C’est au travers d’un communiqué envoyé à l’ensemble des élus communautaires que le président de Grand Chambéry a annoncé son intention de quitter ses fonctions, tout en précisant demeurer au sein du conseil. Une chose est sûre, sa présidence n’aura pas été de tout repos.
Dans un courrier adressé aux élus de l’agglomération Grand Chambéry, Philippe Gamen annonce son intention, envisagée depuis plusieurs mois, d’en quitter la présidence, comme nous le révélions samedi 2 septembre. C’est désormais officiel. Il a mis en avant son état de santé pour justifier une telle décision. « Il s’agit d’un poste très exigeant qui demande d’être au maximum de ses capacités en permanence. Je dois aujourd’hui reconnaître que cet engagement au quotidien a eu des conséquences sur mon état de santé, ce qui ne me permet plus d’assurer pleinement et dans les meilleures conditions le mandat qui m’a été confié » , écrit-il. « Je souhaite désormais, en responsabilité, pouvoir transmettre le relais à un autre élu pour assurer la deuxième partie du mandat ». Il souligne avoir transmis sa lettre de démission au Préfet de Savoie qui doit la valider avant de « décider de la date précise de fin de ma mission ».
Après les remerciements d’usage à l’intention de tous les élus qui l’ont accompagné durant ces trois années, il conclut : « Je quitterai ce poste avec le sentiment du devoir accompli puisque toutes les délibérations que j’ai pu proposer depuis juillet 2020 ont été approuvées par le conseil communautaire ». Philippe Gamen rappelle, enfin, qu’il siégera toujours au sein du conseil.
Présidence « rassurante »
Tout avait pourtant bien commencé pour le maire du Noyer, dans les Bauges : élu face à Aurélie Le Meur d’une courte tête, il symbolisait à la fois la ruralité et la voix des petites communes dans un univers très urbain de près de 150 000 habitants. « Je me voyais un peu comme l’homme de la situation, capable de faire le lien entre le monde rural – les Bauges – et l’agglomération chambérienne » , nous confiait-il en octobre 2021. D’emblée, il se sent en mesure de rassembler : « Je me suis dit ‘je sais faire’. En tant que président du parc des Bauges, où il y a aussi plusieurs sensibilités politiques, je connais cette situation. Bon, oui, l’aspect politique y est moins prégnant et je savais qu’il allait falloir composer. Ma première décision avait, du reste, été d’ouvrir l’exécutif à mes opposants, une décision forte car les places y sont limitées ». Seulement, il reconnaissait ne pas être un professionnel de la politique, et la suite lui donnera raison. « Faire de la politique n’est pas dans mon ADN » , avouait-il mais l’attrait de la nouveauté était plus fort et Corinne Wolff, au soir de son élection, parla même de « présidence rassurante ». Souvent attaqué, Philippe Gamen entretenait des relations distantes avec la ville centre, Chambéry, dont la majorité, pour la 1re fois depuis la création de l’agglomération, ne faisait pas partie de la majorité communautaire. Peu à peu, les rapports se détérioreront jusqu’à la rupture : « J’ai subi des attaques en règle, les accords d’équilibre fixés par le pacte de gouvernance volaient en éclat. Il a été virulent en tête-à-tête ». « Il », c’est Thierry Repentin avec qui l’affrontement a été constant. « Il ne me reconnait toujours pas » , assurait-il.
Rupture en mai
En mai dernier, la rupture fut consommée sur la question du versement mobilité, au sujet d’un engagement pris, non respecté. « Je ne suis pas fier, a admis Philippe Gamen, après de multiples remarques réprobatrices des élus communautaires, j’assume, c’est idiot, je suis d’accord. Ce sujet est politisé, on m’a entraîné vers cela alors que je n’aime pas ça ». Il se défendit assez maladroitement en rappelant que le budget avait été désapprouvé par 29 élus alors que tous avaient promis de le valider en échange de la mise à l’ordre du jour de l’amendement sur le versement transport. « Il y a eu un vote à bulletins secrets. Résultat, 29 bulletins défavorables à ce budget. Je ne sais pas s’il y a eu une consigne de donnée, l’engagement a été à moitié tenu, j’ai donc tenu à moitié le mien. Je le dis, je ne suis pas fier, j’assume. Je veux être honnête avec vous […] Ce sujet est politisé, ça ne me plaît pas, ce n’est pas dans ma nature et je veux changer les choses ». Déjà, il affichait tout haut sa lassitude. « Je veux bien porter beaucoup de choses en tant que président. Je fais confiance à mes vice-présidents et là, je commence à avoir de sérieux doutes ». Le ver était dans le fruit et la question de sa démission commençait à circuler dans les couloirs de l’agglo. 4 mois plus tard, elle est effective.
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2 commentaires
BLANC G
05/09/2023 à 13:57
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Didier F
07/09/2023 à 12:00
Il faut un président (e) qui a une vision , une expérience pour l agglomération car c'est un poste très compliqué
Les raisons de sa démission confirment qu'une telle présidence est épuisante. Cette présidence nécessite donc à la fois une personnalité disponible à 100%, donc sans cumul de mandat exécutif (mairie, conseil départemental ou autre) et capable de co-construire un pacte de gouvernance partagé avec les différentes sensibilités. Et pourquoi pas une femme, pour une fois ? En attendant l'élection au suffrage universel direct, pour mettre fin à cette anomalie démocratique actuelle !