« Ma démission du conseil de Challes-les-Eaux est la conséquence de divergences avec le maire »

Sans tristesse apparente ni trémolos dans la voix, Julien Donzel a livré son ressenti sur une démission qu’il avait lui même actée le 24 février en lisant au conseil municipal une lettre explicative. Il avait promis, à cet instant, qu’il irait au bout des engagements culturels qu’il avait lui-même pris. Vendredi 31 mars, la performance d’Alex Jaffray a été le dernier tour de piste de l’élu jusqu’ici affecté à la culture, à l’animation et au devoir de mémoire.

Face à la fermeture des thermes, « Challes est resté en retrait »

Depuis le 1er avril, Julien Donzel n’est plus conseiller municipal. « Ce n’était pas une décision facile à prendre » mais le 16 février, lorsque le sort des thermes s’est joué, il a tranché. « D’aucuns auraient pu comprendre qu’en ma qualité de 1er adjoint, j’aurais eu la primeur de l’information, qu’une réunion d’urgence aurait été organisée, que nos grands élus auraient été rapidement sollicités par madame le maire » … Il n’en sera rien. « J’ai appris l’information par hasard, par un échange de mail avec une curiste » , souffle-t-il. Comme une ritournelle de printemps, le 20 février, la rumeur de la fermeture se répand en ville « et madame le maire n’a pas pris soin de m’avertir. En fait, comme d’habitude, madame le maire a joué sa partie en solitaire et elle n’est pas là pour sauver le thermalisme mais pour aider à fermer la porte à 150 ans de notre histoire ». Dans cette longue introduction, il prendra soin de ne jamais prononcer le nom de Josette Remy (il ne le fera qu’une fois, NDLR). Julien Donzel a regretté que Challes ait été la seule collectivité « restée en retrait » alors que les élus savoyards s’étaient massivement mobilisés, d’Emilie Bonnivard à Hervé Gaymard, eux-mêmes informés par voie de presse ou par communication avec des curistes, à leur grand désarroi.

La fermeture des thermes n’est que l’énième symptôme d’un processus de fermeture des services publics, rappelle l’ancien élu, qu’il s’agisse de la Poste, fermée en 2019, de l’Office de tourisme, en 2021, de la Trésorerie municipale en 2022… « Ces fermetures successives sont le symbole du déclassement des communes périphériques face auxquelles madame le maire n’a jamais protesté. Une fois de plus, avec la fermeture des thermes, Josette Remy a simplement commenté l’actualité et pris le parti de la Chaîne thermale du soleil, sans se battre pour le maintien du thermalisme ». Il apparaît que l’Etablissement public foncier local (EPFL), où Josette Remy est employée en qualité de directrice du pôle Action foncière, se serait porté acquéreur du foncier, « une annonce allant de ce sens ayant été faite lors d’un conseil municipal de Saint-Jeoire-Prieuré, à des élus, le 27 février dernier. Les conseillers municipaux de Challes-les-Eaux ont-ils été informés ? A aucun moment jusqu’au 20 mars où le portage du dossier EPFL a été évoqué en 2 lignes en réunion de municipalité ». A noter que le maire de Saint-Jeoire-Prieuré, Jean-Marc Léoutre, est également président de l’EPFL…

Une démission sans regrets

« Ma démission marque mon désaccord face à cette passivité et mon attachement à l’identité de notre ville. J’avais envoyé, dès le 22 février, un courriel à tous les élus donnant des pistes sur d’éventuelles actions à mettre en œuvre en faveur des thermes. Résultat, aucune réponse de madame le maire ». Mais ce n’était pas tout : « Ma démission est également et surtout la conséquence de divergences profondes avec madame le maire sur ses méthodes de travail ». Ici, Julien Donzel faisait mention de réunions de municipalité « vides de sens, aux comptes-rendus incompréhensibles » , qui « avalisent seulement les décisions de madame le maire et de quelques-uns. D’ailleurs, poursuit-il, je m’interroge sur leur intérêt car les décisions sont prises par une poignée d’élus le samedi matin, en n’apportant aucune contradiction ni bémol sur les projets menés ». Il cite aussi « des décisions prises sans concertation avec les élus concernés » , des élus non conviés à des réunions, non concertés sur des études qui relèvent pourtant de leurs délégations, lui-même se disant victime de ces méthodes lorsqu’il explique ne pas avoir été informé de « l’aménagement du Carré des Sources pour les animations estivales ». Par deux fois, ces trois dernières années, Julien Donzel s’est opposé à une délibération, « le vote d’une augmentation des taux de 17,02 à 19,5%, soit une hausse supérieure à 10%, en février 2021 et celui portant sur la vente des ateliers municipaux du chemin Saint-Vincent, pour 1,4 million d’euros afin de laisser place à un projet immobilier de 110 logements ». En conséquence de quoi, « l’achat de nouveaux ateliers municipaux a été actée quelques mois plus tard pour 1,8 million d’euros, à quoi vous ajoutez environ 200 000 euros de travaux ».

Il regrette également l’absence de programmation pluriannuelle d’investissements à mi-mandat, « qui devait nous guider financièrement dans nos projets jusqu’en 2026″, l’absence de la plupart des élus lors des spectacles majeurs de l’espace Bellevarde sur les trois dernières années, un » désintérêt flagrant vis-à-vis de la culture, l’animation et le devoir de mémoire « (ses délégations), un développement de la ville qu’il juge » sans cohésion et plus grave, sans concertation« , une gestion de la commune » plus bureaucratique qu’humaine où le citoyen est rarement écouté« … Sa démission a été réfléchie, » mon mandat est devenu plus une contrainte qu’un plaisir« , elle est actée aujourd’hui. » Je quitte le conseil avec beaucoup de déception et d’amertume mais aucun regret« . Avec la satisfaction d’avoir reçu de nombreuses marques de soutien. » Ma démission a été comprise par certains, qui m’ont demandé des explications«. Certains, pas tous.

Enfin, une image restera et symbolisera, pour lui, le mandat de Josette Remy, « sa présence à la réunion sur l’avenir des thermes au château des Comtes de Challes. Au fond, sans avoir remercié les organisateurs, sans un mot… Or, un élu se doit d’être à portée d’engueulades ». Julien Donzel se met désormais hors de portée de ces engueulades et de ces incompréhensions, et se dit  tourné vers d’autres projets. A Challes, malgré tout, la vie continue.