Municipales 2026 : Julien Donzel dans la danse

Existe-il un bon ou mauvais moment pour se lancer dans une aventure aussi dense et hasardeuse qu’une campagne politique, municipale de surcroît ? Sans doute puisque se déclarer tôt réduit les risques de voir d’autres listes au menu. Trop tôt, cela reviendrait à se voir reprocher une certaine impréparation. En définitive, tout est question de dosage, se porter candidat est un savant équilibre et cet équilibre-là, Julien Donzel semble l’avoir trouvé. Parce qu’au fait de ce qu’est la vie municipale challésienne.

« La liste unique de 2020 laissait présager le meilleur… »

Le château des Comtes de Challes se parait de blanc, samedi 15 mars, tandis que la centaine de personnes se massait dans la salle. La majesté du cadre tranchait avec le long déclin d’une cité désormais coupée de sa matière première et nourricière, le thermalisme.

Deux ans après le choc d’une déflagration sans précédent, la vie challésienne avait repris au gré des soubresauts. Il y eut un avant, il y a un après ; la fermeture des thermes de Challes-les-Eaux, fleuron touristique du lieu, a provoqué une telle vague d’indignation en même temps qu’un océan de fantasmes que gérer les affaires courantes est devenu une gageure pour Josette Rémy, contestée, jusque dans sa propre équipe – plurielle – puisque depuis lors, les départs se sont succédés et les collectifs citoyens ont fleuri. Ainsi, « les échos de Challes » et « Pour Challes-les-Eaux » ont vu le jour et la grogne, elle, est devenue palpable.

Si en 2020, la liste unique, portée par l’actuelle maire, surfait sur la promesse d’une synthèse, cette promesse se sera évaporée au fil des mois, ce que confessait Maurice Meunier, à l’initiative du collectif « Pour Challes-les-Eaux », regroupant des anciens élus, et lui-même ancien adjoint au maire de Chambéry et élu d’opposition à Challes : « J’avais poussé à l’époque pour la création d’une liste commune, je fais mon mea culpa » , soupira-t-il en introduction. Julien Donzel en était, installé en outre au poste de 1er adjoint, et il y avait cru : « La liste unique laissait présager le meilleur : une équipe diverse, avec des profils différents en principe ouverts aux débats et aux échanges contradictoires ». L’abstention, de l’ordre de 75% à l’époque (nous étions en début de confinement), aurait dû nourrir la nécessité de parler à tous les Challésiens « mais au contraire, la décision s’est resserrée autour de quelques-uns, triés sur le volet ». Trois ans plus tard, il jettera l’éponge, « sans regrets mais avec beaucoup d’amertume » après qu’il a appris la fermeture des thermes « par pur hasard » , au détour d’une conversation en ligne avec une curiste. Deux autres élues lui embraieront le pas.

Ecarté de ce qu’il appelle « les décisions » , en dépit de son statut d’adjoint, peu convaincu par la communication qu’il juge défaillante de cette même équipe municipale, agacé par « le mépris » ressenti par les administrés, Julien Donzel claquera la porte après 15 ans de mandats, sans tenir compte d’une petite musique lancinante, celle de son retour prochain, à l’horizon 2026, fredonnée par les gens autour de lui. « Je voulais tirer un trait, faire autre chose même si la question m’avait été posée. Cette décision de me présenter, je l’ai prise il y a quelques semaines. J’ai questionné mon entourage, on m’a dit que j’avais l’expertise, qu’il fallait que je lance quelque chose ». Autant dire que de l’avis général, cette annonce n’a surpris personne tant il avait été de tous les combats, depuis 2023 et même avant, dénonçant les abus ou les insuffisances.

Une direction en trois axes

Le voici donc engagé dans une campagne d’une année, articulée autour de trois axes : la préservation d’un cadre de vie durable, une politique touristique volontariste tournée vers l’identité locale et le maintien d’une gestion financière saine. « Je reste convaincu, poursuit-il, qu’un programme à la fois ambitieux et pragmatique est indispensable. J’appelle donc tous ceux qui souhaitent un changement dans la gestion municipale et ce, quelles que soient les opinions et les sensibilités, à se joindre à nous pour proposer un projet d’alternance cohérent ». Autour d’un maire représentant ce fameux « premier recours et dernier espoir des citoyens » , tel que l’avait décrit André Laignel, maire d’Issoudun et 1er vice-président de l’association des maires de France.

Premier recours, dernier espoir et toujours à portée de baffes, comme l’avait, quant à lui, synthétisé Dominique Dord, ancien député – maire d’Aix-les-Bains, un soir de réunion publique. Mais 15 ans de mandat, ça vous tanne le cuir.

Reste à savoir quel sera le moment choisi par madame le maire, Josette Rémy, pour réagir à une candidature que l’on ne peut plus, prescription oblige, qualifier de dissidente. La course est désormais lancée.