir ce monde nouveau pour toutes les deux de l’intérieur, et comprendre encore davantage l’étendue de leurs tâches communes et respectives.
Une actualité riche pour les mois à venir
La crise de l’énergie
Vu l’actualité riche en défis tant sociaux qu’énergétiques, l’emploi du temps des parlementaires risque fort d’être chargé pour ces prochains mois. C’est ce qu’exposait en conférence de presse Marina Ferrari, ce 7 septembre à Aix-les-Bains, balayant certains sujets brûlants. « Il y a un gros travail sur l’énergie, car le budget énergie augmente fortement, il faut s’y pencher et travailler en profondeur, surtout dans notre région qui a souffert de la fermeture des remontées mécaniques, aujourd’hui, certains hôteliers envisagent de fermer, compte tenu des augmentations des dépenses d’énergie. La plupart des parlementaires savoyards travaillent sur la question. Le coût de l’énergie est lié à la crise ukrainienne, il est sage de préparer les choses, d’autant que les indicateurs économiques sont bons. Nous avons les capacités de passer cette crise, d’accompagner les entreprises, avec pourquoi pas l’utilisation de la modulation du temps de travail. L’objectif est de redresser l’économie, et pour ce faire, nous tablons sur le plein emploi. »
Le Lyon-Turin
Grosse actualité également sur le Lyon-Turin qui est actuellement dans le viseur de la Commission Européenne et pas franchement avec le sourire. « La commission n’est pas contente car le chantier prend du retard et s’il ne se passe pas quelque chose rapidement, la France risque de perdre les financements européens » détaille Marina Ferrari, « Le problème reste la question des accès au tunnel et le point essentiel du fret qui changerait la mobilité du quotidien. Il y a un consensus des collectivités territoriales, tous sont alignés pour que la question soit tranchée d’ici la fin 2022. Tous les parlementaires savoyards sont d’accord sauf un. Cette forme d’activisme m’étonne d’ailleurs car ce n’est pas le rôle d’un parlementaire de bloquer des camions en Maurienne. Nous ne sommes pas là pour semer le désordre. »
Les « super-profits »
Marina Ferrari a intégré la mission volontaire « flash » dite « des super profits », et fait partie de l’audition publique. « Je vais rester dans ma position de centriste, je veux avoir une vision complète, étayée, et une bonne compréhension du sujet : comment et où ces super-profits ont été réalisés ? Des impôts ont-ils été payés et si oui où et pour quels montants ? Comment ces profits ont été utilisés, comment les actionnaires ont été rémunérés, notamment les petits porteurs ? Comment ont-ils été investis et où ? Combien d’emplois ont été créés et détruits ? Il y aura d’abord l’audition des industries pétrolières et gazières mais aussi peut-être d’autres entreprises. Le gouvernement a mis la pression et Total a déjà déposé 500 Millions d’euros sur la table, la CMA et CGM commencent à jouer le jeu. Intellectuellement je ne m’oppose pas mais j’ai besoin d’abord de voir les tenants et les aboutissants, il faut faire œuvre de pédagogie. »
Le conseil national de la refondation
« Je vois cela comme un symbole dans ce temps politique où la guerre est à nos portes, il est temps de repenser les grands enjeux de demain. C’est une instance de dialogue, et ne pas y aller, refuser ce dialogue est une forme de couardise il me semble. C’est déplorable et ce n’est pas ce que les français attendent de nous. Les associations d’élus ont dit qu’elles iraient mais trois syndicats sur l’ensemble ont refusé tout comme l’opposition. Je salue la position des collectivités françaises, car la politique de la chaise vide n’a jamais conduit à rien. François Bayrou qui en occupe la présidence a d’ailleurs » appelé à la sagesse de tous. « La position du président du Sénat est vieille école, il n’a pas compris que les gens doivent être associés aux décisions. Le conseil national de la refondation n’a pas pour vocation de déposséder le législateur ! »
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